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839. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Combien de méchantes critiques et de comédies encore plus mauvaises, les rivaux de Moliere ont-ils composées contre lui ? Racine a-t-il mis au jour une tragédie dont on n’ait pas imprimé une critique qui la rabaissoit au rang des pieces médiocres, et qui concluoit à placer l’auteur dans la classe de Boyer et de Pradon.

840. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

C’est un critique que l’esprit du xvie  siècle anime. Ce n’est pas un critique de la fin du xviiie , comme Adrien Destailleur.

841. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

… Et pendant la lecture il interrompt, il loue, il critique même, et conclut en ordonnant d’écrire à Lebrun que l’Empereur lui accorde une pension de 6,000 fr. : il n’avait pensé qu’à Lebrun-Pindare. […] Lebrun a eu assez exactement en poésie un rôle qui ferait pendant à celui de M. de Barante dans le genre critique et historique, quelque chose d’assez analogue dans le degré d’innovation et de réussite. […] Peu importe, ajoutait le critique ; dès qu’on baisse la toile, ne fût-ce que pour passer de l’antichambre dans le salon, l’unité de lieu est totalement violée 90. […] Son article est intitulé : Peine, critique. érudition perdues. […] Dans ce même tome du Lycée, page 61, se trouvait une critique de Carmagnola par M.

842. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

La critique de nos jours a trouvé à s’évertuer sur Villon ; en général, elle aime les auteurs à moitié obscurs, elle n’est pas fâchée d’avoir à pêcher en eau trouble. Les critiques, s’ils n’y prennent garde, sont de plus en plus portés à admirer dans un auteur moins encore ce qui y est que ce qu’ils y mettent. […] La satire toute littéraire à l’adresse de Malherbe est excellente, non en totalité, mais dans toute sa partie critique. […] Concilions-les du moins dans notre critique ouverte, équitable, nous gardant de les imiter dans leur mutuelle injustice, et de rendre, à notre tour, la pareille au rigoureux Malherbe pour s’être donné le tort de rebuter une telle poésie et de s’aliéner un tel compère ! […] Quelques-uns des critiques qui ont travaillé au choix, et qui en ont pris l’occasion de juger, sont poètes eux-mêmes : on a ainsi une image des théories et des œuvres à la fois.

843. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Villemain dont les brillantes improvisations rendent si étroites, les plus vastes salles, soit circonscrit lui-même, par la nature spéciale de son cours, dans l’examen critique de l’éloquence française. […] Soumet si haut parmi ses rivaux de gloire : ces deux pièces sont encore des sujets refaits ; un seul ouvrage entièrement neuf survivra aux critiques et aux éloges qu’il a reçus ; c’est le Paria de M.  […] C’est que les grands auteurs ont toujours été les plus grands critiques, quand ils ont voulu s’en mêler. […] Ainsi, on n’a point de style pour écrire correctement des choses communes, et on peut avoir un style et un très beau style tout en donnant prise à la critique par quelques endroits. […] La critique devrait donc apprendre à se montrer un peu indulgente pour certains défauts, et très difficile sur la nature des beautés.

844. (1898) Essai sur Goethe

Cependant, la critique allemande, avec une infatigable ardeur, travaille sur l’œuvre énorme, sur la longue existence si remplie et si riche. […] Ce fut d’abord celui des Affinités électives, que la critique accueillit assez mal. […] Grimm, la plupart des critiques déclarent qu’elles ont l’odeur et le goût de la sincérité. […] Goethe fut plus sensible à cette parodie qu’à aucune autre critique. […] Les critiques ne sont pas d’accord.

845. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Voilà ce que nous avions besoin de nous dire avant de nous remettre, nous, critique littéraire, à l’étude curieuse de l’art, et à l’examen attentif des grands individus du passé ; il nous a semblé que, malgré ce qui a éclaté dans le monde et ce qui s’y remue encore, un portrait de Regnier, de Boileau, de La Fontaine, d’André Chénier, de l’un de ces hommes dont les pareils restent de tout temps fort rares, ne serait pas plus une puérilité aujourd’hui qu’il y a un an ; et en nous prenant cette fois à Diderot philosophe et artiste, en le suivant de près dans son intimité attrayante, en le voyant dire, en l’écoutant penser aux heures les plus familières, nous y avons gagné du moins, outre la connaissance d’un grand homme de plus, d’oublier pendant quelques jours l’affligeant spectacle de la société environnante, tant de misère et de turbulence dans les masses, un si vague effroi, un si dévorant égoïsme dans les classes élevées, les gouvernements sans idées ni grandeur, des nations héroïques qu’on immole, le sentiment de patrie qui se perd et que rien de plus large ne remplace, la religion retombée dans l’arène d’où elle a le monde à reconquérir, et l’avenir de plus en plus nébuleux, recélant un rivage qui n’apparaît pas encore. […] Diderot, dès ses premières Pensées philosophiques, paraît surtout choqué de cet aspect tyrannique et capricieusement farouche, que la doctrine de Nicole, d’Arnauld et de Pascal prête au Dieu chrétien ; et c’est au nom de l’humanité méconnue et d’une sainte commisération pour ses semblables qu’il aborde la critique audacieuse où sa fougue ne lui permit plus de s’arrêter. […] Comme artiste et critique, Diderot fut éminent. […] quelle critique pénétrante, honnête, amoureuse, jusqu’alors inconnue ! […] Il n’en fut pas ainsi de Diderot, qui, n’ayant pas cette tournure d’esprit critique, et ne pouvant prendre sur lui de s’isoler comme Buffon et Rousseau, demeura presque toute sa vie dans une position fausse, dans une distraction permanente, et dispersa ses immenses facultés sous toutes les formes et par tous les pores.

846. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Catulle Mendès appartient à une école qui prétend renouveler l’art dramatique, qui affiche le mépris des anciennes conventions et ne tient nul compte des critiques. […] L’article fit un beau tapage, tombé dans la mare aux grenouilles de la critique contemporaine, où quatre crétins, onze ratés, deux prophètes, huit philosophes, revenus des erreurs de ce monde, et soixante-quatorze bons garçons équitablement partagés entre la crainte de peiner un ami et le désir bien légitime de ne pas compromettre leurs titres à la réception d’un lever de rideau, disputaient à notre Bon Oncle l’honneur de rectifier le tir. […] La voix qui inspirait les admirables critiques de Théophile Gautier dicte aujourd’hui vos articles. […] Nous ne sommes plus habitués à cette forme de critique ; mais Sainte-Beuve ne manquait pas de perspicacité. […] Catulle Mendès l’égal du Banville des Odes et du Gautier des critiques, des romans et des poèmes.

847. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

II fallait créer la critique de détail, et en quelque sorte inventer le goût, qui n’est que le jugement appliqué aux détails des ouvrages de l’esprit ; enseigner, comme dit Boileau, le pouvoir des mots mis en leur place ; déterminer la valeur de chacun, en laissant à l’esprit français toute liberté pour combiner sans fin des notes qui devaient rendre toujours le même son. […] Le tour d’esprit de Malherbe le portait vers la critique il ne pouvait ni se contenter des apparences, ni supporter les équivoques ; vif, passionné, d’une netteté de langage qui ne souffrait aucune obscurité chez les autres, ayant, dit Racan, une conversation, brusque, où tout mot portait ; intraitable sur tout ce qui touchait à l’art ; risquant ses amitiés, non pour un trait d’esprit, mais pour une vérité utile : témoin sa brouille avec Regnier, neveu de Desportes, qu’il estimait par-dessus tous les autres, mais devant lequel il n’avait pu s’empêcher de préférer un bon potage aux vers de son oncle. […] Là, Malherbe, avec une sagacité impitoyable et un sens critique supérieur, arrachant sa défroque antique à la muse de Ronsard et dénonçant les mignardises de Desportes, rendait des jugements qui devenaient au dehors des arrêts de langage et de goût. […] Mais il importait, pour assurer cette direction de la poésie, de rendre ces grandes vues familières par une critique de détail qui exerçât le goût du public, et qui formât des lecteurs pour les chefs-d’œuvre que l’esprit français allait enfanter. […] L’histoire de la littérature ne nous offre pas d’exemple d’une critique de détails plus fine et plus décisive et le mérite en est d’autant plus grand, que Malherbe en donnait le modèle après avoir, reconnu le premier le génie de notre langue, et l’avoir défendu contre l’imitation du génie étranger.

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