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351. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Alors, les mauvaises mœurs rongeaient la société chrétienne jusqu’au cœur du prêtre, et l’hérésie, cette autre corruption spirituelle, pourrissait l’esprit même du sacerdoce. […] Mais le célibat des prêtres, c’était, à ce moment, toute la discipline chrétienne et la morale même dans sa source. » Certes ! […] Tous les intérêts du temps, l’avenir des institutions chrétiennes, remplissaient sa vaste pensée.

352. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Les ruffians de Séville, dit Ambrosio de Salazar, dans son Miroir général de la Grammaire, ont toujours été réputés vaillants mâles, plus lestes qu’aucun moine à expédier un chrétien avec le viatique d’un blasphème et du sang frais en guise d’huiles saintes. » Voilà la manière de José-Maria de Heredia, — de ce peintre qui ne porte pas pour rien, comme vous voyez, un nom espagnol. […] L’indomptable, l’ineffaçable chrétien respire toujours dans le capitaine d’aventure, dans le Jason de cette toison d’or, qui était plus touché de voir planter une croix dans le sol conquis que de voir arracher l’or, par paquets, de ses entrailles ! […] Et cependant l’homme de sac et de corde espagnol, l’aventurier à la diable, avait quelque chose de commun avec le pur Sénéchal, et c’est la foi chrétienne, qu’il n’a jamais perdue !

353. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Fénelon, cet homme de foi et d’amour au xviie  siècle, s’il avait senti passer sur lui les mauvais courants du xixe n’aurait peut-être été non plus qu’un sceptique, versant, de désespoir de n’être pas davantage, dans une espèce de fatalisme chrétien, comme Alfred de Vigny — il faut bien le dire, car le livre l’atteste, — y avait versé. […] À une époque encore où les poètes les plus chrétiens d’inspiration introduisent dans leur Christianisme poétique je ne sais quel lâche élément épicurien, car la douleur elle-même a sa sensualité, rien de plus frappant que de voir ce que jusque-là on n’avait pas vu : le Stoïcisme en poésie nous écrivant, par la main la plus douce qui ait jamais existé, des vers de cette virilité d’idées et de cette simplicité d’expression : Hélas ! […] Tel que l’on croit complet et maître en toute chose Ne dit pas les savoirs qu’à tort on lui suppose, Et qu’il est tel grand but qu’en vain il entreprit, — Tout homme a vu le mur qui borne son esprit » Enfin, — car il faut se borner, — dans une pièce intitulée : Jésus au mont des Oliviers, où l’âme du chrétien, rouverte un moment, se referme tout à coup, redevenue rigide, je trouve ces vers d’une stoïcité presque impie, qui vont assez avant dans l’inspiration du poète pour qu’on en comprenne la profondeur et pour que rien ne soit citable après : ……………………………………………… Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité.

354. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Tous entonnent avec lui le Noël chrétien, et puis son allocution ranime les vieux souvenirs. […] L’église chrétienne ouverte à tous, chante et prie devant tous, pour tous, sans demander à personne ses raisons.

355. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Et quand enfin le jansénisme, comme avant lui le protestantisme, n’aurait rendu d’autre service à l’idée chrétienne que d’en imposer la préoccupation aux « gens du monde », c’en serait assez pour notre objet. […] On ne saurait être ensemble chrétien et cartésien ! […] Le mot est de Massillon, à qui l’on demandait, fort impertinemment, s’il se flattait de surpasser, en montant après eux dans la chaire chrétienne, les Bossuet et les Bourdaloue. « Je prêcherai autrement », répondit-il à l’indiscret. […] Pressensé, Les Trois Premiers Siècles de l’Église chrétienne ; et Ad. […] 3º Les Œuvres. — La Recherche de la vérité, 1674-1675 ; — Conversations chrétiennes, 1676 ; — Traité de la nature et de la grâce, 1680 ; — Méditations chrétiennes, 1683 ; — Traité de morale, 1684 ; — Entretiens sur la métaphysique, 1688 ; — Traité de l’amour de Dieu, 1697 ; — Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois, 1708 ; — Réponses à M. 

356. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

La confession finale de Mme de Longueville, que nous lirons, ne nous paraîtra que la traduction chrétienne des Maximes. […] Voici la traduction chrétienne et moralement rigoureuse de ce trait d’apparence charmante. […] Dans les entretiens du soir, le bon Arnauld, près de s’endormir au coin du feu, et rentrant tête baissée dans l’égalité chrétienne, défaisait tout doucement ses jarretières devant elle, ce qui la faisait un peu souffrir. […] Voilà sa gloire chrétienne, que les inévitables défauts ne doivent pas obscurcir. […] Mais quel charmant et sérieux exemple de la maîtresse de maison, chrétienne rigoureuse et pourtant aimable !

357. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Oui, il y avait en ce temps-ci un critique sagace, précis, clairvoyant, et, quand il le fallait, sévère, qui obéissait en tous ses mouvements à un esprit chrétien de charité. […] Vinet une occasion naturelle de développer ses propres vues, et d’exposer dans Pascal l’homme et le chrétien.

358. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Or, voilà un côté immense que la religion chrétienne embrasse de plus que l’idolâtrie. […] que le poète chrétien est plus favorisé dans la solitude où Dieu se promène avec lui !

359. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

. — Enfin la sagesse parmi les Hébreux et ensuite parmi les Chrétiens a désigné la science des vérités éternelles révélées par Dieu ; science qui, considérée chez les Toscans comme science du vrai bien et du vrai mal, reçut peut-être pour cette cause son premier nom, science de la divinité. D’après cela, nous distinguerons à plus juste titre que Varron, trois espèces de théologie : théologie poétique, propre aux poètes théologiens, et qui fut la théologie civile de toutes les nations païennes ; théologie naturelle, celle des métaphysiciens ; la troisième, qui dans la classification de Varron est la théologie poétique42, est pour nous la théologie chrétienne, mêlée de la théologie civile, de la naturelle, et de la révélée, la plus sublime des trois.

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