L’exécution, menée en commun par d’Alembert et Diderot, fut meilleure au commencement, tant que le plus sage des deux promoteurs de l’entreprise, d’Alembert, eut la main au gouvernail119. […] Ses défauts ont profité d’une certaine morale qui a eu cours en ces dernières années, sur l’incompatibilité du génie avec la sagesse commune. […] Sous sa main, la langue, parmi quelques pertes, s’enrichit, et pareille à l’arbre dont parle Virgile, si par moments son nouveau feuillage l’étonne ; elle le reconnaît comme sorti du tronc commun.
A-t-on jamais dit plus ingénieusement & plus sagement : Sans une crédulité prodigieuse, comment auroit-on pu trouver des millions d’hommes disposés à se battre dans des querelles qui n’ont rien de commun avec leurs intérêts ? […] C’est dans ce cas que la vigilance & l’activité sont absolument nécessaires, & qu’il est absurde de confondre leurs efforts communs avec un acharnement indiscret. […] Rousseau, qui a dit des Philosophes du siecle, qu’ils ne s’accordoient & n’avoient raison qu’en un seul point, dans le mépris qu’ils ont les uns pour les autres ; ni M. de Buffon, dont les Ecrits n’ont rien de commun avec les leurs, & dont la supériorité a toujours dédaigné de connoître leurs querelles & de recourir à leurs intrigues.
L'Auteur, par une ruse assez commune aux Philosophes, s'est plu à rassembler les objections les plus fortes, & à accumuler une infinité de sophismes contre l'immortalité de l'ame & en faveur de l'athéisme. […] La raison commune s’est donc soumise dans tous les temps à une raison qu’elle reconnoissoit supérieure & préférable à elle-même ; &, en matiere de Religion, l’Homme, si souvent trompé par ses semblables, balotté depuis si longtemps par tant de systêmes plus absurdes les uns que les autres, refuseroit de s’attacher à une regle invariable, de s’en rapporter à son Dieu ! […] J'ai consulté les Philosophes, j'ai feuilleté leurs livres, j'ai examiné leurs diverses opinions : je les trouve tous fiers, affirmatifs, dogmatiques, même dans leur septicisme prétendu, n'ignorant rien, ne pouvant rien, se moquant les uns des autres ; & ce point commun m'a paru le seul sur lequel ils ont tous raison : triomphans quand ils attaquent, ils sont sans vigueur en se défendant.
Les lois communes se seraient mieux fait sentir, lorsque les différences auraient été bien accusées. […] Comme il n’a jamais rien pensé d’une manière commune, il nous eût laissé sur ce point des observations intéressantes et instructives9. […] A la liberté de privilège, la démocratie cherche à substituer la liberté de droit commun.
Au nombre des procédés qui sont communs aux littératures merveilleuses allemande et indigène, je citerai, tout en m’efforçant de rester aussi bref que possible : La gifle qui semble décapiter la personne à qui on l’applique. […] L’association de héros merveilleusement doués que j’ai signalée comme un des thèmes favoris des conteurs noirs est aussi un procédé commun aux littératures germanique et indigène. […] Enfin, sans comparer spécialement à telle ou telle fraction de la littérature indo-européenne, nous aurons à mettre en regard des procédés généraux communs de celle-ci les procédés indigènes ci-après : La croyance à la voix du sang.
Quelles ressources pour un romancier, dans cet empire colonial universel, vivant et fréquemment parcouru ; quelles inspirations multiples et toujours dominées par le souvenir de l’immense cité du bord de la Tamise ; quelle saine rénovation des thèmes les plus communs ! […] Ils la connaissaient sous ses divers aspects, égalité de nature, égalité dans la souffrance et dans le mérite, égalité devant la mort, égalité dans la destinée immortelle, et, s’ils étaient tentés de l’oublier, un grand fait venait la leur rappeler, et c’était, aux mêmes fêtes chrétiennes qui les réunissaient, la participation de tous aux mêmes sacrements, la même dignité morale reconnue aux maîtres et aux serviteurs, aux riches et aux pauvres, égalité, en somme, la plus parfaite, puisqu’elle s’opère par la commune grandeur des hommes. […] Et obligés de dire le mal, de le peindre, de vous en servir comme d’un élément trop réel et trop commun, ne le faites pas aimer.
Or, rien ne nous empêche d’imaginer autant de consciences humaines qu’on voudra, disséminées de loin en loin à travers la totalité de l’univers, mais juste assez rapprochées les unes des autres pour que deux d’entre elles consécutives, prises au hasard, aient en commun la portion extrême du champ de leur expérience extérieure. […] Mais les deux expériences ont une partie commune. […] Nous prétendons que ce pourrait aussi bien être celle d’Einstein, et que la théorie de la Relativité est plutôt faite pour confirmer l’idée d’un Temps commun à toutes choses.
Nous nous en rapprocherons d’ailleurs indéfiniment, par le commun effort des bonnes volontés associées. […] Que d’ailleurs ces deux existences — matière et conscience — dérivent d’une source commune, cela ne me paraît pas douteux. […] La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles, bénéficie des efforts de tous et rend à tous leur effort plus facile.
Parlant de l’évêque politique en Bossuet, et des considérations de cabinet qui influèrent si fort sur sa conduite, sur ses discours officiels en toute circonstance, cet homme d’esprit disait il y a plus de trente ans : « Après tout, c’est un conseiller d’État. » Tout récemment, et se reportant à ce trésor de beaux lieux communs qui sont le fonds inépuisable de son éloquence, il l’appelait encore « le sublime orateur des idées communes ». […] Fénelon lui-même a eu ses doutes, ou du moins ses luttes secrètes de sensibilité, ses alarmes ou ses tendresses : jeune, il a voulu aller au Canada ou en Grèce, et se faire missionnaire ; plus tard il a été mystique, et ne trouvant pas dans la lettre orthodoxe commune de quoi se satisfaire et se nourrir, il a raffiné.