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849. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Assez intelligent pour comprendre tout ce que ce nouvel élément, non employé encore, apporte de richesses et de couleurs à l’historien, il s’efforce de se mettre au courant. […] …” Il ne comprenait rien à la réalité, elle n’existait pas pour lui… Il avait des mots superbes. […] ” « Par là-dessus très maladroit ; l’arrangement qui le porta à l’Académie, il n’y comprit jamais rien. […] Il ne comprend pas cette application du critique, à trouver chez lui un côté amoureux, sentimental, élégiaque, dont il a horreur. […] — Mais comment voulez-vous, lui disons-nous, que le père Beuve, malgré son touchant désir de tout comprendre, comprenne à fond un talent comme le vôtre ?

850. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

Chose étonnante que toute cette première période de la carrière oratoire de Bossuet ait été éclipsée tout entière et comme éteinte aux yeux de la postérité par l’éclat de la seconde période, et que des historiens de Bossuet eux-mêmes, tels que M. de Bausset, se soient figuré qu’elle avait été peu comprise, peu appréciée par les contemporains de la jeunesse du grand orateur ! […] Il se dévoua tout entier à l’instruction de ses diocésains, prêchant fréquemment dans sa cathédrale, où j’ai été étonné d’apprendre que son peuple finit par négliger de l’entendre, soit que son admirable talent eût diminué, ou que l’habitude trop répétée en eût affaibli l’impression ; soit, ce qui est plus probable, que Bossuet ayant pris celle des considérations les plus élevées, et traitant des matières au-dessus de la portée du vulgaire, ses auditeurs fussent dans le cas de lui adresser le reproche que faisait à saint Chrysostome une bonne femme d’Antioche : Père, nom t’admirons, mais nous ne te comprenons pas.

851. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Si par malheur vous comprenez peu et que vous n’aimiez guère la poésie ; si vous n’avez pas reçu de la nature le sens délicat de la mélodie, le goût exquis du chant, et que vous vous trouviez embarrassé pour apprécier directement le mérite d’un poète, écoutez-le une demi-heure parler en prose ; et si sa prose est molle, vide d’idées, sans éclat, sa poésie court grand risque d’être elle-même pauvre, pâle et chétive ; osez-le ranger impitoyablement parmi les versificateurs. […] Cuvier est un homme de génie lui-même ; arrivé à ces hauteurs de la science où elle se confond presque avec la poésie, il était digne de comprendre et de célébrer le poète philosophe qui, dans l’incertitude de ses pensées, avait plus d’une fois plongé jusqu’au chaos, et demandé aux éléments leur origine, leur loi, leur harmonie : Aristote pouvait donner la main à Platon.

852. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Le poète romantique par excellence, c’est Le Dante ; il adorait Virgile, et cependant il a fait la Divine Comédie, et l’épisode d’Ugolin, la chose au monde qui ressemble le moins à l’Énéide, c’est qu’il comprit que de son temps on avait peur de l’enfer. […] À chaque instant Shakspeare fait de la rhétorique, c’est qu’il avait besoin de faire comprendre telle situation de son drame, à un public grossier et qui avait plus de courage que de finesse.

853. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Des motifs valables pour d’autres ne l’étaient pas pour moi ; je ne pouvais comprendre qu’en politique on pût se décider d’après ses préférences. […] C’est pourquoi, lorsque nous voulons comprendre notre situation présente, nos regards sont toujours ramenés vers la crise terrible et féconde par laquelle l’Ancien Régime a produit la Révolution, et la Révolution le Régime nouveau.

854. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

On comprendra aisément que l’emploi en est délicat, puisqu’il faut que le lecteur soit en état d’ajouter et de retrancher, en qualité et en quantité, au sens rigoureux des mots, précisément ce qui leur manque pour équivaloir à la pensée de l’écrivain, dont il n’a point de connaissance directe, et dont il faut lui faire deviner le degré précis et la nuance exacte. […] « S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. » (Pascal.)

855. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Il se peut que ses romans, mal compris, soient pour quelque chose dans les erreurs de Mme Bovary ; mais alors c’est aussi grâce à eux qu’il lui reste assez de noblesse d’âme pour chercher un refuge dans la mort. […] La première, je crois, elle a vraiment compris et aimé le paysan, celui qui vit loin de Paris, dans les provinces qui ont gardé l’originalité de leurs mœurs.

856. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Charles Morice Gustave Kahn a compris que, pour les projets qui s’imposent, ni la prose seule, ni les vers seuls ne suffisent. […] Je comprendrais la raison de cet ostracisme si l’œuvre qu’il avait donnée, au début, n’avait pas répondu à l’opinion qu’on se fit de sa réforme.

857. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Blaguer la musique de nos pères, admirer Franck, vibrer à la musique de Wagner, tâcher d’être apte à comprendre Beethoven. […] Jules Lemaître. — Appartient à cette catégorie de normaliens — c’est la plus dangereuse — qui feignent de comprendre quelque chose.

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