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457. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 275-276

Ces qualités, jointes à ses vertus sociales, lui mériterent l’estime, la bienveillance, & même la familiarité d’un grand Roi, qui a prouvé, à son égard, qu’il faisoit encore plus de cas des vertus que des talens.

458. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 299

Peut-être a-t-il regardé leurs talens comme une insulte faite aux siens : en ce cas, il a eu raison.

459. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Beyle, au fond, est un esprit aristocratique : un jour, à la vue des élections, il s’était demandé si cette habitude électorale n’allait pas nous obliger à faire la cour aux dernières classes comme en Amérique : « En ce cas, s’écrie-t-il, je deviens bien vite aristocrate. […] Dans le cas présent, dans Le Rouge et le noir, Julien, avec les deux ou trois idées fixes que lui a données l’auteur, ne paraît plus bientôt qu’un petit monstre odieux, impossible, un scélérat qui ressemble à un Robespierre jeté dans la vie civile et dans l’intrigue domestique : il finit en effet par l’échafaud. […] Je voudrais un style plus simple ; mais, dans ce cas, les provinciaux l’achèteraient-ils ?

460. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Quelques cas singuliers, quelques anecdotes citées et répétées sur la foi des premiers auteurs, suffisent-elles pour permettre de tirer une conclusion aussi générale et aussi défavorable à la faculté judicieuse du grand roi, faculté si véritablement judicieuse en effet, qu’elle l’a conduit à discerner les hommes les plus capables, en chaque genre, et à les employer à propos ? […] C’était dans cette guerre de 1667, entreprise contre l’Espagne pour soutenir les droits de la reine sur les Pays-bas espagnols, et qui fut marquée par une suite ininterrompue de succès et de sièges heureux : « Je ne trouvai dans mon chemin, dit-il, que mes bons, fidèles et anciens amis les Hollandais, qui, au lieu de s’intéresser à ma fortune comme à la base de leur État, voulurent m’imposer des lois et m’obliger à faire la paix, et osèrent même user de menaces en cas que je refusasse d’accepter leur médiation. […] Je fis passer brusquement des troupes, afin de fortifier le corps du prince de Condé ; je fis travailler diligemment à un pont de bateaux sur le Rhin, et je demeurai avec mon frère, le vicomte de Turenne, et le reste de l’armée sur les bords du Rhin, pour m’opposer au prince d’Orange, en cas que, sur l’avis du passage forcé du Rhin, il eût pris le parti de passer brusquement l’Yssel et de marcher à moi pour tomber sur l’armée à demi passée et attaquer mon arrière-garde », Vous aurez remarqué ces mots : « le passage qui fut glorieux pour la nation… » ; Louis XIV ne se donne que comme ayant été présent et reporte la gloire sur la nation même.

461. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Acceptons-le donc pour ce qu’il est, pour un imitateur, un arrangeur, un auteur de paraphrases ; on sait bien gré au Florentin Firenzuola de lui avoir emprunté cet Âne d’or et d’avoir réuni ou substitué bon nombre de ses propres aventures à celles du Lucius d’autrefois : ceux qui font tant de cas de la version de Firenzuola devraient au moins avoir obligation à l’Apulée d’Afrique de ce qu’il a fourni le prétexte à cet Apulée toscan. […] Il les observe, il les écoute, tout comme fera plus tard en pareil cas Gil Blas, cette fine mouche ; — et, en général, il est âne à fort observer et fort écouter les différentes sortes de maîtres au service desquels il va successivement passer ; si, en sa qualité d’âne, il n’est pas toujours au salon, à la cuisine ou dans l’alcôve, en cette même qualité il a l’oreille longue et fine, et il entend de loin. […] C’est le cas d’Apulée, qui a de l’un et de l’autre, qui a l’épisode et qui a aussi des scènes.

462. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Mais Beyle n’est point dans ce cas ; il n’a laissé que des livres décousus, ayant des parties très-remarquables, mais sans ensemble, rien qui ressemble à un monument. […] Le principe et le mérite du romantisme, selon sa définition familière et entre amis, est « d’administrer à un public la drogue juste qui lui fera plaisir dans un lieu et à un moment donnés » ; ce qui ne veut pas dire du tout que la drogue qui a réussi en un cas et dans un pays réussira également ailleurs. […] Disciple direct de Tracy et de Cabanis ; il a, en bien des cas, la conclusion plus-physiologique que littéraire.

463. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Au sortir de là et sa démission obtenue, le roi avait nommé M. de Marca, un savant homme, un ancien magistrat devenu homme d’Église, et qui mourut brusquement dans le temps même où il recevait ses bulles : on se rabattit alors à messire Hardouin de Péréfixe, ancien précepteur du roi, écrivain assez agréable dans sa Vie de Henri le Grand, assez instruit, assez bonhomme, mais sans caractère, sans élévation d’âme ni aucune dignité extérieure : il ne fut jamais au niveau de sa haute position, et il encourut en plus d’un cas le ridicule. […] Dans un cas si soudain et si imprévu, que fit l’archevêque ? […] Cette première chimère s’évanouissant, et comme pis aller, il crut devoir se mettre en mesure pour le cas très vraisemblable où il serait nommé chancelier, et il prit pour guide dans l’étude des lois civiles un homme des plus habiles en cette branche, Jean Legendre, qui n’a rien de commun avec le nôtre, avec l’abbé de ce nom.

464. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Dans les deux cas, on avait su toucher la fibre du soldat romain ou français à l’endroit sensible et le piquer d’honneur. […] Mais Berwick, destiné à commander l’armée du Dauphiné, n’était là que provisoirement et pour le cas où on livrerait une nouvelle bataille. […] Ces paroles de Louis XIV, qui exprimaient une si noble et royale résolution pour un cas extrême, avaient déjà été dites à Villars presque dans les mêmes termes à un précédent départ, et le roi les redit aussi, parlant au maréchal d’Harcourt : c’était le fond de sa pensée et de son âme, tant que pesèrent sur lui et sur son royaume ces conjonctures désastreuses.

465. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

En cas de résistance, le marquis de Boufflers avait ordre de forcer les obstacles et de charger les troupes qui s’y opposeraient. […] s’écriait-il, si l’on veut me perdre auprès du roi, je prendrai la poste, j’irai le trouver ; je m’assure qu’un si grand monarque, et qui a tant de belles qualités personnelles, ne m’abandonnera point ; j’irai même servir de volontaire auprès de sa personne, en cas qu’il entreprenne quelque chose ; car j’ai fortement dans la tête de mériter son estime. » — « Mais, lui répondait-on, les princes comme Votre Altesse Royale n’ont point accoutumé d’aller ainsi ; une telle démarche surprendrait fort le roi de France. » — « Non, répliquait-il, je sais bien que je n’ai rien à craindre en me jetant entre les bras du roi, qui est aussi honnête homme que grand monarque. » Et Louis XIV, touché à l’endroit chatouilleux, s’adoucissait pour le jeune prince, dont les effusions lui arrivaient par le canal de M. de La Trousse et de Louvois, tandis que son envoyé officiel, l’abbé d’Estrades, lui écrivait dans le même temps : « L’on doit cette justice à M. le duc de Savoie que c’est un prince qui a beaucoup d’esprit, qui est fort éloigné de tous les amusements ordinaires aux personnes de son âge, et que toutes ses occupations marquent des sentiments fort élevés, et beaucoup d’inclination pour la guerre et pour les affaires. » Le duc de Savoie marchait sur ses dix-huit ans. […] Camille Rousset l’a très bien dit de Louis XIV, pour ce cas et pour quelques autres pareils : « C’était là faire, non plus la politique, mais la police de l’Europe. » Une autre fois, le prince Eugène, cousin du jeune duc et déjà au service de l’Empereur, fait un voyage à Turin (décembre 1684).

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