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1222. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Il traduit et change parfois heureusement son texte ; il sait l’orner et le réchauffer avec un art incontestable ; mais il n’a pas le don de métamorphose qui abolit Phèdre ou Boccace, par exemple, au sein même de l’imitation qu’il en fait, et ne laisse plus voir que La Fontaine.

1223. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Il aurait dû pourtant les frapper dans ces deux règles qu’ils établissent 1º cessante fine legis, cessat lex ; ils ne disent point cessante ratione ; en effet le but, la fin de la loi, c’est l’intérêt des causes traité avec égalité ; cette fin peut changer, mais la raison de la loi étant une conformité de la loi au fait entouré de telles circonstances, toutes les fois que les mêmes circonstances se représentent, la raison de la loi les domine, vivante, impérissable ; 2º tempus non est modus constituendi, vel dissolvendi juris ; en effet le temps ne peut commencer ni finir ce qui est éternel.

1224. (1902) Propos littéraires. Première série

J’aime les gens qui ont une religion ; je les aime beaucoup ; mais encore, tout en réprimant un peu en moi cette tendance, j’ai un faible pour ceux qui en changent. […] L’observateur généralisateur en conclurait certainement que de 1870 à 1896 le caractère des femmes de France a complètement changé. […] Il n’a pas changé. […] Il est venu dire : « Soyez savants, si vous voulez ; cela ne fait accomplir aucun progrès moral, mais ce n’est pas immoral non plus ; et cela fait qu’on marche, qu’on change, qu’on modifie l’aspect de la planète, chose que vous aimez beaucoup. […] qui me fera très sensiblement changer d’avis.

1225. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Littérairement, tout était changé. […] Mallarmé n’avait pas changé d’une ligne, il y avait seulement une génération nouvelle. […] Cette base esthétique, chez moi, n’a pas changé, et si je ne rencontre plus le reproche d’incompréhensibilité, c’est que l’évolution a marché. […] Et puis, aussi, il faut en tenir compte, les temps ont changé. […] La sensation que ton esprit caresse va changer tes nerfs en chaînes de plomb.

1226. (1929) Dialogues critiques

Mais vous n’y changerez rien. […] On a changé tout cela. […] Paul Alors, qu’elles essayent de les faire changer pour tout le pays.

1227. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

S’il change un peu, ce n’est que pour devenir plus sociable. […] Elle en a un « pour les femmes de condition, un pour les femmes de qualité, un pour les femmes de la cour, un pour les femmes titrées, un pour les femmes d’un nom historique, un autre pour les femmes d’une grande naissance personnelle, mais unies à un mari au-dessous d’elles, un autre pour les femmes qui ont changé par leur mariage leur nom commun en un nom distingué, un autre encore pour les femmes d’un bon nom dans la robe, un autre enfin pour celles dont le principal relief est une maison de dépense et de bons soupers ». […] Lorsque Louis XV, ayant exilé le Parlement, fit dire tout haut par Mme du Barry que son parti était pris et qu’il ne changerait jamais : « Ah !

1228. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — L’image intense qui semble un objet extérieur n’est qu’une continuation plus forte de l’image faible qu’un instant auparavant je reconnaissais comme intérieure ; tel bout de forêt, telle maison, telle personne que j’imaginais vaguement en fermant les yeux, m’est, en une minute, devenue présente avec tous ses détails corporels, jusqu’à se changer en hallucination complète. […] Lélut à l’hospice de Bicêtre, « cessait d’avoir ses hallucinations quand on le changeait de salle et de voisins ; mais cette suspension ne durait guère que quelques jours ; l’halluciné, habitué bientôt aux conditions nouvelles dans lesquelles il se trouvait, retombait dans ses fausses perceptions… Chez tel halluciné, il faut des impressions très vives et qui se succèdent sans interruption, pour tenir quelques instants les hallucinations suspendues. […] Lorsqu’il dure au-delà d’un certain temps, la fatigue est trop forte, nous dormons ; nos images ne sont plus réduites et conduites par les sensations antagonistes venues du monde extérieur, par la répression des souvenirs coordonnés, par l’empire des jugements bien liés ; dès lors, elles acquièrent leur développement complet, se changent en hallucinations, s’ordonnent librement suivant des tendances nouvelles ; et le sommeil, si peuplé de rêves intenses, est un repos, parce que, supprimant une contrainte, il amène un relâchement.

1229. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Un homme bien supérieur à nous, Voltaire lui-même, quoique coupable d’une débauche d’esprit bien autrement cynique et bien autrement répréhensible dans son poème de la Pucelle, avait commencé, comme nous, par mépriser l’Arioste sur parole ; mais quand il eut vieilli, quand il eut essayé vainement lui-même d’imiter et d’égaler cet inimitable modèle de plaisanterie poétique, il changea d’avis ; il se reconnut vaincu, il écrivit les lignes suivantes en humiliation et en réparation de ses torts : « Le roman de l’Arioste, dit-il dans son examen des épopées immortelles, est si plein et si varié, si fécond en beautés de tous les genres, qu’il m’est arrivé plusieurs fois, après l’avoir lu tout entier, de n’avoir d’autre désir que d’en recommencer la lecture. […] Le rivage changeait avec le fleuve, mais tous les aspects étaient ravissants. […] « L’amour, dit la stance, qu’elle entretenait pour lui d’un cœur sincère et d’une fidélité vertueuse, se changea en aversion contre son odieux rival, le duc d’Albanie.

1230. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Si quelqu’un me disait, de ceux qui l’ont connue, Elle s’en est allée et n’est pas revenue,         Elle a changé, tu changeras… Et tout ce que fait dire une femme infidèle, Je pourrais l’oublier et ne plus parler d’elle,         Et l’oubli venge des ingrats. […] Son enthousiasme changea d’objet, il vit le dieu des armées dans ces choses ; mais il n’abandonna jamais ceux de ses amis qui avaient combattu sous le drapeau de la République conservatrice, et il ne cessa ni de les aimer, ni de les honorer dans ses regrets.

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