Ce qui est dans le passé c’est la liberté individuelle du corps et la soumission individuelle de l’âme ; ce qui est peut être dans l’avenir c’est la liberté individuelle de l’âme et la soumission, le servage individuel du corps. […] Le corps de l’Église continue à être monarchique en sa discipline et pénétré de préoccupations temporelles en son esprit. […] Comme on le pouvait prévoir, une simple institution politique, un simple corps d’État, un ordre de la nation. […] Dans les deux cas, elle ne frappe que les corps et laisse libres ou rend libres les âmes. […] Quelque chose de véritablement extraordinaire a paru dans le monde Lorsque l’âme anxieuse eut habité les corps.
On parle de la grande défaite, de l’impossibilité de la résistance, de l’incapacité des hommes de la Défense nationale, de leur désolant manque d’influence près du corps diplomatique, près des gouvernements neutres. […] En dépit de cet aspect de retraite, de débandade, de panique, les mobiles, qui attendent des ordres, et sont dans le désarroi de corps non commandés, sont un peu pâles, mais avec un air de décision. […] Ils disent que c’est tout ce qui reste du corps de deux mille hommes dont ils faisaient partie. Ils racontent que les Prussiens sont au nombre de cent mille dans le bois de Meudon, que le corps de Vinoy a été dispersé comme les grains de plomb d’un coup de fusil… On sent dans ces récits la démence de la peur, les hallucinations de la panique. […] Que de tours dans ce jardin, où je n’appartenais plus à la petite promenade, que mon corps faisait dans la petite allée tournante, mais où parcourant l’air sur un escabeau volant, j’étais l’inventeur d’une substance, décomposant, au-dessous de moi, l’oxygène ou l’hydrogène de l’air respirable, et le rendant mortel aux poumons prussiens de toute une armée !
. — Là aussi, sans doute, quand, moi, je serai mort ou cassé par la vieillesse, là on couchera mon frère Yves ; il rendra à la terre bretonne sa tête incrédule et son corps qu’il lui avait pris. […] Le corps a pris une place que l’âme occupait autrefois. […] Le lecteur doit faire un constant effort d’imagination synthétique pour rassembler ces membres épars en un corps vivant et pour concevoir qu’un souffle de vie puisse animer des âmes pareillement démontées. […] Les prouesses guerrières et les faits d’armes auxquels se livraient, casque en tête et lance au poing, les chevaliers nos aïeux, et que les troubadours allaient chanter de castel en castel durant les soirées d’hiver, nous les accomplissons, nous, dans les méditations silencieuses de nos chambres d’étude, pendant les longues heures des nuits sans sommeil, où, corps à corps, nous luttons avec la destinée. […] Comme un organe hypertrophié se rompt après avoir concentré sur soi toutes les forces du corps, son intellectualisme grandissant se ruinera par son propre exercice.
Nous écrivons, comme nous sentons, comme nous pensons, avec notre corps tout entier. […] Elle est variable, hormis en sa forme primitive, qui est le corps humain, et le goût, organe, varie selon ce qu’il doit goûter, par accommodation. […] Cet orfèvre, même sur un champ aussi restreint que le dos d’un peigne de chignon, a su tirer parti d’un motif fort différent, le corps de la femme. […] Le corps féminin est un motif particulier à l’art décoratif français. […] Trois-quarts n’a pas attendu pour s’unir en un seul corps l’autorisation officielle ; l’union a même été si intime qu’il est résulté le mot trocart.
C’est l’horreur de l’âme, aussi distincte de l’acte libre que le dégoût physique qui est l’horreur du corps. […] Vers le commencement du second Empire, il fut accusé, par d’assez tristes prêtres, d’ailleurs, de propager les doctrines condamnées de Baïus, doctrines qui consistent à croire qu’il n’y a pas de vertus naturelles, et que l’homme, en dehors du corps de l’Église, est absolument incapable de tout bien. […] Il ne parle plus que de cela et quand il combat un géant corps à corps, il lui dit fièrement : « Je m’en vas mettre tes tripes au soleil. » La tripe est devenue le flambeau de son esprit. […] J’ai l’archaïsme de croire que le corps humain est une forme symboliquement divine et qu’il doit être respecté. […] Les sainte Madeleine ou les sainte Agnès sculptées aux porches des cathédrales étaient tout en nimbe et n’avaient presque pas de corps, mais la bénigne clarté du Christ était sur leurs faces consumées d’amour.
Et enfin, content, il se vante « d’avoir donné à ce pauvre Cid vingt fois de l’épée dans le corps jusqu’à la garde ; sans compter un nombre infini de blessures en tous les membres. » Lui qui appelle le comte de Gormas un capitan matamore, n’a-t-il pas un peu l’air d’un capitaine Fracasse ? […] Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue ; L’Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s’obstine à l’admirer. […] Reste cependant l’ensemble des idées et des sentiments, qui ne varie point, et qui constitue ce qu’on peut nommer le corps du délit. […] De leur faire rentrer leurs nouvelles au corps ! […] S’il eût donné pour corps à cette idée une action intéressante, il eût rencontré un nouveau succès, au lieu d’une chute.
C’est toujours ce corps d’armée d’avant le grand ordonnateur Louvois. […] Sa critique, c’est bien souvent une vraie guerre de guérillas, une Fronde qui fait échec aux grands corps réguliers de la littérature et de l’histoire. […] Nodier, qui s’était pris tant de fois de raillerie au célèbre corps, fut saisi d’une joie toute naïve et attendrie en y entrant.
C’était un mince petit volume d’une magnifique impression, édité à cinq ou six cents exemplaires, et qui paraissait plus fait pour être offert par un auteur timide à un petit nombre d’amis d’élite et de femmes de goût, qu’à être lancé à grand nombre dans le rapide courant de la publicité anonyme ; je n’avais pas même permis à M. de Genoude et au duc de Rohan, mes amis, qui s’en occupaient à mon défaut, d’y mettre mon nom. « Si cela réussit, leur disais-je, on saura bien le découvrir, et si cela échoue, l’insaisissable anonyme ne donnera qu’une ombre sans corps à saisir à la critique. » III Le volume ne fut mis en vente que la veille de mon départ de Paris. […] L’armée napolitaine, commandée, à Entrodocco, par un général mandataire des carbonari, se dispersa au premier coup de canon, hors de portée, d’un faible corps autrichien, dans les vignes. […] La nature flamande de sa carnation rappelait les portraits de Rubens plus que ceux des belles Italiennes du moyen âge ; son corps s’était alourdi par la chair ; ses joues, encore fraîches, donnaient trop de largeur à sa figure ; mais l’éclat tempéré de ses beaux yeux bleus et le sourire très affectueux de ses lèvres faisaient souvenir de l’attrait qu’ils devaient avoir à quinze ans.
Posez sur la peau un corps mauvais conducteur, comme un papier percé d’un trou de 2 à 5 millimètres de diamètre ; à travers ce trou touchez la peau, tantôt avec un excitant mécanique, comme une pointe de bois, un pinceau ou un flocon de laine, tantôt avec un excitant calorifique, comme le rayonnement d’un morceau de métal échauffé : les deux sensations, ainsi limitées à ce minimum d’éléments nerveux, sont si semblables, que souvent on prend une sensation de contact pour une sensation de température, et réciproquement10. […] Un bruit sans durée appréciable, une décharge électrique traversant notre corps, une vive lumière éblouissant nos yeux, tout cela offre analogie avec un choc ou un coup, et nous exprimons le phénomène par les mêmes mots : « Je suis frappé. » Enfin le choc, à son tour, se ramène à la conscience de la résistance. […] Plongez votre corps dans l’eau d’une rivière, et vous aurez à la fois des milliards de sensations de contact, de froid, etc., qui vous arriveront de tous les points de la périphérie.