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442. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Qu’on attende donc que la réputation d’un poete soit allée en augmentant d’âge en âge durant un siecle, pour décider qu’il mérite d’être placé à côté des auteurs grecs et romains, dont on dit communément que les ouvrages sont consacrez, parce qu’ils sont de ceux que Quintilien définit. […] Mais, me dira-t-on, êtes-vous bien assuré que la postérité ne démentira point les éloges que les contemporains ont donnez à ces poetes françois, que vous regardez déja comme placez dans les temps à venir à côté d’Horace et de Terence ?

443. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Le sartyi manda la vieille et lui dit : « Si on n’arrive pas à égorger ton taureau sans plus tarder, je vais te faire couper le cou. » La vieille s’approcha de Takisé qui était toujours lié et couché sur le côté et lui dit : Takisé mon Takisé laisse-toi égorger. […] Celle-ci, déchue de son rang, n’eut plus que la situation des femmes ordinaires, de celles qui ne doivent jamais se tenir, sans ordre exprès, au côté de leur mari.

444. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Cet homme, en effet, qui avait précédemment essayé d’introduire Marianne de la bourgeoisie dans la noblesse, allait s’efforcer à son tour de s’initier parmi les princes du sang à l’aide d’une alliance du côté gauche. […] » Très initié malgré tout, et nonobstant les ennuis, dans ce monde de Chantilly et de Saint-Maur, devenu coûte que coûte allié des princes du sang et appartenant dorénavant du côté gauche à la maison de Condé, Lassay passait sa vie dans la familiarité du plus grand monde ; s’il essuyait quelquefois la chanson et la satire, il les rendait bien. […] Laissons tous ces côtés fugitifs et évanouis, et ne prenons Lassay que par l’endroit où nous pouvons l’atteindre, le seul aujourd’hui qui nous intéresse : prenons-le comme l’un des hommes qui ont eu le plus de connaissance de la société et des caractères. […] Suard, de son côté, l’appliquait volontiers à ce qu’il voyait autour de lui pendant le Directoire. […] Cependant, tout ce qu’on sait de la position de son fils auprès de la duchesse douairière de Bourbon et de son empire établi, semblerait indiquer que c’est plutôt celui-ci qui, tout à côté du palais princier, a dû avoir l’idée de construire l’élégant et somptueux hôtel.

445. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Dans l’ordre humain, ce qui fait pour nous la puissance singulière et le charme du frère d’Amélie, de l’Eudore de Velléda, c’est au contraire la composition et le mélange ; lui aussi, il essaye d’entrer dans la haine passionnée de la vie, mais il s’y reprend au même instant ; il la hait et il la ressaisit à la fois ; il a les dégoûts du chrétien et les enchantements du poëte ; il applique sa lèvre à l’éponge trempée d’absinthe, et il nous rend tout à côté les saveurs d’Hybla. […] Un jour, par exemple, qu’il était allé se promener avec son fusil sur un terrain alors inhabité, derrière l’église de Notre-Dame, se proposant de tirer quelque oiseau au passage, il fut atteint dans l’acier de sa gibecière d’une balle qu’on lui lâcha de l’autre côté de la rivière ; la boucle amortit le coup. […] Le danger n’est guère aujourd’hui, malgré la renaissance religieuse si exacte dont nous sommes témoins, qu’on tire Rancé à soi du côté des bénédictins, du bord des jansénistes ou de celui des molinistes. […] L’illustre biographe qui vient d’aborder l’homme sous le saint l’a bien senti : il a jeté tout d’abord un coup d’œil de connaissance sur cette haine passionnée de la vie, sur cet amour amer de la mort : le côté fixe et glorieux de l’éternité y a un peu faibli. […] « Quand vous suivez cette correspondance, vous tournez la page, et le nom écrit d’un côté ne l’est plus de l’autre ; un nouveau Genonville, une nouvelle du Châtelet paraissent et vont, à vingt lettres de là, s’abîmer sans retour ; et les amitiés succèdent aux amitiés, les amours aux amours.

446. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Les romans de Mme de Montolieu montrent seulement le côté romanesque et vaguement pathétique, qui s’exaltait de Rousseau, tout en se troublant de l’Allemagne. […] A côté de ce charmant passage qui unit l’exactitude de chaque détail à la fraîcheur et au souffle, et que Buffon, reparlant du style, aurait écrit, j’aurais, dans le même discours, et dans le style de M. […] S’il fallait chercher quelque représentant de la poésie du pays de Vaud, de cette poésie que Rousseau a vue dans les lieux, et qu’il a contestée aux habitants ; que quelques-uns, que plusieurs nourrissent pourtant avec culte ; il faudrait se tourner à côté, vers cette jeunesse de Lausanne qui s’essaye encore, feuilleter ce recueil des Deux Voix dans lequel je puis désigner la pièce du Sapin, entre autres, comme franche impression des hautes cimes ; s’adresser à la conversation de quelques hommes, comme M. le pasteur Manuel, qui se sont plus dirigés à l’étude qu’à la production, et qui, pieux et modérés, savent et sentent, en face de leur lac et de leurs montagnes, toute vraie poésie depuis les chœurs de Sophocle jusqu’aux pages de Mme de Staël23. […] Vinet, d’une manière moins éparse heureusement, représente et réalise, en écrivain de premier ordre, tout l’autre côté de prose ingénieuse, d’originale et savante culture. […] Mais c’est par la doctrine de charité, d’amour de Dieu, et non par l’esprit de secte, qu’il communique de ce côté.

447. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

En paraissant admettre comme correctif que probablement la dame, en cela, n’avait suivi que des idées poétiques qui ne tirent pas à conséquence, Bayle a soin d’ajouter tout aussitôt, selon sa méthode de nous dérouter : « Ce n’est pas qu’on ne puisse cacher beaucoup de libertinage sous les priviléges de la versification. » A côté des vers du Ruisseau, on en trouverait bon nombre d’autres notables par la portée philosophique, et moins contestables pour la doctrine. […] Des Houlières, qui reprit du service et vécut fort peu à ses côtés, elle ne put jamais relever ses affaires de fortune, dérangées par une longue absence, et sa vie se passa dans des gênes continuelles, que l’agrément de la société ne recouvrait qu’à demi. […] A côté de ces libertés de muse, elle avait la vie pure, irréprochable, disent ses biographes, et peut-être assez de pratique religieuse, au moins pour la bienséance d’abord, et vers la fin (selon toute apparence) avec sincérité. […] L’esprit persistait ; la philosophie revient toute voisine de cette pièce pénitente et de quelques paraphrases des Psaumes, dans des réflexions hautement stoïques ; on dirait qu’elle essaie la mort de tous les côtés : Misérable jouet de l’aveugle fortune, Victime des maux et des lois, Homme, toi qui, par mille endroits, Dois trouver la vie importune, D’où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir ? […] Voltaire, si plein de tact en courant quand il est désintéressé, nous indique du doigt, dans son Temple du Goût, « le doux mais faible Pavillon, faisant sa cour humblement à Mme Des Houlières, qui est placée fort au-dessus de lui. » Pour revenir à l’école même qu’elle représente, et que nous avons montrée un peu jetée de côté dans le dix septième siècle, il semble qu’elle ait eu sa revanche au dix-huitième ; je veux dire que, même sans qu’on s’en rendît compte, cette manière avant tout spirituelle, métaphysique, moraliste et à la fois pomponnée, de faire des vers prévalut et marqua désormais au front la poésie du siècle, avec quelques différences de rubans et de nœuds seulement.

448. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Ce mot lui revient souvent ; le côté de l’amusement de l’esprit le frappe, le séduit en toute chose. […] l’infidélité est un trait de ces esprits divers et intelligents ; ils reviennent sur leurs pas, ils prennent tous les côtés d’une question, ils ne se font pas faute de se réfuter eux-mêmes et de retourner la tablature. […] Bayle lui-même remarque, à ce sujet des périodes du Père Maimbourg, que ceux qui s’inquiètent si fort des règles de grammaire, dont on admire l’observance chez l’abbé Fléchier ou le Père Bouhours, se dépouillent de tant de grâces vives et animées, qu’ils perdent plus d’un côté qu’ils ne gagnent de l’autre. […] Dans une lettre, tout à côté d’une belle phrase sincère sur la Providence, il mentionnera Hexameron rustique de La Mothe-Le-Vayer avec ses obscénités : « Sed omnia sana sanis. » ajoute-t-il tout aussitôt, et le voilà satisfait. […] Son bon sens le sauva, tout jeune, de la superstition littéraire pour les illustres : « J’ai assez de vanité, écrit-il à son frère, pour souhaiter qu’on ne connoisse pas de moi ce que j’en connois, et pour être bien aise qu’à la faveur d’un livre qui fait souvent le plus beau côté d’un auteur, on me croie un grand personnage…..

449. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il comprit qu’il fallait asseoir sa vie sur des fondements plus solides que des succès de conversation : il travailla à se placer aux côtés des grands hommes qu’il admirait alors docilement avec le monde : Lamotte, J. […] Mais il fut frappé plus encore du développement scientifique que de l’activité littéraire : sa curiosité vola de tous côtés, se portant de Newton à l’inoculation. […] Mme du Châtelet travaille de son côté. […] la lune de miel fut courte : en novembre, de secrètes angoisses le travaillent ; en décembre, il écrit à sa nièce « à côté d’un poêle, la tête pesante et le cœur triste » ; il se demande : « Pourquoi suis-je donc dans ce palais ?  […] Par ce dernier côté, il rattache sa curiosité scientifique à ses tendances épicuriennes ; et c’est encore un aspect très original, très moderne de ce complexe génie.

450. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

A un récit complexe et continu, il a préféré une suite de tableaux représentant, l’un après l’autre, tous les grands côtés de la société française sous le règne de Louis XIV. […] Parlant du voyage de guerre que fit ce prince, en 1670, en Flandre pour y préparer la ruine de la Hollande, le carrosse à glaces, d’invention récente, où est assise à côté du roi et de la reine Mme de Montespan, les plus beaux meubles de la couronne, portés dans les villes où le roi devait coucher, les tables envoyées en avant et servies, à chaque étape, comme à Saint-Germain, les présents aux dames, les bals parés ou masqués, les feux d’artifice, tout cela dérobe à Voltaire l’indignité de la maîtresse en titre, étalée, à l’armée et à l’Europe, « et pour qui sont tous les honneurs, dit-il, excepté ce que le devoir donnait à la reine », comme si le moins que dût Louis XIV à sa femme n’était pas tout d’abord le renvoi de sa maîtresse. […] Du côté du roi, un goût très vif pour les lettres, une admiration vraie pour Voltaire, le besoin d’une main à la fois exercée et discrète pour corriger ses vers ; du côté de Voltaire, la vanité chatouillée par un commerce d’esprit avec un roi et un grand homme : tels étaient les attraits, non les liens, qui firent de ces deux hommes deux amis de tête, et de Voltaire le commensal de Frédéric à Berlin. […] L’amitié se renoua pourtant : superbe du côté du roi comme envers un sujet rentré en grâce, flatteuse chez Voltaire, qui accepte la condition de ne pas revenir sur le passé et de garder le soufflet du roi. […] Il a vu tous ses côtés faibles ; et comme s’il eût trouvé moins dur d’aller au devant de la critique que de l’attendre, il a fait sa propre confession.

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