Littré, et je ne serai que juste en indiquant aussi, pour une époque bien plus récente et dans une branche prolongée de la même école, le nom d’un savant très-estimé de tous ceux qui le connaissent, M. […] Littré dont les opinions philosophiques sont connues, et qui est un disciple de Condorcet autant que d’Auguste Comte, de rendre justice à son aise et en toute conscience, comme il le fait dans le Journal des Savants, aux travaux historiques de MM. de Montalembert et Albert de Broglie, traitant des vieux siècles religieux, si ce n’est en vertu de ce notable changement intellectuel qui vint affranchir l’ancien libéralisme de ses préjugés exclusifs, et qui éleva et étendit tous les points de vue ? […] Il vient de parler des diverses hymnes et proses célèbres de la liturgie, le Dies iræ, le Vexilla, le Stabal, et il en a défini l’impression profonde avec largeur et vérité : « Je sais que beaucoup, dit-il, qui n’ont peut-être jamais mis le pied dans une église pour prier, qui n’ont jamais ressenti dans leur cœur la pieuse ferveur de la foi, riront de mon enthousiasme et de mon admiration ; mais je dois leur dire que depuis sept ans j’ai manqué peu de représentations au Théâtre-Italien, que j’ai suivi assidûment les concerts du Conservatoire, que Beethoven m’a donné la fièvre de plaisir, que Rossini m’a remué jusqu’au fond de l’âme, que Mme Malibran et Mlle Sontag ont été pour moi de bienfaisantes divinités ; que pendant près de deux ans je n’ai eu d’autre religion, d’autre espérance, d’autre bonheur, d’autre joie que la musique ; que, par conséquent, ils ne peuvent me regarder comme un trappiste qui ne connaît que ténèbres et matines ; mais il faut qu’ils sachent aussi que celui qui leur parle, et qui aujourd’hui est bien loin de la foi chrétienne, a été pendant cinq ans catholique fervent, qu’il s’est nourri de l’Évangile, de l’Imitation ; qu’élevé dans un séminaire, il y a entendu des chœurs de deux cents jeunes gens faire résonner sous une voûte retentissantel’In exitu. Israël et le Magnificat ; que tout ce qu’il y a de poésie dans le culte chrétien, l’encens, les chasubles brodées d’or, les longues processions avec des fleurs, léchant, le chant surtout aux fêtes solennelles, grave ou lugubre, tendre ou triomphant, l’a vivement exalté ; qu’il a respiré cet air, vécu de cette vie, et que, par conséquent, il a dû pénétrer plus avant dans le sens et l’intelligence de la musique chrétienne que beaucoup de jeunes gens qui, nourris des traditions de collège et ne voyant dans la messe qu’une corvée hebdomadaire, ne se seraient jamais avisés d’aller chercher de l’art et de la poésie dans les cris inhumains d’un chantre à la bouche de travers. » Et plus loin, insistant, sur le caractère propre, à ces chants grandioses ou tendres, et qu’il importe de leur conserver sans les travestir par trop de mondanité ou d’élégance, devançant ce que MM. d’Ortigue et Félix Clément ont depuis plaidé et victorieusement démontré, il dira (qu’on me pardonne la longueur de la citation, mais, lorsque je parle d’un écrivain, j’aime toujours à le montrer à son heure de talent la plus éclairée, la plus favorable, et, s’il se peut, sous le rayon) : « J’ai dit tout à l’heure, en parlant du Dies iræ, que je ne connaissais rien de plus beau ; j’ai besoin d’y revenir et de m’expliquer. […] Le plus profond de nos moralistes, celui qui nous connaissait le mieux, a dit de l’homme en général ce qui est si vrai du Français en particulier : « Nous avons plus de force que de volonté. » Souhaitons que celle-ci ne nous fasse pas faute trop longtemps en bien des cas ; et, pour qu’elle soit efficace, il n’est rien de tel qu’un homme, une volonté déterminante et souveraine à la tête d’une nation.
Napoléon, qui connaissait ses soldats en tout genre et qui avait retenu le nom du nouveau Lebrun depuis la lecture de Schœnbrunn, disait un jour à Mme de Bressieux, dame d’honneur de Madame Mère et protectrice aimable du poète à la Cour : « Ce jeune homme a de la verve, mais on dit qu’il s’endort. » M. […] Nous avons tous, — nous surtout poètes critiques, — connu de près ces deux frères. […] Il me semble en mon sein sentir battre des ailes ; Un air intérieur me soulève avec elles, Me porte, et je m’envole à chaque lieu connu, Léger comme un oiseau vers son nid revenu. […] — Dans un rhythme plus savant, et marchant par couplets de cinq vers chacun, il est une autre pièce écrite en pendant et en contraste du sacre de Charles X, toute champêtre, un peu ironique, et à la manière d’Horace, la Vallée de Champrosay ; celle-ci était déjà connue. […] Une telle poésie existe de droit et se justifie à elle seule. — Poésie modérée, bien que depuis lors nous en connaissions une autre, grande, magnifique, souveraine, et que nous nous inclinions devant, et que nous l’admirions en ses sublimes endroits ; — poésie d’entre-deux, moins vive, moins imaginative, restée plus purement gauloise ou française, plus conforme à ce que nous étions et avant Malherbe et après ; — poésie qui n’es pas pour cela la poésie académique ni le lieu commun, et qui as en toi ton inspiration bien présente ; qui, à défaut d’images continues, possèdes et as pour ressources, à ton usage, le juste et ferme emploi des mots, la vigueur du tour, la fierté du mouvement ou la naïveté du jet ; poésie qui te composes de raison et de sensibilité unies, combinées, exprimées avec émotion, rendues avec harmonie ; puisses-tu, à ton degré et à ton heure, à côté de la poésie éclatante et suprême, te maintenir toujours, ne cesser jamais d’exister parmi nous, et d’être honorée chez ceux qui t’ont cultivée avec amour et candeur !
Ce que nous connaissons de plus d’un de ces élèves, depuis lors célèbres, peut donner idée du piquant et de l’animation qu’offraient ces joutes véritables. […] Si l’on connaissait bien les Anciens, on accordait trop aussi à certains auteurs modernes, à ceux dont on s’exagérait de loin le prestige à travers les grilles ; on prenait trop au sérieux et au pied de la lettre des ouvrages qui mêlaient à l’esprit et au talent bien des prétentions et de petits charlatanismes ; on leur prêtait de sa bonne foi, de son sérieux, de sa profondeur ; il en reste encore quelque chose aujourd’hui après des années, même dans les jugements plus mûrs. […] Taine, quand on a le plaisir de le connaître personnellement après l’avoir lu, a un charme à lui, particulier, qui le distingue entre ces jeunes stoïciens de l’étude et de la pensée : à toutes ses maturités précoces, il a su joindre une vraie candeur de cœur, une certaine innocence morale conservée. […] Il me faut pourtant dire un mot de sa méthode et y revenir ; je ne vise en ce moment qu’à le faire mieux connaître dans son ensemble et à discourir sur lui dans tous les sens. […] Quand il s’agit de témoins historiques, je conçois des équivalents : je n’en connais pas en matière de goût.
Un coin du voile est levé, l’œuvre de Dieu est mieux connue ; de nouvelles idées d’ordre, de beauté, d’harmonie, entrent dans nos esprits charmés, à la suite de ces vérités qui guident désormais les naturalistes, en brillant pour tout le monde. […] Après le spectacle de l’homme de Descartes, se connaissant par sa pensée et ne pouvant connaître sa pensée sans connaître Dieu, le plus beau sans doute est celui que nous donne Buffon, quand il fait apparaître devant nos yeux la terre, d’abord masse incandescente, détachée du soleil et emportée vers la route où elle doit éternellement rouler, puis, par le déluge des vapeurs condensées qui tombent sur sa surface attiédie, devenant une mer sans rivages, d’où sort par ses pointes de granit la roche intérieure qui forme le noyau du globe ; les continents s’emparant des espaces abandonnés par la mer ; les volcans vomissant les masses vitres-cibles ; les grands animaux qui viennent peupler les régions du Nord, les premières refroidies et desséchées ; le déchirement du globe en deux vastes continents, dont l’un sera le monde ancien et l’autre le nouveau ; enfin, l’homme prenant possession de la terre pacifiée et rendue digne de recevoir son nouvel hôte. […] Le Dieu souverainement bon n’est connu que des humbles qui le trouvent par la défiance en leurs lumières et qui le gardent par le cœur. […] Buffon semble n’avoir connu que la logique des mathématiques, si différente de la logique des lettres.
« On n’est pas né pour la gloire lorsqu’on ne connaît pas le prix du temps. » Cette pensée de Vauvenargues semble avoir été la règle de conduite de Pline. […] Et après quelques détails connus, il ajoute : Il a livré cinquante batailles rangées, l’emportant seul sur M. […] Quand un homme instruit, un chevalier romain était au Cirque, et qu’il se trouvait par hasard assis à côté de Tacite sans savoir son nom, après un quart d’heure de conversation, s’apercevant qu’il avait affaire à quelqu’un de connu dans les lettres : « Vous êtes Pline, lui disait-il, à moins que vous ne soyez Tacite. » La postérité a continué de faire ainsi, et cette touchante confraternité dure encore. […] [NdA] Des personnes très compétentes m’assurent que, tout en rendant justice à Pline, je n’accorde pas assez à Vincent de Beauvais, qu’en effet je connais trop peu, et je mets ici cette critique qu’on m’adresse, à titre de réparation. […] [NdA] On me fait remarquer que le papier dit Grand-Aigle était connu avant l’époque de l’Empire ; c’est pourtant bien alors qu’il prit son cachet impérial.
» Je laisse à ceux qui ont connu M. […] M. de Lamartine a connu Marie-Louise en Italie. […] Dans ce tableau rapide, où il fait preuve de générosité et de bienveillance comme toujours, et où il a introduit aussi plus d’une spirituelle finesse, M. de Lamartine a commis quelques petites confusions et quelques mélanges qui montrent que l’esprit critique, chez lui, a encore des progrès à faire, même sur les sujets qui, ce semble, lui devraient être le plus connus. […] Je suis plus surpris encore d’y voir le comte Joseph de Maistre, que M. de Lamartine a pourtant connu, comparé à Montaigne. […] On lit dans L’Indépendance belge, vers la date du 15 août 1851 : Une lettre de M. de Lamartine fait connaître, dit-on, à quel point il a été blessé de l’article publié par M.
Fouquet lui parlant un jour de la peine qu’il avait à faire vérifier les édits au Parlement, Gourville lui dit qu’il y avait dans toutes les Chambres des conseillers importants dont la voix décidait de celle des autres, et qu’il y aurait manière de les acquérir moyennant quelque gratification de 500 écus, et promesse d’autant aux futures étrennes : J’en fis une liste particulière, ajoute-t-il, et je fus chargé d’en voir une partie que je connaissais. […] Mais le retard qu’il dut mettre à l’exécution de son projet lui coûtait beaucoup : Car, non seulement, dit-il, je voyais que, pendant ce temps-là, il pratiquait de nouvelles subtilités pour me voler, mais ce qui m’incommodait davantage était que, pour augmenter la réputation de son crédit, il affectait de me demander des audiences particulières ; et que, pour ne pas lui donner de défiance, j’étais contraint de les lui accorder, et de souffrir qu’il m’entretînt de discours inutiles, pendant que je connaissais à fond toute son infidélité. […] L’abbé d’Effiat l’a salué en passant ; il lui a dit en lui rendant le salut : « Monsieur, je suis votre très humble serviteur », avec cette mine riante et fixe que nous connaissons. […] Quand est-ce qu’elles m’ont permis de connaître mes fautes et ma mauvaise conduite ? […] [NdA] Depuis j’ai su que les papiers de la cassette de Fouquet sont très bien connus de messieurs de la Bibliothèque nationale ; M.
Nous connaissons tous l’excellent style et l’excellent esprit de notre ami M. de Sacy des Débats : eh bien, le style de Carrel, quant au fond, diffère peu de celui de M. de Sacy, et ce n’est guère que cette même langue, plus animée de passion, plus trempée d’amertume et plus acérée. […] C’est que vous connaissez le fond de l’homme mieux que personne. […] Je ne vous parle point politique, non que je craigne pour les lettres qui vous sont adressées les visites du Cabinet noir, mais c’est que nous nous connaissons trop pour que j’aie quelque chose à vous apprendre sur mes sentiments ou quelque curiosité à montrer sur les vôtres. […] À ceux qui l’avaient connu dans l’intimité, et autrement que par son rôle public, il a laissé le souvenir d’un homme parfaitement bon, facile même dans l’ordinaire de la vie, ayant des négligences et des insouciances de soldat ou d’artiste, et parfois des accès de gaieté d’enfant. […] Mais non : voyons les choses à leur jour et à leur heure, et telles qu’elles se passèrent en réalité : représentons-nous les hommes tels que nous les connaissons.
Ma revue : la Vogue, avait soixante-quatre fidèles ; — à leur début les jeunes revues n’en ont habituellement guère plus, et l’on pourrait connaître personnellement tous ses lecteurs. […] Personne n’admire plus que moi la beauté des fresques évocatrices de Leconte de Lisle, personne autant que moi n’admire chez Banville un magnifique poète et un conteur presque unique dans toute littérature, car je ne connais qu’Edgar Poe dans une couleur d’images différente, pour avoir fait tenir dans quelques volumes de contes brefs autant de vie et autant d’idées. […] Il y avait des Baudelairiens qui paraissaient ne connaître de Baudelaire que la charogne et travaillaient dans le nauséabond. […] Qu’est-ce que le poète sinon celui qui transpose dans le domaine intellectuel tous les faits et toutes les sensations qu’il connaît et qu’il ressent. […] Théophile Gautier, que nous aimons et connaissons plus et mieux que les fils de Parnasse, disait : « Je vois le monde extérieur et j’écris des métaphores qui se suivent. » Nous, nous avons cherché à voir le mieux possible le monde extérieur, à traduire quelques nuances, (le plus possible) du monde intérieur, ce qu’on en peut saisir, chacun dans les limites de ses forces, et nous avons cherché à créer des métaphores qui s’engendrent les unes les autres ; nous n’avons pas souvent tenu à les exprimer entièrement mais pour ainsi dire à les citer, à les énumérer.