/ 1968
1818. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

. — C’est ce qui explique la clémence avec laquelle les Romains traitaient les vaincus ; ils se contentaient de leur ôter leurs armes, et leur laissaient la jouissance de leurs biens (dominium bonitarium), sous la condition d’un tribut supportable. — Si l’aristocratie romaine combattit toujours les lois agraires proposées par les Gracques, c’est qu’elle craignait d’enrichir le petit peuple.

1819. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il ne déteste pas les bons dîners, à condition que chacun paie son écot. […] Argan, désabusé sur sa triste femme et éclairé sur le bon naturel de sa fille Angélique, consent qu’elle épouse Géante, à condition toutefois que Cléante se fasse médecin. […] La vérité est qu’ils sacrifiaient de bon cœur un titre qui leur rappelait les conditions onéreuses de leur admission légale. […] C’était pour rapprocher ces deux êtres prédestinés, si éloignés l’un de l’autre par leur âge et leur condition, que « le moissonneur de l’éternel été » avait fait la nuit si tranquille, si lumineuse, si embaumée, si nuptiale, prologue d’un mystère qui, depuis dix-neuf cents ans, hante l’imagination des hommes et a changé le ciel des âmes. […] Leur tendresse aveugle eût tout sacrifié au plaisir de le garder près d’eux ; et ils ne concevaient pas qu’il pût être heureux en dehors des conditions que leur ambition et leur imprévoyance lui avaient fixées.

1820. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

L’esprit de M. de Balzac, trop ferme pour savoir bien se plier aux conditions actuelles du succès littéraire, est on ne peut plus dépaysé sur le terrain où il cherche à se placer en intrus ; il a beau faire, en dépouillant ses qualités propres, il ne peut parvenir à se donner le bavardage fluide qui fait la gloire et les triomphes des plus fortunés romanciers. […] Les littératures ne sont pas comme les démocrates, elles ne se passent pas d’ancêtres ; je dis que les démocrates en font fi, pour parler comme eux, car nous savons bien, nous, que les petits-fils des tribuns qui ont le mieux parlé contre l’inégalité des conditions sont aujourd’hui récompensés de tant d’éloquence par des titres de barons ou de comtes.

1821. (1925) Portraits et souvenirs

Il fut la condition fondamentale de sa pensée, le dogme même de sa philosophie. […] La condition fondamentale en est avant tout une connaissance complète et profonde des milieux qu’il décrit. […] Corpechot, sort de la condition de ses ancêtres, se fixe dans une profession dont il entrevoit la beauté et trouve l’emploi de son génie. » Trois années auparavant, il s’était marié.

1822. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ce qui a changé en France, depuis la Révolution jusqu’à 1830, c’est la structure politique et administrative de la France, non pas « l’économie » ni par conséquent les conditions d’existence des individus. […] Ce n’est pas pour rien que, par foi politique, humanitaire, autant que par tempérament, bonté naturelle du cœur, Alphonse Daudet s’est penché sur les misères, sur les conditions d’existence, non pas des paysans et des ouvriers, qu’il ne connaissait que de loin, comme un fils de petit bourgeois de petite ville, mais sur celles de ces petits bourgeois : il nous en est venu — l’influence de Dickens en plus, visible non seulement dans l’expression du sentiment, mais dans des caractères de second plan, tel que celui du comédien raté Delobelle — Fromont jeune et Risler aîné. […] Une révolution littéraire — pas plus qu’une révolution politique, ne réussit qu’à la condition d’absorber au moins une partie de ce qui était avant elle en y ajoutant quelque chose. […] Mais la vérité intérieure et suprême, c’est que le roman, avant tout, c’est des hommes et des femmes, éternels dans leurs passions toujours les mêmes, quoique vivant dans des conditions changées, et réagissant les unes sur les autres.

1823. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Le sénat assemblé à Paris sous les yeux des armées étrangères déposera l’empereur, il proclamera le roi, avec ou sans conditions, il acceptera au nom de la France la paix qu’on voudra bien lui donner, il attendra de la générosité des puissances coalisées qu’elles retirent leurs armées, ce qui pourrait bien n’être pas si prompt ; mais en attendant il sera obéi par les armées françaises et par toute la France.

1824. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

VI Il comprenait que l’indépendance d’esprit a pour condition dans tous les pays l’indépendance de situation.

1825. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Les gens de lettres aidèrent les dames à parfaire leur œuvre : la condition des uns et des autres en devenait meilleure.

1826. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Ils ont eu raison même absolument, en dehors de tout dogme, du seul point de vue de la conscience, lorsqu’ils ont rétabli la lutte incessante, obstinée contre l’instinct et l’intérêt, l’inquiétude de tous les instants, comme les conditions de la moralité, et qu’aux décisions des directeurs complaisants ils ont opposé leur rigorisme, l’obligation, dans tous les cas douteux, de choisir le parti le plus dur, et de décider contre l’égoïsme, par la seule raison qu’il est l’égoïsme.

/ 1968