L’Angleterre a eu Byron, comme Chateaubriand désolé et voyageur, pathétique et pittoresque, mais de plus ironique, satanique, et surtout poète en vers ; elle a eu Walter Scott, qui, rejetant le costume épique et les sujets antiques, vulgarisait toutes les nouveautés des Martyrs, le romanesque historique, le paysage historique, la couleur locale. […] Bonaparte, par les épiques promenades de ses armées, offre à Gros des sujets modernes : Abonkir, Jaffa, Eylau, les Pyramides ; et sons la contrainte de la réalité prochaine, le peintre est conduit à caractériser les types ethniques, à s’inquiéter d’une couleur locale. […] Avec un grand fracas de formules hautaines, et de métaphores ambitieuses, à travers de prodigieuses ignorances et des audaces inouïes d’affirmation arbitraire, faisant défiler magnifiquement tous les âges, et se grisant de la couleur ou du son des noms propres, Hugo posait l’antithèse du beau et du laid, du sublime et du grotesque ; et, en les opposant, il les unissait dans l’art.
Est-il sensible aux couleurs ? Et quelles sont les couleurs qui le frappent le plus ? […] Mais la couleur n’est qu’une des qualités que la vue peut saisir dans les objets.
Auprès du public actuel, animal faible et qui s’effare devant la décision comme devant une brutalité et une offense, ces quelques fuites et ces balancements timides servent peut-être le poète exquis autant que ses images un peu flottantes et ses couleurs aux grâces atténuées. […] La préciosité — qui a d’ailleurs des apparences fort diverses — c’est le souci exclusif de l’écriture, du petit détail souriant ou pittoresque, de la mouche au coin de l’œil, du rouge et du blanc dont on corrige les couleurs de la nature. […] Écrasé par la tristesse de savoir que tout à l’heure elle va crever, il ne jouit pas des couleurs célestes de la bulle de savon et ne soupçonne pas le soleil lointain qui l’irise.
Et M. de Musset va essayer de le peindre avec les couleurs les plus fraîches, les plus enchantées, avec des couleurs qui me rappellent (Dieu me pardonne !) […] Prenez, de ces œuvres, les plus saluées d’abord et les plus applaudies : combien de places déjà mortes, combien de couleurs déjà pâlies et passées !
Voici, par exemple, des vers et chenilles de diverses couleurs qui sont dans la verdure : celles dont la couleur se trouvera trancher plus sur le fond vert seront aperçues des oiseaux et dévorées ; celles qui auront par hasard une nuance rapprochée du vert se confondront avec le feuillage et seront épargnées. Résultat : il ne restera plus à la fin que les chenilles vertes, — et Fénelon admirera la Providence qui leur a donné la couleur la plus propre à les conserver.
Au contraire rien n’est plus facile au peintre intelligent que de nous faire connoître l’âge, le temperament, le sexe, la profession, et même la patrie de ses personnages, en se servant des habillemens, de la couleur des chairs, de celle de la barbe et des cheveux, de leur longueur et de leur épaisseur, comme de leur tournure naturelle, de l’habitude du corps, de la contenance, de la figure de la tête, de la physionomie, du feu, du mouvement et de la couleur des yeux, et de plusieurs autres choses qui rendent le caractere d’un personnage reconnoissable par sentiment. […] On distingue à l’extremité du grouppe un homme bilieux et sanguin : il a le visage haut en couleur, la barbe tirante sur le roux, le front large, le nez quarré et tous les traits d’un homme sourcilleux.
Chaque état d’esprit a sa couleur, chaque rêve sa forme. […] Les Flandres, grâce à leur grand commerce, marchèrent en tête par la splendeur des couleurs, et leur superbe dessin gothique. […] Le peintre lui-même débutait par le broyage des couleurs. […] Ruskin, dont le rythme, et la couleur, et la belle rhétorique et la merveilleuse musique de mots sont absolument hors de portée. […] Pater saisit souvent la couleur et l’accent de tout artiste, de toute œuvre d’art dont il traite.
Chaque peintre a sa couleur comme son faire & son dessin ; ce qui le prouve, c’est que chaque homme ne voit pas également telle couleur. […] Qui a peint les remords sous les plus terribles couleurs ? […] Que ce mot n’effarouche point ; la morale est gaie & susceptible d’être revétue des plus brillantes couleurs. […] L’œil fixe son ennemi avec tranquilité ; point de couleur prononcée, même légèrement. […] On ordonna que les gens de Justice ne porteroient plus que des habits couleur de rose.
Henry Houssaye : un peu plus de mouvement, de vie, de couleur. […] La couleur de ce paysage est sombre. […] Il arrive au relief par la justesse et à la couleur par la netteté. […] Les coteaux, sous les mélèzes, ont une belle couleur de cuivre fauve. […] On voit, en même temps, toute une gamme de couleurs.