On leur donnerait un nom. […] La parole lui donnait une forme immédiate, et réalisait à volonté ses conceptions. […] Pierre, qui nous donna nos premières idées de marine. […] Mais des prunelles d’un noir énergique donnaient de l’accent à cette physionomie fine et douce. […] D’un trait donné en apparence au hasard, il fixait une physionomie d’une manière magistrale.
Si l’on veut être juste, on conviendra qu’il n’était pas tout à fait facile de donner un peu de solidité à des matières susceptibles de tant de nuances et qui se prêtent à des interprétations si diverses. […] Je me décide aujourd’hui à rompre ce silence, mais c’est tout à fait sans rancune et après avoir donné à mes adversaires le temps de réfléchir et de se calmer. […] Si mes ouvrages n’apprennent pas à écrire, ils apprennent certainement à lire, et, s’ils ne donnent pas du talent, ils montrent, du moins, en quoi il consiste. […] Le mouvement est donné, on le suivra, on le suit déjà.
Dumas, c’est de l’impulsion qu’il a donnée au théâtre. […] La leçon que donne un auteur, ce n’est pas à la fin, c’est au cours de la pièce qu’il la donne. […] Elles ont demandé à la vie ce qu’elle ne peut donner. […] Ils se donnent d’incessants démentis. […] Daudet a donné l’exemple.
Il y a beaucoup d’exemples de braver la première en respectant la seconde ; alors le caractère prend une sorte d’amertume et de misanthropie, qui exclut beaucoup des bonnes actions que l’on fait pour être regardé, sans anéantir toutefois les sentiments honnêtes qui décident de l’accomplissement des principaux devoirs : mais dès qu’on a rompu tout ce qui mettait de la conséquence dans sa conduite, dès qu’on ne peut plus rattacher sa vie à aucun principe, quelque facile qu’il soit, la réflexion, le raisonnement étant alors impossible à supporter, il passe dans le sang une sorte de fièvre qui donne le besoin du crime. […] de quelle nature est celui qui, pour son ambition, a pu donner la mort ? […] Cet acte irréparable, cet acte qui seul donne à l’homme un pouvoir sur l’éternité, et lui fait exercer une faculté qui n’est sans bornes que dans l’empire du malheur ; cet acte, quand on a pu, dans la réflexion, le concevoir et l’ordonner, jette l’homme dans un monde nouveau, le sang est traversé ; de ce jour, il sent que le repentir est impossible, comme le mal est ineffaçable ; il ne se croit plus de la même espèce que tout ce qui traite du passé avec l’avenir. […] Le courage, qui fait braver la mort, n’a point de rapport avec la disposition qui décide à se la donner : les grands criminels peuvent être intrépides dans le danger, c’est une suite de l’enivrement, c’est une émotion, c’est un moyen, c’est un espoir, c’est une action ; mais ces mêmes hommes, quoique les plus malheureux des êtres, ne se tuent presque jamais, soit que la Providence n’ait pas voulu leur laisser cette sublime ressource, soit qu’il y ait dans le crime une ardente personnalité qui, sans donner aucune jouissance, exclut les sentiments élevés avec lesquels on renonce à la vie. […] il serait si difficile de ne pas s’intéresser à l’homme plus grand que la nature, alors qu’il rejette ce qu’il tient d’elle, alors qu’il se sert de la vie pour détruire la vie, alors qu’il sait dompter par la puissance de l’âme le plus fort mouvement de l’homme, l’instinct de sa conservation : il serait si difficile de ne pas croire à quelques mouvements de générosité dans l’homme qui, par repentir, se donnerait la mort ; qu’il est bon que les véritables scélérats soient incapables d’une telle action ; ce serait une souffrance pour une âme honnête, que de ne pas pouvoir mépriser complètement l’être qui lui inspire de l’horreur.
Si deux amis peuvent réussir à confondre leurs existences, à transporter l’un dans l’autre ce qu’il y a d’ardent dans la personnalité ; si chacun d’eux n’éprouve le bonheur ou la peine que par la destinée de son ami ; si se confiant mutuellement dans leurs sentiments réciproques, ils goûtent le repos que donne la certitude, et le charme des affections abandonnées, ils sont heureux ; mais que de douleurs peuvent naître de la poursuite de tels biens ! […] Les passions causent tant de malheurs par elles-mêmes, qu’il n’est pas nécessaire, pour en détourner, de peindre leurs effets dans les âmes naturellement vicieuses ; nul homme, à l’avance, ne se croyant capable de commettre une mauvaise action, ce genre de danger n’effraye personne, et lorsqu’on le suppose, on se donne seulement pour adversaire l’orgueil de son lecteur. […] Je sais, bien qu’au tableau de toutes ces inquiétudes, on peut opposer les êtres froids qui, aimant, comme ils font toutes les autres actions de leur vie, consacrent à l’amitié tel jour de la semaine, règlent à l’avance quel pouvoir sur leur bonheur ils donneront à ce sentiment, et s’acquittent d’un penchant comme d’un devoir ; mais j’ai déjà dit dans l’introduction de cet ouvrage, que je ne voulais m’occuper que du destin des âmes passionnées, le bonheur des autres est assuré par toutes les qualités qui leur manquent. […] Dès qu’un homme et une femme ne sont point attachés ailleurs par l’amour, ils cherchent dans leur amitié tout le dévouement de ce sentiment, et il y a une sorte d’exigence naturelle, entre deux personnes d’un sexe différent, qui fait demander par degrés, et sans s’en apercevoir, ce que la passion seule peut donner, quelque éloigné que l’un et l’autre soit de la ressentir ; on se soumet d’avance et sans peine à la préférence que son ami accorde à sa maîtresse ; mais on ne s’accoutume pas à voir les bornes, que la nature même de son sentiment met aux preuves de son amitié ; on croit donner plus qu’on ne reçoit, par cela même qu’on est plus frappé de l’un que de l’autre, et l’égalité est aussi difficile à établir sous ce rapport que sous tous les autres ; cependant elle est le but où tendent ceux qui se livrent à ce lien. […] Celui qui consacre sa vie au bonheur de ses amis et de sa famille ; celui qui prévenant tous les sacrifices, ignore à jamais où se serait arrêté l’amitié qu’il inspire ; celui qui n’existant que dans les autres, ne peut plus mesurer ce qu’ils feraient pour lui ; celui qui trouve, dans les jouissances qu’il donne, le prix des sentiments qu’il éprouve ; celui dont l’âme est si agissante pour la félicité des objets de sa tendresse, qu’il ne lui reste aucun de ces moments de vague, où la rêverie enfante l’inquiétude et le reproche, celui-là peut, sans crainte, s’exposer à l’amitié.
C’est en effet mal comprendre le rôle et la nature des langues classiques que de donner à cette dénomination un sens absolu, et de la restreindre à un ou deux idiomes, comme si c’était par un privilège essentiel et résultant de leur nature qu’ils fussent prédestinés à être l’instrument d’éducation de tous les peuples. […] Les langues de l’ouest et du centre de l’Asie présenteraient plusieurs phénomènes analogues dans la superposi-tion du chinois ancien et du chinois moderne, du tibétain ancien et du tibétain moderne ; et les langues malaises, dans cette langue ancienne à laquelle Marsden et Crawfurd ont donné le nom de grand polynésien, qui fut la langue de la civilisation de Java, et que Balbi appelle le sanscrit de l’Océanie. […] L’expérience prouve combien est imparfaite la connaissance des langues modernes chez ceux qui n’y donnent point pour base la connaissance de la langue antique dont chaque idiome moderne est sorti. […] Formée, d’ailleurs, par dissolution, la langue moderne ne saurait donner quelque vie aux lambeaux qu’elle essaie d’assimiler, sans revenir à l’ancienne synthèse pour y chercher le cachet qui doit imprimer à ces éléments épars une nouvelle unité. […] Nulle loi, nul règlement ne leur a donné, ne leur ôtera ce caractère qu’ils tiennent de l’histoire.
Deux ou trois voix, élevées dans le parterre, procurent aisément la gloire de se donner en spectacle sur le théâtre, la tête ombragée de faux lauriers, & qui sont bientôt flétris. […] Les mouvemens que se donne le monde auteur, connoisseur, amateur, & conduit par la partialité pour ou contre, ressemblent aux vagues d’une mer en fureur, qui vont & reviennent continuellement jusqu’à ce que le temps & le calme remettent les choses dans leur situation naturelle. […] Quand il fit la tragédie de Théagène, sur laquelle il consulta Molière, & celle des Frères ennemis, dont ce comique lui donna le sujet, il portoit encore l’habit ecclésiastique. […] A l’impression de la Phédre de Racine, ses ennemis firent de nouveaux efforts : ils se hâtèrent de donner une édition fautive. […] Lorsque Racine fit voir à Corneille sa tragédie d’Alexandre, Corneille lui donna des louanges & lui conseilla, en même temps, d’abandonner la poësie dramatique, comme étant un genre qui ne lui convenoit pas.
Mes petites idées sur la couleur C’est le dessin qui donne la forme aux êtres ; c’est la couleur qui leur donne la vie. […] S’il a donné telle ou telle couleur à un objet, on peut être sûr que l’objet voisin sera de telle ou telle couleur. Ainsi la couleur d’un coin de leur toile étant donnée, on sait tout le reste. […] Je n’en doute point, et je le découvrirais, si je voulais m’en donner la peine. […] Jamais cette imitation ne donnera le sentiment de la chair.
ne donnait pas une très-vive envie d’entendre les sons qui devaient en sortir, les chansons ou plutôt les clameurs que devait vomir cet effroyable trou de fontaine publique, creusé en plein visage humain. […] Dupont méritait bien ce buste, car il a trop souvent infligé au talent sincère et facile dont il était doué la physionomie forcée et grimaçante que son sculpteur a donnée à ce marbre affreux. […] Sans le mare clausum, sa défense régicide et ses fonctions de secrétaire chez Cromwell, Milton eût donné probablement un Paradis retrouvé aussi beau que son Paradis perdu. […] Si nous en croyons le volume que l’auteur des Poésies et Chansons appelle les Études littéraires et qu’il nous donne comme les essais de sa muse juvénile, on voit que M. Dupont n’est pas, ainsi que le grand paysan de l’Écosse, un génie vraiment autochtone et primesautier comme les productions d’un sol qui, pour les donner, n’a pas besoin de, culture, mais un esprit qui s’est longtemps cherché avant de s’atteindre, qui a scié longtemps le marbre de la langue et du rythme avant d’y découvrir sa veine, brillant enfin dans les chansons !