De toute manière, la philosophie nous aura élevés au-dessus de la condition humaine. […] À côté de l’intelligence il y a en effet la perception immédiate, par chacun de nous, de sa propre activité et des conditions où elle s’exerce. […] Là est la condition de ce que nous appelons rigueur, précision, et aussi extension indéfinie d’une méthode générale à des cas particuliers. […] Mais la philosophie devrait être un effort pour dépasser la condition humaine. […] C’était le temps où l’on pensait couramment que la même cause, opérant dans les mêmes conditions sur le même être vivant, ne produisait pas toujours le même effet.
Cette condition fondamentale du quelque chose ou du quelqu’un sans lequel je ne puis concevoir soit un mouvement, soit une pensée, est ce que j’appelle la substance. […] A la vérité, si je suis fataliste, je puis bien dire que tout accident est nécessaire, et qu’il est impossible qu’il n’arrive pas ; mais c’est à la condition que j’aie obtenu déjà par quelque autre moyen l’idée du nécessaire. […] Ces faits, ce sont d’abord les conditions extérieures dans lesquelles l’homme est né, le milieu, le temps, le climat, l’éducation, etc. ; ce sont ensuite le tempérament, l’organisation, les accidents de la vie, les passions, les mœurs. […] La première lui donnerait les propriétés générales de la matière, la seconde les éléments qui la composent, la troisième les conditions particulières de la matière organisée. […] De même ne puis-je pas concevoir par abstraction un être dégagé des conditions imparfaites qui accompagnent partout l’existence, à savoir, l’espace, le temps, la division, le mal et l’erreur ?
Évidemment le génie qui naît, qui se produit, et qui produit, implique d’abord une différence, une rupture avec tout le reste : condition de son originalité, c’est-à-dire en somme de son être. […] Et la condition de la création c’est un automatisme. […] « Rien de si pur ne peut coexister avec les conditions de la vie. […] Mais s’il méconnaît la technique des philosophes, il se tient en plein dans les conditions de sa technique de poète. […] Non seulement ils impliquent cette communauté de comporter l’un et l’autre un objet, une soumission aux conditions d’une réalité, mais (et c’est pourquoi j’ai choisi cet exemple plutôt que d’autres qui me venaient à l’esprit) il se trouve ici que cet objet est le même : à savoir un corps féminin, vivant, jeune et beau, exprimé en fonction du feu intérieur, de la fixation d’énergie qui le fait être.
Il disait d’ailleurs dans l’intimité et avec cet esprit libre d’illusions : « Je suis volontiers pour la république, à condition qu’il n’y ait pas de républicains. » Que fit le jeune Fauriel durant les années du Directoire, de 1795 à 1799, époque où nous le retrouverons ? […] Dès lors, s’en prendre à certaines idées serait attaquer certaines institutions ; se permettre certaines discussions ne serait plus argumenter contre des philosophes, mais bien contre des gouvernements… « S’ensuit-il de là que nous regardions la garantie de la puissance comme une condition de la vérité ? […] Celle-ci, toute de propos délibéré et de choix, devenue presque une langue morte, ne pouvait saisir, ni exercer sur les populations diverses une action directe, immédiate, universelle ; de sorte que, par une contradiction singulière, la première condition, là-bas, d’une langue poétique pure, ferme et simple, était de reposer sur quelque chose d’artificiel. […] Les conditions du bon style en italien sont, il ne faut pas l’oublier, très-particulières et très-différentes de ce qui a lieu chez nous. […] Fauriel put s’apercevoir que, nonobstant ses lenteurs et son soin modeste de s’effacer, il n’échappait point entièrement aux petits assauts ni aux combats, qui sont la condition imposée à tous découvreurs et novateurs.
Du moins ai-je appris et pratiqué, à une époque où les conditions de ma vie m’en laissaient loisir, la technique de cet art. […] Reynaud, c’est une certaine vue qu’il a, et que nous ne trouvons pas sans profondeur, de la diversité des conditions de l’équilibre moral pour nous et pour les peuples du Nord. […] C’est à quoi elle doit s’appliquer aujourd’hui, dans des conditions rendues, il est vrai, singulièrement difficiles par l’énormité du faix qui l’opprime. […] Si « laïcité » s’applique à la condition purement civile d’un Etat émancipé de la tutelle ou du contrôle de toute autorité religieuse particulière, je suis laïque autant qu’on peut l’être. […] Il connaissait déjà la vraie condition des hommes.
Valéry, dans sa préface à l’Adonis de La Fontaine, prétend que la véritable condition du poète est ce qu’il v a de plus distinct de l’état des rêves, il n’y voit que recherches volontaires, assouplissement des pensées, consentement de l’âme à des gênes exquises, triomphe perpétuel du sacrifice. […] Léon Bérard se préoccupa, dès l’armistice, d’établir les conditions intellectuelles de la paix intérieure. […] La place de notre civilisation y est délimitée, ainsi que ses chances et ses conditions de survie ; Drieu s’y alarme sur la disette d’hommes, dont a péri la Grèce et qui nous menace et qui ne nous permettra peut-être point de retenir le prix d’une victoire si tragiquement obtenue. […] L’aventure avait tenté Raymond Lefèvre ; « il s’était confessé par le corps », ajoute avec envie Drieu, bourgeois avant tout préoccupé des conditions d’un ordre élémentaire, je veux dire de son bureau, de sa table, de sa robe de chambre. […] L’été dernier, je l’avais juste entrevu à Paris ; mais tout en faisant le vœu qu’il nous revint, comme les conditions économiques tentent de plus en plus de l’y contraindre du reste, je le préfère dans le cadre qui lui est naturel.
Qui sommes-nous donc pour poser des conditions ? […] J’aime causer avec les gens, pour lire leurs pensées, je veux savoir leur condition et leur race. […] moi, je ne suis pas artiste ; je n’ai pas même ce sens exclusif de l’art, qui est la première condition d’existence pour un artiste. […] C’est l’homme qui veut jouir de l’existence sans se soumettre aux conditions qu’elle pose. […] Ils désirent l’union complète, à condition toutefois qu’ils imposeront leur volonté au grand tout.
« Voilà le seul mal que je redoute et que je veux éviter ; tellement que, si vous me disiez en ce moment : — Socrate, nous rejetons l’accusation d’Anytus et nous te renvoyons absous, mais c’est à la condition que tu cesseras de philosopher, et, si l’on découvre que tu retombes dans tes habitudes de discuter sur les choses divines, tu mourras ! — oui, si vous me renvoyiez absous à ces conditions, je vous répondrais : — Athéniens, je vous respecte et je vous aime, mais j’obéirai plutôt au Dieu qu’à vous… Et je suis persuadé qu’il ne peut y avoir rien de plus utile à votre république que mon zèle à accomplir ce que le Dieu m’ordonne ainsi ; car je ne vous recommande que le soin de votre âme et son perfectionnement. […] Notre âme existait en lui avant son existence terrestre, et ses instincts moraux ne sont que les réminiscences de sa préexistence, dans des conditions que nous ignorons, avant cette vie ; et si elle existait avant nos corps, elle doit aussi leur survivre, et l’impossibilité de la décomposer en parties atteste qu’elle est une, et par conséquent indissoluble et immortelle ; car la mort n’est que la dissolution des parties qui composent le corps : mais comment se décomposerait l’âme, qui n’est pas composée ?
Bonaparte remplissait cette condition du crime, mise à la place de la condition de propriété exigée dans d’autres pays ; il donnait la certitude que jamais il ne servirait les Bourbons. […] Penser fortement, sentir sincèrement, agir dignement, parler éloquemment, agir au besoin héroïquement étaient à ses yeux une même condition littéraire.