Si la marquise aimait d’Estrigaud, on concevrait qu’il lui jouât cette scène de haute comédie : l’amour voit trouble et ne raisonne pas.
Et il sied de ne point songer et s’attarder à notre vœu, — si l’organisme poétique ne perçoit et ne conçoit pas le monde, spontanément et en immanence, à travers des sons qui parlent.
Ces distinctions sont nécessairement absurdes, la nature étant plus variée que ne peut le concevoir le cerveau d’un grammairien.
On conçoit combien il est aisé d’altérer un passage en rompant la chaîne des idées, et en séparant deux membres de phrase, pour en faire deux sens complets.
Assurément on conçoit Quintilien dans l’antiquité, au sein de ce monde extérieur et sonore où pesait tant la phraséologie romaine, mais dans une société comme la nôtre, où l’âme et la pensée n’ont plus de ressources, d’originalité et de puissance que dans la profondeur de la réflexion ou du naturel, tout Quintilien voulu tombe dans la modiste, et c’est là ce qu’est Villemain, — une modiste de mots !
C’est ici le poëme populaire de la conscience, et, depuis les jours des apôtres, les hommes ne l’ont point conçu plus sublime et plus complet326. […] Pour l’Hébreu, pour les puissants esprits qui ont rédigé le Pentateuque347, pour les prophètes et les auteurs des Psaumes, la vie, telle que nous la concevons, s’est retirée des êtres, plantes, animaux, firmament, objets sensibles, pour se reporter et se concentrer tout entière dans l’Être unique dont ils sont les œuvres et les jouets. […] Y avait-il auparavant quelque exemple qu’une femme pût concevoir sans la société d’un homme ?
Et bien malavisés, ce me semble, seraient ceux qui dénieraient à la poésie le droit et la faculté d’aller se retremper dans une interprétation ainsi conçue des forces de la nature. […] On conçoit tout ce qu’a d’innocent et de puéril cette petite guerre faite, dans un style plus mesuré que chevaleresque, à coups de vulgaires histoires et de contes inoffensifs. — À ne considérer que cette face de son talent, M. […] Rien de plus étroitement conçu et de moins vivant.
Nature, humanité, astronomie, sciences naturelles, mathématiques, religion, beaux-arts, histoire, psychologie, tout doit rentrer dans la philosophie comme je la conçois. […] On conçoit alors que, de ces cent vingt cours quotidiens, un seul ait passionné à fond Amiel : celui de géographie. […] Il suffisait d’imaginer les grands hommes ordinaires, purs de leur première erreur, ou de s’appuyer sur cette erreur même pour concevoir un degré de conscience plus élevé, un sentiment de la liberté d’esprit moins grossière. » Je crains qu’Amiel et Teste ne soient dupes d’une illusion.
En 1887, j’émis dans la préface de mon second roman, Contempler, une fois pour toutes, le principe de mes idées sur le roman que je ne conçois qu’essentiellement romanesque. […] Ce que vous appelez rêve et fantaisie est la vraie réalité pour qui a conçu ce rêve ou cette fantaisie. […] Les poètes sont imminents qui, prenant leur titre à sa primordiale acception, dévoileront leur propre Monde loyalement conçu par eux sans qu’ils se soient anéantis dans une cérébralité exacerbée, n’affichant aucune ingratitude envers l’univers de Dieu, leur ensealissime Principal. […] Chacun de nous conçoit un monde, d’accord. […] … Ô ce théâtre que Dieu lui-même, en la loge grandiose, suivra de sa prunelle de soleil, puisqu’il sera conçu pour l’Éternité !