C’est en effet une dépouille arrachée à un corps plein d’embonpoint, pour en affubler une ombre. […] Ainsi le devoir et la passion se suivent comme l’ombre suit le corps ; ils s’observent, ils se pressent, ils ne se laissent pas respirer. […] Non qu’il ne sentît cette servitude de la mode : « J’ai cru jusqu’ici, écrit-il à Saint-Evremond, que la passion de l’amour est trop chargée de faiblesse pour être la dominante d’une pièce héroïque ; j’aime qu’elle y serve d’ornement et non de corps. » Mais cette mesure n’est-elle pas chimérique ?
« Il y a des objets que l’âme connaît par elle-même, et d’autres qu’elle connaît par les organes du corps. […] Ici, en effet, l’objet ne se distingue pas de la sensation, puisque c’est la sensation seule et non autre chose qu’il s’agit de saisir : c’est l’ombre projetée sur le mur de la « caverne » qui est ici seule en cause, et cette ombre, comme telle, est aussi réelle que les corps qui la projettent. Voir une ombre ou voir un corps, c’est toujours voir, c’est toujours sentir, c’est toujours penser.
le besoin physique uniquement : C’est du conflit des corps que le droit est venu. […] Les choses reprennent ainsi leur ordre et leur proportion ; la Terre n’est qu’un des plus petits corps de l’infini céleste, mais elle vaut mieux que le plus beau soleil, parce qu’elle a fait l’homme et que l’homme a trouvé la justice dans son cœur. […] Car l’ordre nécessaire, ou le plaisir divin, Fait d’un même sépulcre un même réfectoire À d’innombrables corps, sans relâche et sans fin.
Il a dit avec un charme nuancé les caresses : Nous ne mêlerons pas nos deux enchantements, Et nous ne serons pas ensemble des amants Trop enivrés tous deux pour songer l’un à l’autre ; Mais le plaisir de l’un tour à tour sera nôtre ; Nos corps épuiseront le bonheur de savoir Tour à tour seulement donner ou recevoir. […] Son livre est un musée où vivent des tableaux ; J’y sais des coins de ciel sanglant sur Salamine, Une ornière fangeuse où la trace divine Des sylvains est marquée ; une montagne, un champ Des palais sur un port doré par le couchant ; Quelques bandes de fer et de bronze bardées ; Le corps chaud d’ambre blond des papesses fardées, Des filles près d’un puits ; et j’y sais un jardin Où lui-même s’est mis contre le fût d’un pin Qui dans le noir fouillis de sa maîtresse branche, Retient comme un grand nid la pleine lune blanche. […] charme de Mitylène Apprends-nous le vers d’or que ton râle étouffa… Les fleurs ont parfumé tes étranges mains creuses De ton corps monte ainsi qu’une légère haleine La blanche volupté des vierges amoureuses… MIle Paule Riversdale.
— le Poëte était en communion naturelle : l’union d’une âme et d’un corps ! […] … Dans l’imitation du beau des êtres, des choses, des corps ? […] Si l’homme n’a pas de vêtement, c’est qu’il n’a pas de corps, c’est qu’il consiste exclusivement en son âme. […] La vie, chez Molière, n’est pas l’union de l’âme et du corps ; pour lui le corps n’est à l’âme qu’un facultatif compagnon, que Sganarelle garde, qu’Alceste quitte. […] La voix d’une Raison toute puissante, d’une Imagination ardente, d’un Corps malade, la voix d’un homme : Pascal.
Des témoins avaient vu les assassins soutenir le corps vacillant sur un cheval, puis le jeter dans le fleuve. […] Gabriel Vicaire, s’imagine volontiers qu’on se moque de lui ; défiant à l’excès, il ne se livre qu’à son corps défendant. […] Le vin est remplacé par l’eau d’une fontaine où l’on a jeté le corps d’un enfant mort sans baptême. […] Il était indulgent à l’endroit des instincts et des mouvements obscurs de l’âme et du corps, et il y avait parmi nous des brutes à qui il passait à peu près tout. […] Quand ils priaient, leur corps s’élevait du sol à plus de dix coudées, et leur visage comme leurs vêtements prenaient une éclatante couleur d’or.
Le roman parle à tous et se fait comprendre de tous ; dans le roman, le dogmatisme s’enflamme, la philosophie se passionne et se colore, les théories prennent un corps, vivent, agissent et combattent. […] La plupart sont belles, belles de corps et d’intelligence. […] Alors le moribond fait appeler un médecin, et pour payer cette dette veut lui vendre son corps comme sujet anatomique : j’oubliais de dire que la scène se passe en Angleterre. […] non, je n’y renoncerai pas ainsi… Avec de l’argent, on a tout en ce monde : honneur, amour, bonheur, on satisfait son corps et son âme, on est heureux enfin ! […] … En voilà une qui a la tête d’argent ; une autre qui a de l’or dans le corps… il boit de l’or !
La question de ces chiffons-là a soulevé au Corps législatif des discussions qui ont dû faire tressaillir d’aise l’ombre de Gutenberg. […] Les corps de M. […] il avait vieilli, non pas seulement de visage et de corps, mais son âme elle-même avait vieilli. […] Ou bien MM. les membres du Sénat et du Corps législatif croient-ils réellement que ce soit là l’extrême Orient ? […] Peut-être aurait-il cru à quelque subite explosion de bibliomanie parmi le corps des sergents de ville, qui se trouvait largement représenté à cette vente.
Tout le monde sait combien il nous est difficile, pour ne pas dire impossible, de concevoir des êtres ayant un sixième, un septième, un huitième sens, ou des corps ayant moins ou plus de trois dimensions. […] Ce qui nous trompe, et ce qui en cela fait le plus grand honneur à l’art, c’est la vérité et la puissance des passions auxquelles les acteurs prêtent l’apparence matérielle de leurs corps. […] Son corps, auquel sa fierté donnait une sorte de rigidité, ploie et assouplit ces mêmes vêtements sous l’effort du mouvement passionné qui l’agite. […] Le premier soin est de déterminer l’attitude du corps, le mouvement des bras, des mains, et d’exiger que les regards ne quittent pas le point fixe sur lequel ils sont dirigés. […] Après avoir bataillé sur les ouvrages avancés, il lui faut donner l’assaut au corps de place.