Oui, c’est bien ainsi, à supposer qu’au lieu d’écrire pour George III elle se fût adressée à l’un de ses amis de France, c’est ainsi que les mots auraient sauté de son cœur sur le papier. […] Mme Elliott, le cœur plein de ces horreurs, lui dit quelles étaient bien faites, elle l’espérait, pour guérir enfin tous les admirateurs de cette hideuse Révolution. […] Mme Elliott, la belle compatriote de Marie Stuart et de Diana Vernon, est de la race la plus opposée à celle de ces hommes de peur (chickenhearted) au cœur amolli. […] Il se nommait Rutan et était de Nancy ; c’était un noble et excellent jeune homme, qui n’avait point émigré par affection pour le pauvre Biron, quoique de cœur il fût avec les princes. […] Elle ne put s’empêcher tout d’abord de lui jeter à la face la pensée dont son cœur était plein, et de lui dire qu’elle le supposait en deuil apparemment de la mort du roi : il sourit d’un air contraint et dit qu’il était en deuil de son beau-père le duc de Penthièvre.
La littérature d’imagination a suivi une marche inégale ; mais la connaissance du cœur humain et de la morale qui lui est propre, s’est toujours perfectionnée progressivement. […] Ces ressorts, plus extérieurs qu’intimes, n’ont point permis à l’homme de connaître les secrets du cœur de l’homme ; et la philosophie morale y a perdu sous plusieurs rapports. […] Si un homme d’honneur était susceptible de quelque crainte, il la repousserait avec tant d’énergie, qu’il n’aurait jamais l’occasion ni la volonté de l’observer dans son propre cœur. […] L’étude du cœur humain n’était pour eux que celle de la force ou de la faiblesse. […] Ce ne sont ni les préjugés de la société, ni les opinions philosophiques qui disposent de notre cœur ; c’est la vertu, telle que le ciel l’a créée, vertu d’amour ou vertu de sacrifice, mais toujours délicatesse et vérité.
La charité n’entre pas dans le cœur de l’homme sans combat : car elle y trouve un éternel adversaire, l’orgueil, premier-né de l’égoïsme et père de la haine. […] Elle rafraîchit tous les bons sentiments du cœur, et, dans ce siècle de tempêtes, elle répand une merveilleuse sérénité dans l’âme. […] Pour se faire d’avance aux jours des grands supplices Un cœur plus fort, Ils essayaient leur tombe et voulaient par prémices Goûter la mort ! […] Descendez, descendez au fond des Catacombes, Aux plus bas lieux ; Descendez, le cœur monte, et du haut de ces tombes On voit les cieux ! […] Vinet, n’aurait combattu qu’en le révérant, en le reconnaissant pour un frère selon le cœur et l’intelligence.
Un cœur honnête était tout son trésor. […] Mais pourquoi une triste prévoyance alarmerait-elle ton cœur ? […] que ce cœur doit être insensible et farouche ! […] qu’en résulte-t-il pour le cœur ? […] Son cœur est flétri, et il n’a point eu de passions.
Voici, si je ne me trompe, le secret du cœur humain pleinement dévoilé à cet égard. […] Son cœur n’attend pas l’examen pour bondir de joie, la regle pour pleurer d’attendrissement, le goût pour admirer. […] Sous la burre on peut avoir un cœur & un esprit de Roi, ainsi qu’il y a souvent sous la pourpre un cœur & un esprit bas. […] Le cœur de l’homme a une fibre qui tient au cœur des autres hommes. […] A chaque regard qu’il laisse tomber sur les objets, un trait de lumière naît dans sa pensée, ou un trait de flamme embrâse son cœur.
On engendre aussi par le cœur. […] Pour le cœur, la chose est aisée. On connaît son cœur par sa conscience. […] Rouher parlait d’abondance de cœur. […] mon cœur se brise !
En souvenir de cette autre « servante au grand cœur », la veuve de M. […] Le cœur en est charmé. […] — Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? […] Ce n’est pas le sang de son cœur d’homme, ou, si l’on veut, d’enfant naïf, — d’un cœur que les douleurs ont rafraîchi, ont fait revivre et que la foi exalte puissamment — qui se répand encore dans ses ouvrages. […] vieux cœur, allons !
Les premiers inventeurs du bain n’ont pas songé qu’il fût un remede propre à guerir de certains maux, ils ne s’en sont servis que comme d’un rafraîchissement agréable durant la chaleur, lequel on a découvert depuis être utile pour rendre la santé dans certaines maladies : de même les premiers poëtes et les premiers peintres n’ont songé peut-être qu’à flater nos sens et notre imagination, et c’est en travaillant pour cela qu’ils ont trouvé le moïen d’exciter dans notre coeur des passions artificielles. […] C’est, sans nous attrister réellement, que la piece de Racine fait couler des larmes de nos yeux : l’affliction n’est, pour ainsi dire, que sur la superficie de notre coeur, et nous sentons bien que nos pleurs finiront avec la répresentation de la fiction ingenieuse qui les fait couler. […] Cette émotion artificielle n’en est que l’occasion ; elle fomente dans le coeur d’une jeune personne qui lit les romans avec trop de goût, les principes des passions naturelles qui sont déja en elle, et la dispose ainsi à concevoir plus aisément des sentimens passionnez et serieux pour ceux qui sont à portée de lui en inspirer : ce n’est point Cyrus ou Mandane qui sont le sujet de ses agitations. […] Il est bien rare de trouver des hommes qui aïent en même tems le coeur si sensible et la tête si foible ; supposé qu’il en soit veritablement de tels, leur petit nombre ne merite pas qu’on fasse une exception à cette regle generale : que notre ame demeure toujours la maîtresse de ces émotions superficielles que les vers et les tableaux excitent en elle.
On passe alors de la grandeur à la douceur des images : sous l’ombrage, des forêts, on parcourt l’empire de l’Ange de la solitude ; on retrouve dans la clarté de la lune le Génie des rêveries du cœur ; on entend ses soupirs dans le frémissement des bois et dans les plaintes de Philomèle. […] C’est l’Ange des saintes amours qui donne aux vierges un regard céleste, et c’est l’Ange des harmonies qui leur fait présent des grâces ; l’honnête homme doit son cœur à l’Ange de la vertu, et ses lèvres à celui de la persuasion. Rien n’empêche d’accorder à ces esprits bienfaisants des marques distinctives de leurs pouvoirs et de leurs offices : l’Ange de l’amitié, par exemple, pourrait porter une écharpe merveilleuse, où l’on verrait fondus, par un travail divin, les consolations de l’âme, les dévouements sublimes, les paroles secrètes du cœur, les joies innocentes, les chastes embrassements, la religion, le charme des tombeaux, et l’immortelle espérance.