/ 1536
1030. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

On cite encore aujourd’hui ses remerciements et ses discours en vers, et son discours de la mollesse ; et cette fameuse épître, où, selon un poète anglais, un peu de mauvaise humeur, il fit deux cents vers pour chanter que Louis n’avait pas passé le Rhin.

1031. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Mais la même raison qui a dû faire tomber tous ces genres d’éloges déclames ou chantés, écrits ou parlés, ou ridicules ou ennuyeux, ou vils ou du moins très inutiles à tout le monde, excepté à celui à qui on les paie, a dû au contraire accréditer les panégyriques des grands hommes qu’on peut louer sans honte, parce qu’on les loue sans intérêt, et qui, dans des temps plus heureux, ayant servi l’humanité et l’État, offrent de grandes vertus à nos mœurs, ou de grands talents à notre faiblesse.

1032. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Nous avons en grec la brusque entrée d’un dithyrambe : À moi, Bacchus ; à moi de chanter ; à moi d’errer sur les montagnes, en y sacrifiant avec les naïades !

1033. (1929) Amiel ou la part du rêve

Le voilà qui entend Jenny Lind et qui écrit : « Je ne me rappelle pas avoir été plus complètement heureux qu’après la Création de Haydn, et la Norma chantée par Lind. » Il fréquente quelques bonnes familles allemandes, comme les Dietrich, et Mme Dietrich lui prédit la place que les femmes tiendront dans sa vie. […] On comprend qu’il ait décrié l’enseignement de nos lycées, exprimé son mépris pour nos Facultés, chanté son cantique d’actions de grâces devant la liberté critique d’une Faculté allemande. […] Et Amiel a chanté l’Escalade. […] Puis un Avril d’Orient est chanté sur l’air du Chalet en un costume d’argent voilé de gaze bleue : est-ce le nom de Céleste qui l’exige ? […] Leur tige de paille, est cousine du roseau qui chante dans l’Après-Midi d’un Faune.

1034. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

l’Azur triomphe, et je l’entends qui chante Dans les cloches. […] Chanter l’absence du poète ? […] Ainsi que Shelley chanta l’hymne de feu à la Vie de la Vie, Mallarmé sur lui-même cherche un thème pour la Mort de la Mort. […] chante le refrain d’une ballade de Banville. […] Comme dans les pertes de la mémoire, cela lui reste en dernier qui a été acquis en premier, et cela c’est le mot que tous, enfants, nous avons chanté pour lui-même avant de l’employer comme un signe.

1035. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Le boulanger au gras sourire Chante un vieil air. […] Quand, pour quelque médianoche, Façonné comme une brioche, On sort le pain, Quand, sur les poutres enfumées, Chantent les croûtes parfumées Et les grillons, Que ce trou chaud souffle la vie, Ils ont leur âme si ravie Sous leurs haillons, Ils se ressentent si bien vivre, Les pauvres Jésus pleins de givre, Qu’ils sont là, tous, Collant leurs petits museaux roses Aux grillages, grognant des choses Entre les trous, Tout bêtes, faisant leurs prières, Et repliés vers ces lumières Du ciel rouvert, Si fort qu’ils crèvent leur culotte Et que leur chemise tremblote Au vent d’hiver. […] que du temps de la place Royale (second séjour), un peu avant l’élection à la Présidence de Louis Bonaparte, celui-ci fréquentait chez le grand homme, où apparaissait, rayonnante de grâce, de pétulance et de beauté enflammée, Mlle Eugénie de Montijo qui chantait au poète, et j’imagine aussi au prince, des airs espagnols à tourner toutes les têtes. […] Une toute autre musique chante dans la Bonne Chanson, cadeau de noce à vrai dire, littéralement parlant, car ce fut à l’occasion d’un mariage qui allait se faire, et se fit, que parut ce mince volume.

1036. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Et chaque soir, tandis que le grillon chante, que les enfants bâtissent des châteaux de cartes ou que la jeune mère, heureuse et souriante, leur fait réciter le Lapin et la Sarcelle, ils songent en eux-mêmes combien l’adultère est horrible, le suicide une mauvaise action et l’envie un vilain vice. […] Il n’a point chanté d’hosannah en faveur des amours non approuvées par la loi (voir le début de Geneviève). […] Parce qu’on peut soutenir que trop rêver corrompt et nous distrait dangereusement de ce monde où est notre œuvre, est-on autorisé à commettre de sang-froid une profanation en faisant chanter le Lac par madame Bovary, un soir qu’elle descend la rivière de Rouen sur l’ignoble barque qui porte M.  […] Mais il y a eu chez nous un moment, déjà bien loin, il est vrai, où je n’eusse conseillé à personne de faire l’éloge de la pauvreté et de chanter trop haut son hymne en l’honneur des dieux de bois et des temples de brique. […] Pétrarque a chanté ses amours, et l’auteur des Fleurs du Mal les siennes.

1037. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Chose digne de remarque, nous avons un chant national qui ne saurait être chanté devant aucun des gouvernants des autres peuples européens, si d’aventure ils venaient nous voir. […] Elle passe son temps à sautiller, chanter et faire joujou avec ses trois bébés. […] Mais, quand on lui a donné un sou, elle essuie ses yeux, se met à courir dans l’herbe, à cueillir des fleurs et à chanter. […] Tu pleures maintenant, tu chantais tout à l’heure !  […] Je ne sais plus ce qu’il nous a chanté sur l’air de la Boiteuse.

1038. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Je me contenterai de mentionner d’un mot, en Allemagne, un artiste, l’auteur de la célèbre image de la Mélancolie, et ces poètes dont les Lieds chantent la mort associée à l’amour. […] Dès l’année 1817, Loyson publie un recueil de poésies où il se représente comme arrivé au terme de sa vie, et où il chante lui-même son hymne funèbre. […] Il a des vers pour célébrer le Lit de mort, et s’il chante aussi le Retour à la vie, combien ce retour est éphémère, et déjà assombri par la pensée d’une fin prochaine ! […] Je suis entré dans l’église, où les fidèles en paix chantaient l’alleluia de la résurrection. […] Comme lui, Boulay-Paty a chanté sa passion ; comme lui, il a vu la mort la briser ; il paraît seulement s’être relevé enfin de l’abattement où ce coup l’avait plongé.

/ 1536