Sur un coin du divan Mme Charles Hugo est affaissée dans le chiffonnement mou d’une robe de dentelle noire, joliment sourieuse, avec toutes sortes de délicates ironies dans les yeux, pour l’office auquel elle assiste tous les soirs.
La forme en est savante et travaillée, L’esprit en est délicat, inquiet et ardent.
Le nouveau Dante n’a guère vu que l’enfer du passé dans l’histoire, mais d’y avoir regardé, fût-ce dans sa partie la plus sanglante, la plus confuse et la plus sombre, a été un bénéfice net pour son génie, peu fait pour le vague des passions modernes, les nuances des âmes délicates ou morbides et les espérances mystico-scientifiques des vieilles civilisations.
Le roman français au XVIIe siècle4 I Facile à lire, agréable même, élégamment écrit, jeune, honnête et délicat, me sera-t-il permis de regretter que le livre de M. […] et la vie pour une espèce de géométrie, à peine plus délicate que l’autre ? […] D’un antre côté, de bons juges, des juges délicats et subtils, ont pu soutenir, non sans quelque raison, que le vers de Molière, en général, n’avait pas l’élégance et l’aisance, la grâce de facilité de celui de Regnard ; que son style, plus cossu peut-être, selon l’heureuse expression de Sainte-Beuve, était cependant moins vif, moins alerte, moins spirituel ; son allure moins libre et moins cavalière. […] Ces mots nous mettent sur la trace de ce que Molière attaque dans la religion, et la nuance est assez délicate, mais elle est importante à marquer.
elle en a, du plus fin, du plus délicat. — Sa conversation… — Sa conversation est charmante. — … Mais enfin elle est capricieuse autant que personne du monde. — Oui, elle est capricieuse, j’en demeure d’accord ; mais tout sied bien aux belles, on souffre tout des belles. » Ce portrait dialogué, qui semble n’être qu’une paraphrase du vers charmant de La Fontaine Et la grâce plus belle encor que la beauté, est celui de la jeune Béjart, dont nous avons rapporté la naissance à la date de 1645, dessiné par un mari toujours amant46. […] Quelque temps après, sa conduite fut aussi peu délicate que ses soupçons avaient été offensants.
Croit-on que la finesse de l’esprit ne se manifeste pas bien mieux à démêler un sentiment délicat, une fiction adroite, un trait saillant de l’imagination, à faire ressortir une sublimité d’invention ou d’harmonie ? […] Relisez ce qu’en écrit La Harpe ; je ne me flatterais pas de suppléer à ce charmant et délicat éloge. […] On croit les approcher, les entendre, et l’âme pure s’envisage elle-même au nombre des divinités sous la délicate et timide figure de Psyché. […] Les clartés enflammées qui rougissent les torrents du Phlégéton, les ténèbres des gouffres du Styx, les sombres teintes répandues dans les cavernes du Tartare, ne se confondent pas plus que les nuances délicates de ce crépuscule, ou demi-jour lunaire, qui règne dans les berceaux et sur les collines de l’Élysée : et partout ce magnifique tableau des plus tristes et des plus consolantes rêveries se colore de la lumière la mieux assortie aux scènes terribles ou charmantes qu’elle doit éclairer.
Remarquez, nous dit-il très agréablement, dans On ne badine pas avec l’amour « la grâce toute poétique de ce milieu de convention » qui vous maintient « dans une région intermédiaire entre la réalité et le pays du rêve, et, en face de paysans si délicats, de prairies si fraîches, de sentiers et de fontaines si pénétrés de charme, vous vous sentirez bien loin des vulgarités terrestres ». […] Mais il est vrai que Musset a pu devoir à Jean-Paul quelque chose des couleurs discrètes et délicates dont il peint ses jeunes filles, et que pour qui a lu Richter ces vers miraculeux sont comme personnes de connaissance : Ou quelque ange pensif de candeur allemande, Une vierge en or fin des livres de légende, Dans un flot de velours traînant ses petits pieds. […] Plus loin, dans une scène dont je ne dirai point, du reste, qu’elle est du goût le plus délicat, un mot bien joli, un peu vif, un peu fringant, mais du plus pur xviiie siècle. […] Elle, elle est très distinguée, très scrupuleuse, très délicate, très pure, très bonne chrétienne et duchesse de Chailles. […] Ils ne se disent pas un mot, et Soindres se laisse aller, étant très peu délicat, décidément, de sa nature, à flirter ou au moins à se promener beaucoup sous les arbres avec une petite fille savante, très douce du reste et charmante, amie de Cécile, et qui s’appelle Mlle Motreff.
Beaucoup sont des viveurs, des viveurs tristes, sortes de Musset et de Murger, qui s’abandonnent et s’étourdissent, capables des rêves les plus poétiques et les plus purs, des attendrissements les plus délicats et les plus touchants, et qui, néanmoins, ne savent que miner leur santé et gâter leur gloire. […] Là sont des fleurs choisies, toutes celles que donne le jeune printemps, des chèvrefeuilles, des narcisses, des chrysanthèmes. » — Le soir venu, « la brume monte, les gouttes de rosée viennent baiser chaque petite fleur et se suspendre à leur tête de velours, comme une corde de grains de corail. » Ce sont là les plantes et les aspects de la campagne anglaise toujours fraîche, tantôt enveloppée d’une pâle brume diaphane, tantôt luisante sous le soleil qui l’essuie, toute regorgeante d’herbes, d’herbes si emplies de séve si délicates qu’au milieu de leur plus éclatant lustre et de leur plus florissante vie, on sent que le lendemain va les faner.
Ils n’ont pas le vin de Tokai, dont la rareté fait le plus grand mérite, mais ils ont ce vin pétillant si parfaitement adapté à leur humeur, qu’il semble n’avoir été créé que pour eux ; mais ils ont ces ragoûts fins & délicats, qu’on ne peut imiter partout ailleurs, & qui, sans être extrêmement chers, ont mille fois plus de saveur que tous les mets servis chez les Mogols & chez les Czars. […] Comment, messieurs, s’écria-t-elle, vous vous êtes si promptement lassés de courir le monde, tandis que moi qui suis d’un sexe timide & délicat, je me sentirois la force d’aller jusqu’en Asie. […] On convint qu’il n’y avoit rien d’exagéré dans ma narration, & que toute femme délicate, surtout une Française, avoit mille sujets d’impatience, lorsqu’elle partoit pour les pays étrangers ; sans doute la peine est bien moins grande, lorsqu’on a des richesses & grand nombre de valets ; mais il est toujours vrai que de quelque maniere qu’on voyage, il y a des inconvéniens. […] Ce qu’il y a de plaisant, c’est que d’être trop délicat, trop recherché, c’est un ridicule.