/ 2595
419. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

« Du premier coup, M.  […] Votre approche le fait envoler et vous l’apercevez gagnant d’un rapide coup d’aile un autre abri. […] des acteurs passionnés que le genre avait formés pour lui-même et à son image, des combinaisons hardiment inventées, des péripéties inconnues, des coups de foudre et des coups de génie. […] Du premier coup, la faveur du public l’avait portée sur un piédestal ; elle se promit de n’en pas descendre. […] En aucun cas, la fortune née d’un coup de lansquenet ne doit créer une noblesse.

420. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

L’horloge sonna un seul coup. […] Tout à coup il se laissa tomber comme une masse. […] Tout à coup, mon ami Nizerolles eut un mouvement de cœur admirable. […] La petite fille se mit à râler, et tout à coup ce souffle rauque me devint intolérable ; il me déchirait comme une pointe dont chaque coup m’entrait au cœur. […] Ces coups du destin vous émeuvent, même quand ils sont attendus et prévus.

421. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

pour le coup, Duclos, vous nous croyez par trop honnêtes femmes. » Que si l’on appliquait cela à la manière d’écrire, et si quelque docteur relâché venait à poser en principe que plus on a d’esprit et moins on est tenu à ces misères de l’orthographe, que ce sont choses à laisser à des plumes bourgeoises et que la marque de la supériorité consiste à ne pas se priver de ces licences d’autrefois, un exemple comme celui de Mme de Bregy suffirait, certes, à dégoûter les moins susceptibles, à effrayer les moins timides, et il n’est personne qui ne s’écriât : « Dieu nous garde d’être jamais beaux esprits à ce point !  […] Dans un siècle où tout marche si vite, où tous sont appelés indistinctement et souvent à l’improviste, où l’on a à peine le temps de la réflexion à travers l’action, où il nous faut faire après coup ce par où il eût été plus simple de commencer, on ne saurait trop introduire dans l’esprit de notions exactes, n’importe comment, ni par quel bout, à bâtons rompus, aux moments perdus, par les moindres interstices d’une journée occupée ou distraite : en fin de compte tout se retrouve.

422. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Polycrate mort, il est appelé à Athènes par les fils de Pisistrate ; et quand Hipparque tombe sous les coups d’Harmodius et d’Aristogiton, quand se prépare la délivrance d’Athènes, Anacréon, qui ne croit pas apparemment que les myrtes fleurissent pour cacher des poignards, ni que le plaisir soit le doux enfant de la liberté, s’en retourne bien vite à Téos, d’où il s’enfuit encore à la vue de l’Ionie soulevée contre Darius. […] Puis tout à coup il voit qu’il se mécompte.

423. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Le coup est terrible. […] Ce premier acte est habilement conduit ; il a de jolis mots, de jolies scènes, des coups de pinceau assez fins. — Lorsque le second acte commence, l’attention est parfaitement éveillée.

424. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Il était bien trop dégoûté pour attendre rien d’excellent même de ce qu’il aimait. « Lorsque, sous l’influence d’un mauvais régime, un organisme a contracté un vice qui l’atteint jusque dans ses éléments, ce régime lui devient presque nécessaire ; en tout cas, il ne faut pas songer à le modifier tout d’un coup. »‌ Soyons tranquilles là-dessus ! On ne modifiera pas tout d’un coup le régime des associations en France ni notre incapacité de nous associer !

425. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

On ne parle plus de ceux de Voltaire, il les garde : on s’est souvenu du mot de M. le duc d’Orléans, à qui il demandait justice sur pareils coups, et le prince lui répondit : « On vous l’a faite. » » L’évêque de Blois a dit : « Nous serions bien malheureux si les poètes n’avaient point d’épaules. » On dit que le chevalier de Rohan était dans un fiacre lors de l’exécution, qu’il criait aux frappeurs : « Ne lui donnez point sur la tête !  […] On sait l’affreuse histoire de Mme de Tencin, cette femme d’esprit et d’intrigue, qui a fait des romans de pur sentiment : un jour, le soir du 6 avril 1726, un de ses anciens amants, un M. de La Fresnaye, à qui elle avait voulu (il paraît bien) extorquer ou soustraire des sommes considérables, va chez elle furieux, hors de lui, se met sur un canapé et se loge quatre balles dans le cœur, dont il meurt sur le coup ; « Le canapé en frémit ; la dame en gémit : on avertit le premier président et le procureur général du Grand-Conseil, qui le font enterrer, la nuit, en secret, et le lendemain chacun conte l’histoire à sa manière, et il y en a cent. […] On l’attribue au président de Montesquieu, de Bordeaux, auteur des Lettres persanes. » Et Marais ajoute après coup : « Il a été depuis de l’Académie française. » Nous touchons ici à un point assez singulier. […] La difficulté, soulevée par le cardinal-ministre, s’était tout d’un coup aplanie. […] Elle a vécu jusqu’à soixante ans dans une noble simplicité que je regardais comme la fleur de ses mérites et le plus beau fleuron de leur couronne ; tout d’un coup il lui prit une tranchée de bel esprit : elle ne voulut plus voir que des personnes d’érudition ; elle les brigua, elle les mendia, elle en forma chez elle un bureau, se contentant de la science d’autrui et ne cherchant que la réputation d’une femme d’un mérite à part, et distinguée des personnes de son sexe.

426. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

La Mennais, au milieu de ses humeurs noires, avait ainsi tout à coup des accès et comme des quintes113 de gaieté ; après quoi il rentrait dans les tons sombres : « (6 juillet 1814)… Ces bons Parisiens sont plaisants à voir dans le frisson de cette fièvre de peur qui semble leur être naturelle et dont ils ne guériront pas plus que moi de ma fièvre nerveuse. […] Il y connut un vénérable prêtre breton, autrefois déporté, qui y avait passé les longues années de l’émigration à faire le bien, à fonder des établissements utiles, et qui, rentré en France seulement en 1814, venait, sous le coup du 20 mars, de repartir lui-même pour l’exil. […] Carron d’un côté, moi de l’autre, nous l’avons entraîné, mais sa pauvre âme est encore ébranlée de ce coup. » Habemus confitentes… Il est évident, quand on suit l’ordre aujourd’hui si bien établi des faits et des pensées, que l’abbé Jean et M.  […] Après cela il est à croire qu’il se trompait, même en se ravisant et en se créant en idée après coup une autre vie plus heureuse. […] La renommée, la gloire, en lui venant tout à coup, semblait l’avoir irrité et ulcéré, bien loin de l’adoucir122.

427. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Notre siècle, à nous, en débutant par la volonté gigantesque de l’homme dans lequel il s’identifia, semble avoir dépensé tout d’un coup sa faculté de vouloir, l’avoir usée dans ce premier excès de force matérielle, et depuis lors il ne l’a plus retrouvée. […] L’abbé de La Mennais, avec cette éloquente énergie de conviction qui ne s’est pas relâchée un seul instant depuis, apparut tout d’un coup au siècle en 1817, par son premier volume de l’Essai sur l’Indifférence ; les deux ou trois écrits qu’il avait publiés auparavant l’avaient laissé à peu près inconnu. […] Quant à ce qui touche le genre d’émotions auquel dut échapper difficilement une âme si ardente, et ceux qui la connaissent peuvent ajouter si tendre, je dirai seulement que, sous le voile épais de pudeur et de silence qui recouvre aux yeux même de ses plus proches ces années ensevelies, on entreverrait de loin, en le voulant bien, de grandes douleurs, comme quelque chose d’unique et de profond, puis un malheur décisif, qui du même coup brisa cette âme et la rejeta dans la vive pratique chrétienne d’où elle n’est plus sortie. […] Cette doctrine servile, vraiment idolâtre et charnelle, avait pris corps à partir du protestantisme, anglicane avec Henri VIII et Jacques Ier, gallicane avec Louis XIV, et elle avait engendré collatéralement le dogme de la souveraineté du peuple, qui n’est qu’une réponse utile à coups de force positive et de majorité numérique. […] « Il y en avait aussi qui semblaient, dans un recueillement profond, écouter une parole secrète, et puis, l’œil fixé sur le couchant, tout à coup ils chantaient une aurore invisible et un jour qui ne finit jamais.

/ 2595