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1280. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Il nous a donné une comédie qui est une sœur tout à fait digne des Comédiens, une comédie un peu née de l’épître, et qui continue avec honneur, en le rajeunissant par les sujets, ce genre de la Métromanie et du Méchant, toujours cher dans sa modération et son élégance à la scène française. […] Il a donné pour nœud à sa pièce le moment décisif où un jeune orateur politique, idolâtre de l’opinion, et arrivé au comble de la faveur populaire, se trouve tout d’un coup en demeure de choisir entre cette orageuse faveur et son devoir. […] Édouard, si généreux, si éloquent, et qu’on nous donne comme si puissant à la Chambre et sur son parti, n’a pas dès l’abord assez de clairvoyance. […] S’il était permis de donner pour l’avenir un conseil à un talent aussi habile et aussi fait que celui de M. […] Delavigne peut-on donner sans crainte un tel conseil ?

1281. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle n’a pas le sentiment de la nature : elle la voit quand elle veut regarder ; alors elle élabore ses perceptions en notions dont elle donne la formule intelligible : mais pour ce qui est de peindre, elle n’y peut arriver. Rapprochons-la de Chateaubriand : elle a compris la campagne romaine, elle nous dit clairement ce dont Chateaubriand nous donne la sensation intense637. […] Elle donne des explications un peu courtes. […] Et la foi, chez elle, donne satisfaction à la raison : Dieu est pour elle la lumière qui éclaire l’univers et la rend intelligible. Dieu donnait à son esprit l’infini de la science comme à son cœur l’infini de l’amour.

1282. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Plus grave encore est ce fait que, depuis une quinzaine d’années, la littérature française a certainement reçu plus qu’elle n’a donné. […] Lemaître avec une curiosité plus amusée, les efforts des jeunes qui donnaient presque tous les jours la formule de la littérature de demain ; pendant que M.  […] Son jugement — chose énorme en France — donne aux gens le droit d’estimer ce dont ils s’amusent. […] L’un, par le Théâtre Libre : M. de Curel, qui a donné quatre pièces d’une psychologie curieuse, parfois profonde, toujours originale975. […] L’Italie nous a donné son d’Annunzio : l’Intrus, l’Enfant de volupté, le Triomphe de la mort (1893-95).

1283. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

L’auteur du Mondain, on le voit, était d’accord avec lui-même, et donnait raison à ses vers. […] Il faut donner à son âme toutes les formes possibles. […] On peut donner des préférences, mais pourquoi des exclusions ? La nature nous a donné si peu de portes par où le plaisir et l’instruction peuvent entrer dans nos âmes ! […] Il en résulte chez elle deux ou trois élans de vérité, auxquels cet état de contrainte morale donne toute leur force.

1284. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

C’était le mercredi, 26 janvier 1831, qu’il devait faire son premier pas hors de ce cercle et dans le monde proprement dit ; il devait assister à un bal donné par lord Cowley, ambassadeur d’Angleterre. […] Aussitôt le traité signé, Bonaparte le fit appeler, et lui donna communication des dispositions qu’il renfermait, et desquelles il résultait qu’on sacrifiait Venise. […] Blanc eut beau se jeter à ses pieds, exprimer son désespoir, son besoin d’embrasser sa femme et ses enfants, le général parut impitoyable et donna ordre de le rembarquer et de le remmener à terre. […] Le maréchal continua de voir le jeune prince de temps en temps ; il lui donnait de bons conseils : le jeune prince, en plus d’un point, les aurait devancés. […] Le Hollandais, devant le puissant océan, son éternel ennemi, sait qu’il ne peut lutter avec avantage contre lui que par la patience ; qu’un travail momentané est insuffisant pour donner un résultat favorable, tandis qu’un combat de tous les moments finira par le faire triompher, et il souscrit à cette obligation sans en discuter les inconvénients.

1285. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

C’est dans cet intervalle qu’il trébuche et donne le spectacle plaisant de qui perd l’équilibre. […] Tandis qu’il s’expose chez nous à être tué par un adversaire plus adroit, il se donne lui-même la mort au Japon en s’ouvrant les entrailles. […] On les donne en exemple. […] Il n’est pas jusqu’à Gœthe, qui ne donne quelques signes d’aveuglement sur son propre génie. […] Il lui faut bien se différencier de tous les autres par quelque admiration singulière afin de se donner un prétexte de se préférer ; mais s’il demeurait dans son isolement, son suffrage solitaire n’aurait pas le pouvoir de soutenir la croyance qui le nourrit.

1286. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Une œuvre d’art peut donner des renseignements sur son producteur, des facultés de qui elle est l’image, sur ses admirateurs, du goût desquels elle est encore indicatrice. […] Or, l’œuvre d’un artiste nous donne directement une partie notable de ces phénomènes ; de plus elle est l’expression non seulement de ces apparences, mais de leurs conditions profondes, des facultés et des désirs qui en forment le fond. […] Entre des résultats de ce genre et ceux que doit nous présenter une étude vraiment approfondie, il existe toute la différence qui sépare les définitions usuelles, de celles que donne la géométrie ou toute autre science. […] Les exemples d’analyse générale que nous avons donnés, d’autres qui seront publiés ailleurs, montrent comment il n’est pas actuellement de particularité esthétique importante qui ne puisse aboutir à la désignation d’une particularité psychologique définie, qui, à son tour, peut être exprimée en une altération définie du mécanisme général de l’entendement. […] De pareilles vérifications, si elles sont favorables, donneront à nos analyses critiques une valeur absolue.

1287. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Cela fait, et quand vous m’aurez prouvé que tout est bien faux et bien niais dans ces principes, qu’il n’y a plus que les « badauds » qui s’arrêtent devant sans hausser les épaules, — je m’empresserai de donner mon buste de Hugo à mon portier. […] Mais ne serait-on pas en droit d’exiger qu’un ancien élève de l’École normale, un homme qui vient de se nommer à l’unanimité porte-drapeau du « bon sens », se donnât la peine d’avoir du sens commun ? […] Mais cette donnée me paraît insuffisante pour établir l’immoralité de ce rédacteur. […] Ses antécédents du Figaro n’ont point empêché Henry Schaunard de publier des romans au Moniteur et à la Revue des Deux-Mondes ; — Monselet a donné de la copie à La Presse (on a même trouvé qu’il n’en donnait pas assez) ; et toi-même, malgré toutes les chroniques dont tu es atteint et convaincu, n’es-tu pas arrivé à L’Opinion nationale ? […] Je sais encore qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir des convictions ; mais du moins peut-on exiger un peu de tenue.

1288. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

On les donne aux élèves, les professeurs s’en servent : personne n’en parle. […] Au lieu d’y chercher un résultat qu’il ne pouvait leur donner, les lecteurs ont trouvé dans ce livre le profit qu’ils souhaitaient. […] On conçoit qu’ils ne se résignent point à reconnaître une vérité qui déprécierait leurs œuvres et qu’ils ne puissent donner raison à une théorie qui leur donne tort. […] Un diplôme universitaire donne-t-il plus de compétence dans l’art d’écrire ? […] Il ne faut pas que leur autorité soit subordonnée à l’autorité de celui qui les donne ou les formule.

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