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1021. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Ayant, dans ces dernières années, passé un hiver à Charleston, en compagnie de mon digne ami Bachman, je remarquai que ce charmant oiseau faisait son apparition dans cette ville et les faubourgs, au mois de décembre. […] Il est d’une humeur si charmante et si gaie ! […] Elle était, du moins je la trouvais alors, suffisamment grande pour mes études : mon papier, mes crayons et parfois un volume des contes si naturels et si charmants d’Edgeworth ou des fables de la Fontaine m’y procuraient d’amples jouissances.

1022. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

« Ô charmante simplicité ! […] Le mot est trop sévère pour tout ce qu’expriment d’aimable, de tendre, de charmant, ces pages où Vauvenargues semble moins un critique appréciant Racine, qu’une belle âme parlant de la plus douce de ses amitiés intellectuelles. […] » C’est un chant qui lui échappe en contemplant l’idéal même de « la simplicité charmante. » Rien de plus vrai que ses vives esquisses de La Fontaine, de Montaigne, de Pascal, de La Bruyère, où, n’en déplaise à la Harpe, il a si fort raison de trouver du pathétique.

1023. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Cette charmante petite ivresse de la vie qu’il porte en lui-même lui donne le vertige ; il ne voit le monde qu’à travers une vapeur doucement colorée ; jetant sur toutes choses un curieux et joyeux regard, il sourit à tout, tout lui sourit. […] L’auteur de ce charmant petit poème qu’on appelle le Cantique des Cantiques pouvait-il se douter qu’un jour on le tirerait de la compagnie d’Anacréon et de Hafiz pour en faire un inspiré qui n’a chanté que l’amour divin ? […] Voir dans le Dictionnaire philosophique de Voltaire le charmant article Gargantua, où il est prouvé par des arguments tout semblables à ceux des apologistes que les faits merveilleux de l’histoire de Gargantua sont indubitables.

1024. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

On se figure très bien sous ces voûtes sonores une chanson guerrière déclamée d’une voix tonnante, quelque conte gras et gaillard faisant éclater un gros rire sur de larges faces ; on entend à la rigueur un chant d’amour charmant l’ennui des longues soirées d’hiver où la châtelaine rêve et soupire. […] Les frères de Goncourt ont écrit : « Un temps dont on n’a pas un échantillon de robe, l’histoire ne le voit pas vivre », et Renan a quelque part défini la coquetterie « le plus charmant de tous les arts ». […] Zola, il y eut des bals du grand monde où les invités trouvèrent charmant de se présenter en blouse et en casquette.

1025. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

C’est d’un charmant, d’un coquet, ce seigneur : on dirait un homme rocaille, mais ce n’est pas vraiment le même homme que l’éphèbe romain. […] Puis Anna Deslions et Juliette se mettent à valser, et cette valse de la blonde et de la brune courtisane, toutes blanches et tout envolées dans ce salon tendu de reps rouge et non encore meublé, est un charmant spectacle. […] Le bon Soulié, qui nous guide, nous dit combien cette Marie-Antoinette, cette ombre charmante et dramatique de l’histoire, est l’occupation de la pensée de l’étranger.

1026. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

3 mars La princesse est aujourd’hui toute charmante, avec des moments comme attendris du plaisir de vous revoir, et en belle veine de causerie. […] * * * — Les militaires, tout charmants qu’ils peuvent être, sont à la longue un peu insupportables, par une tyrannie des idées et des pensées, une sorte d’habitude du commandement dans la causerie. […] Elle ne veut pas nous laisser partir ce soir, où il pleut, et le lendemain, au matin, lorsque j’étais encore au lit, elle m’envoie par Eugène un charmant billet au crayon, dans lequel, me demandant de mes nouvelles, elle me presse de m’installer à Catinat et d’amener ma Pélagie.

1027. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Banville avec son ironie à lui, ironie toute charmante dans sa forme bonhomme, raconte comme quoi Sarcey à une pièce quelconque de l’Odéon, jouée ces années dernières, l’a emmené boire un bock dans un café, et lui a dit tout à coup : « Vous savez, Hugo est un grand lyrique… Oui, ces temps-ci j’ai été emmené à la campagne par un ami… Il y avait dans une armoire de la chambre, où je couchais, un livre tout taché, tout dégoûtant… Les Feuilles d’automne, connaissez-vous ça ? […] Et toute la soirée chez Y…, chez X… et les autres, ce sont des paroles réfrigérantes : « Mounet est exécrable, Sisos manque de puissance, la petite Cerny est tout artificielle. » Puis, c’est la pièce, qui toute charmante, toute spirituelle qu’elle a été trouvée par le public, est critiquée avec une sévérité taquine et singulièrement malveillante. […] Et le décor est charmant autour de la femme.

1028. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants, Et dans cette nature étrange et symbolique Où l’ange inviolé se mêle au sphinx antique, Où tout n’est qu’or, acier, lumière et diamants, Resplendit à jamais, comme un astre inutile, La froide majesté de la femme stérile. […] Fait-il un hymne à la beauté, il s’écrie : Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques, De tes bijoux l’Horreur n’est pas le moins charmant.Voici d’ailleurs sous quelles couleurs il nous dépeint son propre cœur : Mon cœur est un palais flétri par la cohue ; On s’y soûle, on s’y tue, on s’y prend aux cheveux ! […] Il y a même des moments où Shelley dépeindra une chose avec des images que nous sommes forcés d’imaginer ; c’est une sorte de double évocation : Une Dame, la merveille de son sexe, dont la beauté Etait rehaussée par un esprit charmant, Qui, en se développant, avait formé son maintien et ses mouvements Comme une fleur marine qui se déroule dans l’Océan, Une Dame soignait le jardin de l’aube jusqu’au soir325… » Nos symbolistes, outrant encore cette poésie de rêve, en sont arrivés à la poésie de l’impression pure et simple.

1029. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Gabriel Faure, que nous publions bien volontiers, car ce jeune et brillant écrivain, auteur de la Dernière journée de Sapho, de l’Amour sous les lauriers roses, donne lui-même des exemples charmants de ce « roman artistique » dont il nous apporte ici une brève esquisse : Mon cher confrère, J’ai suivi très soigneusement les feuilletons que vous avez consacrés à la vie littéraire contemporaine, et je viens de lire, avec un intérêt tout particulier vos deux articles sur le roman. […] Il aurait fait école…   Pierre de Querlon : « mort si prématurément le 7 juin 1904 à l’âge de vingt-quatre ans, laissa la matière de trois volumes… Vivre peu, vivre bien, intensément, se condenser en un art très pur de fond et de forme, très humain, mais aussi élégant que possible (car il n’avait pas le temps de commettre des fautes de goût), telle était la religion de cet écrivain charmant. […] petite Margot, tu es charmante et douce.

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