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380. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Ou qu’il entrât en quelque ennui, Je serais ingrat envers lui ; Car alors que je m’en vais voir La beauté qui d’un doux pouvoir Le cœur si doucement me brûle. […] Et lorsqu’avec ton tablier63 gras Et ta quenouille entre les bras, Au bruit de ton tour tu t’égaies, Puisse-elle toujours de mes plaies Que j’ai pour elle dans le cœur, Apaiser la douce langueur ! […] Qui donc a fait ces doux vers ? […] l’heure où tu parus est à jamais bénie ; Sur notre front meurtri que ton baiser fut doux !

381. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

L’art n’y est pour rien, mais les premières et douces croyances font que j’adore leurs voiles raides doublés de rose et leurs immobiles couronnes de fleurs d’une batiste si ferme que tous les orages du monde n’en feraient pas bouger une feuille. — J’ai à vous faire le récit d’un cabinet de peinture où nous avons pénétré hier, chez le duc d’Aremberg. […] Son autre amitié également tendre, et celle-ci de toute la vie, c’était Mme Pauline Duchambge, auteur de douces mélodies que nos mères savaient par cœur et soupiraient du temps de l’impératrice Joséphine et depuis aux belles années de la Restauration. […] C’est cette sœur aînée qui avait appris à lire à la jeune Marceline tout enfant, et l’on trouve en maint passage des poésies un souvenir esquissé de sa douce figure. […] Jars, qu’elle connaissait depuis l’opéra-comique du Pot de fleurs, à qui elle ne s’était ouverte avec confiance que bien tard, et de qui elle disait en le perdant (avril 1857) : « Cette affection douce et innocente de M. 

382. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

La plus douce occupation du guerrier philosophe, au milieu de cette inaction prolongée qui le dévorait, était de s’entretenir avec le jeune Victor, de le prendre sur ses genoux, de lui lire Polybe en français, s’appesantissant à plaisir sur les ruses et les machines de guerre, de lui faire expliquer Tacite en latin ; car l’intelligence robuste de l’enfant mordait déjà à cette forte nourriture. […] À côté de ce souvenir sanglant et fatal, les Feuillantines lui en laissèrent d’autres plus doux. […] Il a consacré cette douleur de l’absence dans une pièce intitulée Premier Soupir ; une tristesse douce et fière y est empreinte. […] C’était au premier abord dans ces retraites mondaines quelque chose de doux, de parfumé, de caressant et d’enchanteur ; l’initiation se faisait dans la louange ; on était reconnu et salué poëte à je ne sais quel signe mystérieux, à je ne sais quel attouchement maçonnique ; et dès lors choyé, fêté, applaudi à en mourir.

383. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Mais à travers tout, ce qui importe le plus, l’homme est là pour nous guider et nous rappeler ; il reparaît en chaque ouvrage et dans les intervalles avec sa nature expressive et bienveillante, avec son esprit net, judicieux et fin, son tour affectueux et léger, sa morale perpétuelle, touchée à peine, cette philosophie aimable de tous les instants qui répand sa douce teinte sur des fortunes si différentes, et qui fait comme l’unité de sa vie. […] Liberté, royauté, aristocratie, démocratie, préjugés, raison, nouveauté, philosophie, tout se réunissait pour rendre nos jours heureux, et jamais réveil plus terrible ne fut précédé par un sommeil plus doux et par des songes plus séduisants. » Ainsi on ne se privait de rien en cet âge d’or rapide ; on était aisément prodigue de ce qu’on n’avait pas perdu encore ; on cumulait légèrement toutes les fleurs. […] Un des Essais nous le résume surtout et nous le rend dans sa physionomie habituelle et dans l’esprit qui ne cessait de l’animer ; c’est le morceau sur la Bienveillance  : « Il est une vertu, dit-il, la plus douce et la plus éclairée de toutes, un sentiment généreux plus actif que le devoir, plus universel que la bienfaisance, plus obligeant que la bonté… » Qu’on lise le reste de l’Essai, on l’y trouvera tout entier. […] C’était un spectacle touchant et inexprimable pour qui l’a pu surprendre, que cet entretien prudent, fin et doux, que ces vieillesses amies dont l’une allait être bien jeune encore, et dont aucune n’était lassée.

384. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

De pareilles affectations, vous le savez, ne sont pas dans mon âme. » La persécution de Bossuet contre le plus doux des disciples a entaché sa mémoire. […] Tout fit écho à cette douce voix d’un pontife législateur et poëte, qui venait instruire, consoler et charmer le monde. […] Il mourut en saint et en poëte, en se faisant lire, dans les cantiques sacrés, les hymnes les plus sublimes et les plus douces qui emportaient à la fois son âme et son imagination. […] De tous les grands hommes de ce grand siècle de Louis XIV, aucun n’a laissé une figure plus douce à regarder.

385. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

si tu veux la nuit douce, rends les Étoiles ! […] à tes Malices Leur cœur d’aube fleurit comme un doux cyclamen, Et sacrant leurs seize ans aux candeurs de calices, Le hautain contempteur des sordides hymens, Anteros aux yeux d’or cuivre de ses délices Le concombre inclément de leur vierge abdomen. […] La Cigogne du doux Tou-fou, Le Fou raillant la Grue au cou           Long de couleuvre. […] Princes, régnons, doux et divins.

386. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Je passai là quelques jours heureux dans les montagnes de Franche-Comté ; et ses parents encourageaient honorablement la liaison… Gibbon, qui n’avait point encore acquis cette laideur grotesque qui s’est développée depuis, et qui joignait déjà « l’esprit le plus brillant et le plus varié au plus doux et au plus égal de tous les caractères », prétend que Mlle Curchod se laissa sincèrement toucher ; il s’avança lui-même jusqu’à parler de mariage, et ce ne fut qu’après son retour en Angleterre qu’ayant vu un obstacle à cette union dans la volonté de son père, il y renonça. […] Il est resté deux semaines à Paris ; je l’ai eu tous les jours chez moi ; il était devenu doux, souple, humble, décent jusqu’à la pudeur. […] Rousseau pourtant a trouvé moyen d’être injuste envers ce doux pays, en même temps qu’il le peignait comme un cadre de paradis terrestre : Je dirais volontiers, a-t-il écrit dans une page célèbre des Confessions, à ceux qui ont du goût et qui sont sensibles : Allez à Vevey, visitez le pays, examinez les sites, promenez-vous sur le lac, et dites si la nature n’a pas fait ce beau pays pour une Julie, pour une Claire et pour un Saint-Preux ; mais ne les y cherchez pas. […] Necker, et dont vous ferez l’inscription : cet abri me sera plus doux que celui des peupliers qui couvrent la cendre de Rousseau.

387. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Je ne veux plus d’autre étude que celle qui peut rendre la société plus agréable, et le déclin de la vie plus doux. […] Il a souffert, il souffre : aveugle d’espérance, Il se traîne au tombeau de souffrance en souffrance ; Et la mort, de nos maux ce remède si doux, Lui semble un nouveau mal, le plus cruel de tous. […] puissent de doux ombrages. la défendre des rayons brûlants du soleil ! […] Le Père Sicard, parlant d’un petit temple situé au milieu des grottes de la Thébaïde, dit : « La voûte, les murailles, le dedans, le dehors, tout est peint, mais avec des couleurs si brillantes et si douces, qu’il faut les avoir vues pour le croire… » Au côté droit, on voit un homme debout, avec une canne de chaque main, appuyé sur un crocodile, et une fille auprès de lui, ayant une canne à la main.

388. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Le poëte a sa palette comme le peintre, ses nuances, ses passages, ses tons, il a son pinceau et son faire ; il est sec, il est dur, il est cru, il est tourmenté, il est fort, il est vigoureux, il est doux, il est harmonieux et facile. […] C’est un choix particulier d’expressions, une certaine distribution de syllabes longues ou brèves, dures ou douces, sourdes ou aiguës, légères ou pesantes, lentes ou rapides, plaintives ou gaies, un enchaînement de petites onomatopées analogues aux idées qu’on a et dont on est fortement occupé, aux sensations qu’on ressent et qu’on veut exciter, aux phénomènes dont on cherche à rendre les accidens, aux passions qu’on éprouve, et au cri animal qu’elles arracheraient, à la nature, au caractère, au mouvement des actions qu’on se propose de rendre, et cet art-là n’est pas plus de convention que les effets de l’arc-en-ciel ; il ne se prend point ; il ne se communique point ; il peut seulement se perfectionner. […] Si vous exagérez, vous serez éclatant, mais dur, mais cru : si vous restez en deçà, vous serez peut-être doux, moelleux, harmonieux, mais faible. […] On y voit le charme de la nature avec les incidens les plus doux ou les plus terribles de la vie.

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