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349. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

Ce que Lucien & Rapin ont dit de plus utile & de plus important sur la meilleure maniere d’écrire l’Histoire, est reproduit dans ce livre curieux à bien des égards.

350. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans » pp. 64-66

Supposé même que l’objet, qu’un poëme dogmatique nous présente, fût si curieux qu’on le lût une fois avec plaisir, on ne le reliroit pas avec la même satisfaction qu’on relit une églogue.

351. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Diaz est un exemple curieux d’une fortune facile obtenue par une faculté unique. […] Esprit ingénieux, curieux, laborieux. […] Pour son imagination, je ne dirai pas qu’elle est positivement grande, mais elle est singulièrement active, impressionnable et curieuse. […] Boudin, qui pourrait s’enorgueillir de son dévouement à son art, montre très-modestement sa curieuse collection. […] Chose assez curieuse, il ne m’arriva pas une seule fois, devant ces magies liquides ou aériennes, de me plaindre de l’absence de l’homme.

352. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il est curieux pourtant de l’étudier et de chercher à le deviner et à le découvrir dans ce qu’il a laissé. […] De quoi pourrait-on se plaindre à cet égard dans ce siècle de concours et de facilité universelle, lorsqu’on voit que ce ne sont plus seulement les pèlerins et les fervents, mais les simples curieux et les touristes qui chaque année s’en vont en foule même à Jérusalem ? […] Du moins l’éditeur de 1833, M. de Lamennais, a eu le mérite de la franchise ; il a fait sa préface et l’a dirigée contre qui de droit, absolument comme si l’on vivait sous Tibère : « La Terreur a régné en Europe il y a quarante ans, disait-il : il serait curieux de voir aujourd’hui sur une couronne le bonnet rouge de Marat. » L’année suivante (1836), on réimprimait le même traité de La Servitude volontaire, transcrit en langage moderne pour être plus à la portée d’un chacun, voire des moins aisés, par Adolphe Rechastelet, anagramme de Charles Teste (Bruxelles et Paris).

353. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Vous allez rire de voir Gribeauval et Habacuc contemporanisés par moi : riez tant qu’il vous plaira, puis songez qu’il y avait des curieux autour de moi, ries femmes, des enfants regardant avec attention aussi, mais ne voyant dans ce que nous admirions de mécanisme dans ces machines de guerre, qu’une nouvelle volonté de Dieu, qu’un fléau d’une autre forme envoyé par lui pour les éprouver de nouveau. […] L’étonnement ne paraît jamais sur leur visage, ce qui explique les ordres froidement cruels donnés par Moïse et exécutés ponctuellement sans que les victimes se doutassent du sort qui les attendait. » * Tout cela est finement senti, et, sa pensée se précisant de plus en plus à la réflexion, il écrivait de Smyrne, au moment de s’embarquer : « C’est ici que je commence à bien me rendre compte de tout ce j’ai vu d’intéressant, de curieux, de magnifique et de nouveau ; c’est pour le coup que la Bible devient intéressante. […] Je trouve dans une de ses lettres du 22 octobre 1842, au retour d’un voyage qu’il venait de faire avec l’empereur, ce passage curieux et très significatif en ce qui est de la politique de ce temps-là : « J’ai dîné hier à l’ambassade en Irès-petit comité ; on s’y réjouissait des articles du Journal des Débats contre la Russie.

354. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Curieux, touristes, militaires, tous, à cet égard, lui rendent justice ; le maréchal de Saint-Arnaud, débarquant à Constantinople en mai 1854, écrivait à son frère en France : « Si tu veux une description de Constantinople, prends Théophile Gautier. » Ainsi de l’Espagne, ainsi de Saint-Pétersbourg, ainsi de tout pays où il a chevauché par monts et par vaux, ou qu’il n’a fait que saisir un jour au passage. […] A l’atelier comme au collège, et dès qu’il eut le pinceau en main, Gautier se montra curieux, chercheur et visant à sortir du lieu commun par une manière : son maître notait et dénonçait cette disposition en lui. […] Mais c’est l’exécution de la fable, c’est le détail et l’encadrement qui est d’un curieux et d’un fini achevés.

355. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Capefigue à l’occasion de certains passages de son Histoire d’Europe sous l’Empire, Jomini a résumé en termes élégants et dignes la substance des précédents opuscules (février 1841) ; mais les curieux et ceux qui aiment les traits pris sur le vif ne sont point dispensés de les lire. […] Le plus grand éloge qu’on puisse faire de ce livre, c’est qu’après tout ce qu’on a publié de Napoléon et de ses textes authentiques, il se lit encore avec intérêt, et que les curieux qui sont de loisir trouveront à y apprendre. […] Si je ne commençais (et les lecteurs sans doute eux-mêmes) à sentir vivement le besoin de finir et de conclure, je n’aurais pas de peine à montrer que les deux tiers de ce Traité sont à la portée de tous les lecteurs, même les moins guerriers et les plus civils ; qu’ils sont à lire et à consulter pour la quantité de résultats historiques et de faits curieux qu’ils renferment.

356. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Lorsque, en 1827, à l’occasion du sujet proposé par l’Académie française, qui avait demandé le Tableau de notre littérature au xvie  siècle, quelques esprits curieux se portèrent plus particulièrement vers la poésie de ce temps-là, leur première impression fut la surprise : on leur avait tant dit que cette poésie, celle qui remplissait l’intervalle de Clément Marot à Malherbe, était barbare et ridicule, qu’ils furent frappés de voir, au contraire, combien elle l’était moins qu’on ne le répétait de confiance ; combien elle offrait, après un premier et rude effort, d’heureux exemples de grâce, d’esprit, et parfois d’élévation. […] Sur ces entrefaites, un très-utile secours venait s’ajouter à tous ceux qu’avaient déjà les curieux et les studieux pour se guider dans cette branche particulière d’ancienne poésie. […] Les remarques abondent et se pressent lorsqu’on relit le curieux livret.

357. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Ce goût lui était commun avec sa génération, génération de patriotes, témoins curieux et volontiers acteurs du drame politique : les Lettres de Chapelain, le Ministre d’État de Silhon, jusqu’aux dissertations de l’indifférent Balzac, mais surtout les Mémoires de Retz nous l’ont comprendre de quel état d’esprit est venue et à quel état d’esprit s’adressait la tragédie cornélienne ; elle est politique, non historique. […] Mais cet amour même exige qu’elle ne fasse rien pour le satisfaire : subtilité curieuse et noble. […] Des personnages secondaires Autour de ses héros, représentants de cette force infinie qui est en nous et dont la plupart de nous font si peu d’usage, Corneille place des âmes moyennes, telles que la vie en présente à chaque instant ; ces caractères de second plan sont souvent d’une observation curieuse, d’une vérité originale et fine.

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