Ce qu’elle apporte de sien, ce qu’elle crée à l’aide de combinaisons nouvelles, c’est à l’auteur de ce livre à nous le montrer. […] Il crée de la joie autour de lui. […] À van Lerberghe revient l’honneur d’avoir créé ce théâtre d’angoisse. […] Vous verrez que là aussi la partie la plus active de ce que nous nous plaisons à nommer « fatalité » est une force créée par les hommes. […] Savent-elles, les abeilles, dans quel but elles furent créées ?
Épictète, et elle ne s’est pas enfermée en une doctrine immuable, mais au cours des saisons et des heures — les saisons et les heures de toute une jeunesse — elle a chanté son émotion immédiate, tout en demeurant maîtresse absolue de sa volonté en présence du monde ; elle sait qu’une âme humaine, dans la fiction qu’elle se crée des êtres et des formes, est la principale collaboratrice, et que le véritable mystère est en elle, non dans les choses… Si elle se laisse attrister par les présages de mort épars dans les bois et dans le ciel d’automne, c’est qu’elle y aura consenti, et elle ne sera point l’esclave même du Beau, ayant écrit ce vers doré : Tâche d’aimer le Beau sans être son amant.
Et ceux de Stéphen Liégard, sans être toujours assez frémissants, sont toujours de bons vers, et souvent des vers fortifiants, cueillis sur l’âpre coteau des vertus, ou des vers splendides, cueillis sur la « Côte d’Azur », pour rappeler l’expression qui sert de titre à l’un de ses volumes en prose, qu’il a créée, je crois, et qui a fait fortune.
Pour moi, ses œuvres en main, ayant devant les yeux les types qu’il a créés, je vois Molière qui s’en va solliciter humblement madame la Baillive ou madame l’Élue, ou madame l’Intendante du Roi, pour obtenir la permission de jouer dans leur petite ville ; je le vois qui rencontre pour juge de son mérite M. […] Or l’exactitude et la justesse sont la passion, l’instinct, le besoin de Molière : il est juste et exact avant tout, surtout dans le langage qu’il prête aux personnages qu’il crée. […] Goethe a créé un mot, une expression de génie que tout le monde connaît : l’éternel féminin. […] Je vais vous montrer dans la même situation une femme, une jeune fille de Molière, et une femme telle que savait en créer le théâtre vraiment bourgeois du xviiie siècle, ce théâtre si honnête, si poétique, expression achevée de cette bourgeoisie à la fois tempérée et héroïque qui a su faire 1789 et 1830 ? […] Mettez une duchesse dans un atelier de grisette ; avant trois jours les commis du voisinage voltigeront autour d’elle aussi complètement trompés par la ressemblance, et encore plus incapables de soupçonner leur méprise que ces oiseaux qui vinrent becqueter sur la toile les fruits créés par le pinceau de Zeuxis.
Théodore Burette avait écrit à Eugène Sue une lettre, reproduire en tête de la seconde édition des Mystères de Paris, dans laquelle il disait : « Toutes ces atrocités, toutes ces misères, dont vous vous êtes fait l’historien-poëte, ont frappé nos législateurs ; et si Jean-Jacques Rousseau a mis en baisse le lait des nourrices, vous mettrez en hausse les lois les plus simples de la justice et de l’humanité… Si l’on crée des charges d’avocat du pauvre, à bon droit vous devez être bâtonnier. » — La Démocratie pacifique ajoutait à cette lettre en la reproduisant : « Nous voyons avec plaisir un professeur de l’Université prendre honorablement la défense du livre de M.
Pierre Quillard Le Songe de l’Amour : Ce sont ici des vers de l’amour, de plusieurs amours qui n’en sont qu’un, à cause du poète qui en ressentit la joie inquiète, réticente et farouche, se donnant et se reprenant avec une égale bonne foi et une égale fierté d’indépendance ; s’il a souffert, il n’a pas fait souffrir ; et, sans être dupe outre mesure du songe qu’il s’était créé, il a voulu en perpétuer l’illusion, parce qu’elle était noble, cruelle et douce.
C’est l’art et la pensée qui ont créé la Prusse ; tant qu’elle sera l’intelligence du nord, la puissance lui demeure assurée. […] Quinet tenta de créer l’épopée démocratique en écrivant les poèmes de Napoléon et de Prométhée. […] Tout en reconnaissant la puissance du nouveau poète on se hâta de jeter l’anathème contre l’école qu’il venait créer. […] Est-ce l’Esprit qui meut et crée tout ? […] Vous n’en créerez pas moins des fantômes dans l’imagination de la
Il ne crée pas des âmes, mais il construit des raisonnements et ressent des émotions. […] toi enfin, troisième substance de la divine infinitude, esprit illuminateur, la joie et la consolation de toute chose créée ! […] Il se donnait la joie d’admirer, comme Shakspeare la joie de créer, comme Swift celle de détruire, comme Byron celle de combattre, comme Spenser celle de rêver. […] Parmi celles-ci, l’Imagination tient le principal office ; avec toutes les choses extérieures que les sens représentent, elle crée des formes aériennes que la Raison assemble ou sépare, et dont elle compose tout ce que nous affirmons ou nions. […] Tels j’ai créé tous les pouvoirs éthéréens, tous les esprits, ceux qui se sont soutenus et ceux qui sont tombés.
Le prix littéraire a créé le littérateur pour prix. […] Ils ne suffisent pas à créer l’avenir d’un inconnu, et cela est si vrai qu’on tend à reculer la limite d’âge et qu’on a couronné des jeunes approchant la quarantaine et ayant déjà un bagage. […] Plus on crée des prix, plus le rayonnement de leur gloriole est pâle, mais leur bénéfice effectif se prolonge, et tel qui serait sauvé par un prix se retrouve penaud devant la mévente et l’indifférence, deux ou trois ans après. […] Avilissants autant qu’inutiles (Guy Lavaud), nuisibles même à ceux qui en bénéficient (Édouard Ducoté, Gabriel Mourey), les prix littéraires ont créé les littérateurs pour prix (Pierre Hamp).