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341. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Nous avons vu que les jansénistes de la Fronde s’étaient scandalisés qu’un cardinal eût dans sa maison des statues et des portraits légèrement vêtus ; le duc de Mazarin s’en fit aussi un cas de conscience, toutes ces nudités le révoltèrent : et que fit-il ? […] Je les crois tous mal acquis ; et, du moins, quand j’ai un arrêt en ma faveur, c’est un titre, et ma conscience est en repos (toujours Alceste).” […] Grâce à cette manière d’administrer, il se débarrassa en partie de cette immense fortune dont sa conscience était accablée. » Une telle page, que nous n’avons pas voulu mutiler et qui n’est pas la seule (il y en a plus de sept dans ces sept nièces de Mazarin !)

342. (1915) La philosophie française « I »

Par l’appel qu’il a lancé au sentiment, à l’intuition, à la conscience profonde, il a encouragé une certaine manière de penser que l’on trouvait déjà chez Pascal (dirigée, il est vrai, dans un sens tout différent), mais qui n’avait pas encore droit de cité en philosophie. […] Bref, il a conçu l’idée d’une métaphysique qui s’élèverait de plus en plus haut, vers l’esprit en général, à mesure que la conscience descendrait plus bas, dans les profondeurs de la vie intérieure. […] On pourrait maintenant, pour conclure, dire un mot de l’entreprise tentée par l’auteur de l’Évolution créatrice pour porter la métaphysique sur le terrain de l’expérience et pour constituer, en faisant appel à la science et à la conscience, en développant la faculté d’intuition, une philosophie capable de fournir, non plus seulement des théories générales, mais aussi des explications concrètes de faits particuliers.

343. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

De cette survivance du passé résulte l’impossibilité, pour une conscience, de traverser deux fois le même état. […] Si je considère mon corps en particulier, je trouve que, semblable à ma conscience, il se mûrit peu à peu de l’enfance à la vieillesse ; comme moi, il vieillit. […] En ce sens on pourrait dire de la vie, comme de la conscience, qu’à chaque instant elle crée quelque chose 10. […] Mais la durée est bien autre chose que cela pour notre conscience, c’est-à-dire pour ce qu’il y a de plus indiscutable dans notre expérience. […] Nous avons insisté sur ce point dans l’Essai sur les données immédiates de la conscience, pp. 140-151.

344. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Cette considération, en effet, mènerait, ou à l’ancien finalisme, qui faisait de l’homme le centre de l’univers, ou à l’hégélianisme pur, qui ne reconnaît d’autre manifestation de la conscience divine que l’humanité. […] La physiologie et l’anatomie comparées, la zoologie, la botanique sont à mes yeux les sciences qui apprennent le plus de choses sur l’essence de la vie, et c’est là que j’ai puisé le plus d’éléments pour ma manière d’envisager l’individualité et le mode de conscience résultant de l’organisme. […] La religion ne commence à avoir conscience d’elle-même que quand elle est déjà adulte et développée, c’est-à-dire quand les faits primitifs ont disparu pour jamais. […] Jamais il n’est arrivé à cette clarté parfaite de la conscience qui est le rationalisme. […] Puis enfin le symbolisme réfléchi, l’allégorie créée avec la conscience claire du double sens, lequel échappait complètement aux premiers créateurs de mythes.

345. (1926) L’esprit contre la raison

Qu’il y ait des degrés dans la tricherie et des degrés dans la conscience qu’ils y apportent, voilà qui ne saurait nous leurrer, ni nous empêcher de dénoncer leur mensonge glorieux ou sournois comme un véritable crime contre l’esprit. […] On entasse les détritus de conscience, on raboute des morceaux d’individusn. […] L’être qui déguisait les apparences et sa propre médiocrité sous les noms flatteurs de conscience, de réalité, espérant vivre parmi prétextes et mensonges aussi tranquille que le rat dans son classique fromage et, comme ce rat, décidé à en vivre, d’un cœur léger renonçait à toute justice suprême, à toute grandeur. […] Au reste, comme le remarque Aragon dans Une vague de rêves bk : « Il fallait, pour que l’idée de surréalité affleurât la conscience humaine, d’extraordinaires écoles et les événements des siècles amoncelés. […] Ainsi l’homme libre dédaigneux de la conscience et de son joug aspire à la nuit, son bonheur, sa liberté.

346. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Y a-t-il incompatibilité entre les plaisirs délicats de la pensée et les inaltérables devoirs de la conscience ? […] « Un soir, Armand trouva M. l’abbé Gondrand, directeur de la conscience de madame de. […] Il y a une conscience intellectuelle, de même qu’il y a une conscience morale ; elles se touchent par bien des points, et, pour profiter des leçons de l’une comme des avertissements de l’autre, il ne faudrait pas s’être volontairement réduit à n’avoir que soi pour culte et pour Dieu. […] Ils se démentent les uns les autres ; comme Dieu, comme la conscience, l’amour se détruit en se multipliant. […] La liberté de conscience, entravée ou proscrite ailleurs, devait la choisir pour refuge.

347. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Ses directeurs de conscience littéraire furent alternativement, ou tout ensemble, je ne m’en souviens plus, M.  […] Être nous montre l’arrivée de l’écrivain à la conscience exacte d’une littérature soucieuse avant tout du phénomène passionnel ambiant étudié à la clarté d’une conscience, d’un écrivain aussi suffisamment muni pour suivre les oscillations du phénomène et les résumer en de nobles lignes. […] Cette science purement d’érudition, accessible aux riches seulement, cette science qui étouffe les voix de la conscience, est-ce vraiment la science ? […] Francis Poictevin on pressent comme un très beau drame de conscience, patiemment fouillé, de conscience intéressante, parce que conscience d’art et devant aboutir à quelque drame. […] Tu crois apprendre, tu te retrouves, l’univers n’est qu’un prétexte à ce développement de toute conscience.

348. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

J’ai obéi à ma conscience. […] J’ai conscience d’être une très bonne mère ». […] La Conscience, c’est Claude Ruper. […] Mais la Conscience lui dit : « Arrière ! […] Mais la Conscience veille.

349. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Il obéit à sa conscience, et ses livres deviennent des « actions ». […] Cette intelligence qui aperçoit partout des problèmes de conscience, les aperçoit sous l’angle spécial qui est l’optique de la scène. […] Il se comprend impuissant, chétif, misérable, vaincu d’avance, et n’espère plus rien que d’abolir en soi la conscience de son pauvre atome. […] Cette fantaisie serait chez l’artiste moderne le plus condamnable manque de conscience. […] Quelle sera son impression devant ce morceau : « … L’âme est alors dans sa totalité et en a la conscience.

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