/ 1194
145. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

La Fontaine s’est rangé parmi les dramatiques : il appelle ses fables Une ample comédie à cent actes divers. Le dramatique était son tour d’esprit. […] Pour les grands auteurs dramatiques, on n’est pas d’aussi bonne composition ; on ne se rend pas après Corneille, Racine, Molière ; on a imaginé des théories qui permettent de faire mieux, ou tout au moins de tenter autre chose. […] C’est par la forme dramatique que La Fontaine plaît si universellement. […] La forme dramatique n’est pas la seule dont se serve La Fontaine.

146. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Corneille avait bien vu le péril d’un sujet, si dramatique dans le récit de l’historien, mais si rebelle, en effet, à la forme dramatique. […] Les raisonnements de Démosthène courent d’une vive et dramatique allure, et se précipitent à leur conclusion, comme l’action d’Œdipe-roi marche à son dénouement.

147. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Coppée ne fût pas apprécié à sa valeur comme poète dramatique. […] Auteur dramatique, M.  […] Non seulement il nous donne à nous, ses contemporains, un plaisir dramatique que nous ne connaîtrions plus sans lui, mais il est certain que la postérité prêtera grande attention à la part de son œuvre oh ce parnassien a continué le mouvement romantique.

148. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Mais, dans le second des deux présents volumes, il a réuni tout ce qui se rapporte à la tentative si brillante et si dramatique qui se fit à Paris en 1827-1828, et qui mit en jeu devant nous le théâtre de Shakspeare, de Rowe, d’Otway. […] Une ravissante actrice, miss Smithson, apportait et confondait, pour nous séduire, sa jeunesse, son talent, sa grâce idéale, et le charme de toutes ces beautés dramatiques si neuves qu’elle interprétait à nos eux pour la première fois. […] Cela s’est vu surtout lorsqu’il a eu à parler, en ces derniers temps, de certaines représentations dramatiques, et, en général, dans ce qu’il a écrit sur les œuvres de l’école poétique moderne depuis 1830. […] Ainsi fait, par exemple, dans son cours de Littérature dramatique, le grand critique Guillaume Schlegel, exclusif et majestueux. […] Malgré tout, je l’avouerai, j’en veux un peu à nos auteurs dramatiques de la moderne école ; ils ont poussé en avant les critiques et ne les ont pas suivis ; ils se sont comportés comme les chefs d’une armée feraient avec le corps du génie, en lui disant : « Nous voulons passer là, il nous faut une route. » Les critiques se sont mis à l’œuvre hardiment, sous le feu ; il fallait passer jusqu’au travers de l’ancien théâtre, qui barrait et offusquait.

149. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Beaumarchais avait sur la musique dramatique des idées fausses : il croyait qu’on ne pourrait commencer à l’employer sérieusement au théâtre que « quand on sentirait bien qu’on ne doit y chanter que pour parler ». […] L’œuvre dramatique de Beaumarchais se compose uniquement de deux pièces, Le Barbier et Le Mariage de Figaro ; le reste est si fort au-dessous de lui qu’il n’en faudrait même point parler pour son honneur. […] Mais n’anticipons point sur les ressorts et ficelles de Figaro, remarquons seulement que le succès du Barbier de Séville fut l’origine d’une grande réforme dans les rapports des auteurs dramatiques et des comédiens. […] Bref, il parvint le premier à bien établir ce que c’est que la propriété en matière d’œuvre dramatique, à la faire reconnaître et respecter. La Société des auteurs dramatiques, constituée de nos jours, ne devrait jamais s’assembler sans saluer le buste de Beaumarchais.

150. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Dans cette dernière composition, la progression dramatique est plus facile à saisir. […] Je ne conçois pas un poème dramatique dont Toussaint est le héros sans l’incendie du Cap. […] Le style dramatique et le style lyrique obéissent à des lois diverses. […] Hugo, pour qu’un tel personnage lui ait paru digne de la poésie dramatique. […] Hugo ne craint pas d’appeler du nom de poème dramatique.

151. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je vois avec plaisir que vous ne croyez pas qu’un système dramatique quelconque soit capable de créer des têtes comme celles de Molière ou de Racine. […] Les vers anglais ou italiens peuvent tout dire, et ne font pas obstacle aux beautés dramatiques. […] Jamais de combats sur la scène, jamais d’exécutions ; ces choses sont épiques et non dramatiques. […] La pensée ou le sentiment doivent avant tout être énoncés avec clarté dans le genre dramatique, en cela l’opposé du poème épique. […] Dès l’instant qu’il y a concession apparente au public, il n’y a plus de personnages dramatiques.

152. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

même, qu’ils prennent les Maîtres Chanteurs, une fantaisie dramatique, œuvre de récréation et d’enchantement ! […] Il se trouva en contact avec une situation dramatique qui, du moins, ne contenait point cette frivolité, tant haïe, et qui, aussi, par le triomphe de la fidélité féminine, répondait bien au dogme principal du Maître sur l’Humanité. […] Et toute l’action dramatique que tient le livret de l’opéra Léonore, qu’est-elle, sinon une répétition affaiblie du Drame vécu dans l’Ouverture, quelque chose pareille à l’interminable commentaire explicatif d’un Gervinus sur une scène de Shakespeare ? […]   Tous les auteurs dramatiques ont, souvent sans une pleine conscience, compris ainsi le drame ; mais, au-dessus de tous, le plus extraordinaire, Shakespeare, qui n’a aucune ressemblante à ses devanciers, et qui nous donne, non le drame poétique ou une œuvre d’art, mais la représentation immédiate du monde. […] Mais nous savons que jamais les vers d’un poète, pas même de Schiller et de Goethe, ne pourraient donner à la musique cette précision qu’elle demande ; seul peut la donner le Drame, et non point, certes, le poème dramatique, mais le Drame se mouvant réellement devant nos yeux, l’image devenue visible, de la Musique, où les mots et les discours appartiennent, seulement, à l’Action, non point à la Pensée poétique.

153. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Edmond de Goncourt fut longtemps sous le coup du même reproche et soupçonné d’avoir, en une curiosité sacrilège, transcrit jusqu’aux dernières minutes la poignante agonie de son frère, ces symptômes dramatiques et terrifiants entre tous de la paralysie générale. […] Et les odeurs mêmes que nous mettons dans l’eau prennent, il nous semble, cette fade et nauséabonde odeur de cérat… Il nous faut nous arracher de l’hôpital et de ce qu’il laisse en vous, par quelque distraction violente. » 23 Cette réaction au contact de la réalité dolente, est surtout l’apanage des sincères, des vibrants, des profonds artistes… « Lorsqu’on est empoigné de cette façon, lorsqu’on sent ce dramatique vous remuer ainsi dans la tête, et les matériaux de votre œuvre vous faire si frissonnant, combien le petit succès du jour vous est inférieur, et comme ce n’est pas à cela que vous visez, mais bien à réaliser ce que vous avez perçu avec l’âme et les yeux. » 24 Ce dernier desideratum n’est plus du tout celui d’Hector Malot dont les procédés de documentation, évidemment du meilleur réalisme, s’accordent le plus joliment du monde avec un très avéré désir de publicité, de succès. […] Flaubert n’ignorait point les stigmates hystériques de Salambô ; ni de Goncourt que la crise dramatique où la « Faustin », ayant quitté son lit, en chemise, « au milieu de sa chambre, dans un rayon de lune, déclamait la tirade d’Hermione », avait nom somnambulisme naturel ; ni M.  […] Au point de vue dramatique, le personnage d’Hamlet est double, nettement et consciemment : il y a le « fol par raison d’État et de vengeance » 35 ; il y a le mélancolique et dolent.

/ 1194