La lecture poétique commence au point précis où s’achèverait la lecture prosaïque. […] … oui, sans doute, mais l’incantation, pure et simple, a commencé. […] Et les sages : quand donc commencerez-vous ? […] j’ai commencé une sorte d’« introduction à l’esthétique appliquée ». […] Elles n’arrêtent pas d’ailleurs l’analyse spirituelle : où finit-elle exactement, et où commencent les autres ?
Bientôt après il commença à caresser le plébéianisme prolétaire dans sa remarquable chanson des Gueux, véritable philosophie de la misère. […] « Près de la borne où chaque État commence « Aucun épi n’est pur de sang humain. […] Aussi l’opinion personnifiée et incriminée dans Béranger, son organe et son provocateur, commençait-elle à être poursuivie dans les tribunaux. […] À dater de ce jour, tantôt chez lui, tantôt chez moi, nous ne cessâmes pas de nous voir et nous commençâmes à nous aimer. […] « Le lendemain matin j’étais chez Laffitte quand on commença à jeter le nom du roi futur dans le peuple.
Quand on a établi la filiation des dogmes, ou la classification des poëmes, ou le progrès des constitutions, ou la transformation des idiomes, on n’a fait que déblayer le terrain ; la véritable histoire s’élève seulement quand l’historien commence à démêler, à travers la distance des temps, l’homme vivant, agissant, doué de passions, muni d’habitudes, avec sa voix et sa physionomie, avec ses gestes et ses habits, distinct et complet comme celui que tout à l’heure nous avons quitté dans la rue. […] L’Allemagne, avec son génie, si pliant, si large, si prompt aux métamorphoses, si propre à reproduire les plus lointains et les plus bizarres états de la pensée humaine ; l’Angleterre avec son esprit si exact, si propre à serrer de près les questions morales, à les préciser par les chiffres, les poids, les mesures, la géographie, la statistique, à force de textes et de bon sens ; la France enfin avec sa culture parisienne, avec ses habitudes de salon, avec son analyse incessante des caractères et des œuvres, avec son ironie si prompte à marquer les faiblesses, avec sa finesse si exercée à démêler les nuances ; tous ont labouré le même domaine, et l’on commence à comprendre qu’il n’y a pas de région de l’histoire où il ne faille cultiver cette couche profonde, si l’on veut voir des récoltes utiles se lever entre les sillons. […] C’est d’elle qu’il faut partir pour commencer l’évolution ultérieure. […] Arrivés là nous pouvons entrevoir les principaux traits des transformations humaines, et commencer à chercher les lois générales qui régissent non plus des événements, mais des classes d’événements, non plus telle religion ou telle littérature, mais le groupe des littératures ou des religions. […] Rien de plus délicat et rien de plus difficile ; Montesquieu l’a entrepris, mais de son temps l’histoire était trop nouvelle, pour qu’il pût réussir ; on ne soupçonnait même point encore la voie qu’il fallait prendre, et c’est à peine si aujourd’hui nous commençons à l’entrevoir.
* * * — Quelqu’un, ce soir, disait que l’impure commençait à manquer sur le marché de Paris. […] Le crépuscule commençait à tomber. […] À l’âge de quatorze ans, il a commencé à être décapité par les Taï-Ping, et n’a dû son salut qu’à sa queue, qu’il se désole d’avoir moins belle que celle de ses compatriotes. […] On attache même une certaine importance à la rapidité du faire, et le compagnon du peintre a été regarder l’heure à la pendule, quand l’artiste a commencé ! […] D’abord pour commencer, ce fut au milieu, comme toujours, un bec d’un oiseau devenant un oiseau, puis encore trois autres becs, trois autres oiseaux : le premier grisâtre, le second au ventre blanc, aux ailes vertes ; le troisième ayant l’apparence d’une fauvette à tête noire ; le quatrième avec du rouge dans le cou d’un rouge-gorge.
Quelquefois et, comme ceci est plus particulier, je recours au texte quelquefois on peut être étonné de ce qu’une fable qui commence exactement d’après la même méthode, si je peux employer ce mot, qui commence par une description de la nature un certain jour de l’année, ne se termine pas de la même façon, se termine sans qu’il y ait de péripétie, sans que, à l’état paisible de la nature, au commencement, un état plus funeste soit décrit vers la fin. […] La fable commence largement, amplement, avec une sorte d’infinitude. […] L’un commence : « Il a dit que, l’aurore levée, L’on fît venir demain ses amis pour l’aider. » — « S’il n’a dit que cela, repartit l’alouette, Rien ne nous presse encor de changer de retraite ; Mais c’est demain qu’il faut tout de bon écouter. […] Songez-y bien, tous les autres amours, toutes les autres affections ont un mélange d’intérêt, ont un mélange « d’amour-propre » dans le sens que La Rochefoucauld donne à ce mot, ont un mélange d’esprit de retour sur soi-même, à commencer par l’amour proprement dit. […] Or, pour commencer, La Fontaine a-t-il été romantique ?
Si l’homme avait inventé le langage et fondé la société, il faudrait savoir par où il a commencé, ce qui ne serait pas un médiocre embarras. […] D’ailleurs la science des étymologies est encore bien récente : espérons que la connaissance des langues orientales, qui commence à se répandre en Europe, nous fournira, par la suite, d’autres données. […] Il fallait commencer par faire comprendre ce qu’il y a de l’âme dans cette voix de l’homme, qui est un souffle de Dieu. […] Déjà la science des étymologies commence à n’être plus une science aussi conjecturale. […] Leurs livres sibyllins n’existaient plus dans le temps où les Romains commencèrent à cultiver les lettres.
Dans le désordre apparent de sa narration, Joinville commence par un trait principal et caractéristique : c’est qu’en plusieurs occasions signalées, saint Louis mit son corps et sa personne en péril de mort pour épargner dommage à son peuple. […] Comme tous les jolis récits et les anecdotes de Joinville, qui remplissent la première moitié de son Histoire, ne se rapportent qu’à un temps postérieur à la croisade et aux années qui suivirent le retour, je remettrai d’en parler jusque-là, et je le prendrai au moment où lui-même commença de connaître saint Louis, et de s’attacher à ce prince, c’est-à-dire au début de la croisade. Saint Louis, né le 25 avril 1214 ou 121588, roi en 1226 à l’âge de douze ans sous la tutelle de sa sage et prudente mère, arrivé à sa majorité vers 1236, avait grandement commencé à ordonner son royaume d’après de bonnes lois, à y réprimer les entreprises des seigneurs, à y faire prévaloir la justice, la piété, à se faire respecter de ses voisins pour son amour de la paix et sa fidélité à ses engagements, lorsque, ayant été pris d’une grande maladie (décembre 1244), et étant tombé dans un tel état qu’on le crut mort, et qu’une dame qui le gardait voulait déjà lui tirer le drap sur le visage, il conçut au fond de son âme la pensée de se croiser ; au premier moment où il se sentit mieux et où il recouvra l’usage de ses sens, il appela à son lit l’évêque de Paris. […] Joinville nous raconte ses impressions successives et ses émerveillements qui commencent dès le port, et qui nous instruisent d’ailleurs des détails de la navigation à ces époques : Au mois d’août, dit-il, nous entrâmes en nos nefs à la Roche de Marseille, et le jour que nous y entrâmes, on fit ouvrir la porte de la nef et l’on mit dedans tous nos chevaux que nous devions mener outre-mer : et puis referma-t-on la porte, et on la boucha bien ainsi qu’on fait d’un tonneau, parce que quand la nef est en mer, toute la porte est sous l’eau.
L’évocation de la Garonne et du dieu du fleuve est du genre burlesque et n’est qu’une parodie qui put paraître agréable à ceux que ne rebutait point Scarron : Il (le fleuve) se moucha, cracha, toussa, Puis en ces mots il commença… N’oublions point cette différence essentielle entre les modernes et les anciens. Les anciens ont commencé par observer et par peindre directement la pure nature. […] Les Ausone, les Numatianus commençaient pourtant à la décrire avec amour, quand la barbarie survint, refermant les communications, ramenant les périls ; et avec le moyen âge cette nature redevint toute repoussante et pleine de laideur ou d’effroi. […] Il se commença donc une conversation assez plaisante : Les unes disaient que Ménage Avait l’air et l’esprit galant ; Que Chapelain n’était pas sage.
Lorsque Cowper s’était senti mieux et plus fort d’esprit, il avait commencé une correspondance avec un petit nombre d’amis, et il la suivit sans interruption pendant plusieurs années ; c’est là surtout qu’on apprend à le connaître et à pénétrer dans les mystères de son esprit ou de sa sensibilité. […] Il y a telle lettre où il commence par dire qu’il n’a rien à dire, et, sous prétexte de cela, il se met à trouver de très jolies choses et très sensées ; il y donne toute la théorie de la correspondance familière entre amis : écrire toujours, un mot chassant l’autre, et laisser courir la plume sans y tant songer, comme va la langue quand on cause, comme va le pas quand on chemine. […] Ici les grands accidents commencent : le cheval va plus vite qu’il ne faudrait, les cruchons dansent, le cheval s’emporte ; chapeau, perruque et manteau volent au vent. […] Puis l’invention commença, grossière en naissant et pesante : on eut l’escabeau à trois pieds, la table massive qui servait de siège : l’immortel Alfred n’avait point d’autre trône, et c’est de là que, sceptre en main, il vendait la justice à ses royaumes enfants.