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33. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Seulement, si elle a touché à cet ouvrage avec une gravité et une considération qui l’honore, elle a été bien payée de sa politesse, car elle a trouvé dans le nouveau livre de M. de Rémusat les idées qui lui sont le plus chères, ce rationalisme contemporain qu’on voit partout maintenant, de quelque côté qu’on se tourne, et qu’il nous faut bien appeler par son nom, puisque, aujourd’hui, nous avons à parler de philosophie. […] Très au courant du mouvement d’idées qui s’est produit du côté du Rhin et modifié par ces idées, c’est par l’Allemagne et sur les pas de l’Allemagne qu’il est entré dans l’étude du Moyen Âge et de la Scolastique. […] Ce n’est pas l’instinct de la pensée chrétienne qui l’a poussé de ce côté et qui l’a fait aller d’Abailard, de l’hérétique Abailard, jusqu’à l’orthodoxe Anselme. […] Ainsi, le Saint, l’homme de la foi et de l’obéissance, voilà le grand côté de saint Anselme, qu’un historien, qui n’eût pas été philosophe, aurait fortement éclairé. […] Or, quand un homme personnifie en lui cette physique du catholicisme, l’instrumentum regni par lequel il s’est constitué et a gouverné, n’étudier dans cet homme que le travail de son esprit appliqué aux stériles contemplations de la métaphysique, c’est prouver assurément qu’on est un métaphysicien, mais c’est aussi découvrir en soi la pente fatale à ne voir que les petites choses, quand il y a les grandes à côté.

34. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

L’effort a déshabillé ce côté de la poitrine, et le dos de la main de la femme touche à son sein. […] Le cordonnier pleuroit d’un côté. […] Pourquoi donc, ajoutez-vous, l’art se tourne-t-il si rarement de ce côté… il y en a bien des raisons, mon ami. […] Plus sur le fond, du même côté, une piramide. […] Les agresseurs et les défenseurs se sont porté des coups si égaux, qu’on ne sait de quel côté l’avantage est resté.

35. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Il n’y avait d’assis que le roi et M. de Saint-Pol d’un côté de la table, et en face d’eux l’amiral. […] M. de Saint-Pol opine le premier, rappelle la situation générale, la ligue entre les deux souverains ennemis, l’envahissement projeté de la France : il importait dans une telle crise de ménager l’armée de Piémont, qui était la plus aguerrie, et de se tenir simplement de ce côté sur la défensive. […] Jusqu’ici Montluc n’a pris les choses que de son côté, militairement ; il arrive pourtant à toucher à la question politique : « À ce que j’ai entendu, Sire, tout ce qui émeut messieurs qui ont opiné devant Votre Majesté est la crainte d’une perte ; ils ne disent autre chose, si ce n’est : Si nous perdons, si nous perdons ! […] J’eusse voulu, si j’eusse pu, ne porter jamais de fer au côté. » Il paraît se repentir quelquefois d’avoir fait sentir son épée sur le temps même à quelque homme rétif qui l’offensait et lui résistait. […] Le marquis de Marignan qui assiège la place est un noble et courtois adversaire, et qui est bien le cousin des Médicis par de brillants côtés.

36. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Dans cet article de Rigault, le polémiste, (à mon égard) était spirituel et piquant, le critique est faible et à côté. […] Veuillot, l’homme au crayon moqueur, a très-bien saisi (n’en déplaise à ceux qui ne voient qu’un côté) la physionomie, la pétulance, le petillement, le geste et toute la mimique de l’adversaire. […] D’un côté, l’imagination et la fée : de l’autre, la raison qui sait être piquante, et le conseil. […] Dans tous ces morceaux, à côté de l’agréable, à côté du vif et du pimpant, je sens une pointe de prétentieux. Laissons de côté Addison, si Anglais sous ses airs d’élégance, et qui ne se laisse pas importer aisément ; mais M. 

37. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

., et tout à côté, en contraste, des cercles et des ellipses, je prononce à propos des premiers le nom de polygone, je n’ai pas en moi-même la représentation sensible du polygone pur, c’est-à-dire abstrait ; car le polygone pur est une figure à plusieurs côtés, sans que ces côtés fassent un nombre : ce qui exclut toute expérience et représentation sensible ; dès que les côtés sont plusieurs ils font un nombre, trois, quatre, cinq, six, etc. ; qui dit plusieurs dit nombre déterminé, fixé. Ordonner à quelqu’un de voir ou d’imaginer plusieurs côtés et, en même temps, de n’en voir ou imaginer ni trois, ni quatre, ni aucun nombre, c’est prescrire et interdire à la fois la même opération. — Pareillement, lorsque, après avoir vu dans la campagne trente arbres différents, des chênes, des tilleuls, des bouleaux, des peupliers, je prononce le mot arbre, je ne trouve pas en moi-même une figure colorée qui soit l’arbre en général ; car l’arbre en général a une hauteur, une tige, des feuilles, sans avoir telle hauteur, telle tige, telles feuilles ; et il est impossible de se représenter une grandeur et une forme, sans que cette grandeur et cette forme soient telles ou telles, c’est-à-dire précises. — À la vérité, devant le mot arbre, surtout si je lis lentement et avec attention, il s’éveille en moi une image vague, si vague qu’au premier instant je ne puis dire si c’est celle d’un pommier ou d’un sapin. […] Un myriagone est un polygone de dix mille côtés. […] Dorénavant, le couple dont le nom est le premier terme comprend, comme second terme, un cortège immense d’autres mots et, par suite, une série aussi grande de tendances distinctes, lesquelles correspondent à des caractères généraux également distincts, et laissent place à côté d’elles pour une infinité de tendances nouvelles que l’expérience pourra provoquer. — Telle est la vertu de la substitution établie par les couples. […] À côté des expériences perpétuelles et des images renaissantes, il y roule des noms que nous appelons des idées, tous représentants mentaux de caractères abstraits et de qualités générales, tous évoqués par des tendances distinctes, tous incessamment accrus de nouvelles tendances, tous incessamment précisés dans leur portée, tous incessamment amplifiés dans leur contenu, par le progrès journalier de la découverte qui, ajoutant à leur sens, limite leur application 6.

38. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Le Roi s’amuse et Lucrèce Borgia ne se ressemblent ni par le fond, ni par la forme, et ces deux ouvrages ont eu chacun de leur côté une destinée si diverse que l’un sera peut-être un jour la principale date politique et l’autre la principale date littéraire de la vie de l’auteur. […] Prenez la difformité physique la plus hideuse, la plus repoussante, la plus complète ; placez-la là où elle ressort le mieux, à l’étage le plus infime, le plus souterrain et le plus méprisé de l’édifice social ; éclairez de tous côtés, par le jour sinistre des contrastes, cette misérable créature ; et puis, jetez-lui une âme, et mettez dans cette âme le sentiment le plus pur qui soit donné à l’homme, le sentiment paternel. […] On lui pardonnera de ne point insister davantage sur le côté purement esthétique de son ouvrage. […] Il fera toujours apparaître volontiers le cercueil dans la salle du banquet, la prière des morts à travers les refrains de l’orgie, la cagoule à côté du masque.

39. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Ses flancs escarpés de tous les côtés sont semés de pierres roulantes ; ces cailloux glissent sous les pieds, quand on la gravit, avec un bruit de vagues qui se retirent de la falaise en entraînant les galets et les coquillages dans leur reflux. […] On apercevait la maison de cette famille patriarcale, entourée de terrasses et de parterres, au pied de la montagne de Monsard, au bord d’une route poudreuse d’un côté, au bord des prés, des petits bois et d’un ruisseau de l’autre côté. […] À droite, il était bordé d’une petite muraille à hauteur d’appui en pierres sèches ; à gauche, par un mur à ciment très-élevé, qui servait d’enceinte à une maison bourgeoise de chétive apparence, et à un jardin suivi d’une vigne et d’un verger enclos de tous côtés comme un cimetière de hameau. […] La maison aux volets toujours fermés, aussi du côté du sentier, présentait, du côté du jardin, un escalier extérieur et une petite galerie couverte, à laquelle l’escalier aboutissait. […] Les révolutions de 1814 et de 1815, auxquelles j’assistai, la guerre, la diplomatie, la politique, auxquelles je me consacrai, m’apparurent comme les passions de l’adolescence m’étaient apparues, par leur côté littéraire.

40. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

La motion, dans les termes où la fit Malouet le 15 août 1790, était à peu près telle que l’eût pu faire un membre du côté gauche. […] Les patriotes se persuadaient que le côté droit voulait l’empêcher, C’étaient des cris, des gestes de commandement et le piétinement usité dans les grandes occasions. […] On entend d’un côté : Bravo ! […] La révision des décrets nous en donnera les moyens, si le côté droit veut y prendre part sans humeur, sans enflammer le côté gauche par une opposition absolue, si enfin vous voulez reconnaître franchement les points principaux de la Constitution. […] Mais que pensez-vous des projets du côté droit ?

41. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Le xvie  siècle était pour Mézeray ce que le xviiie a été pour nous : il en sortait, il en était nourri, il en savait les traditions, le langage ; il en avait ouï raconter les derniers grands événements à des vieillards ; les souvenirs et l’esprit lui en venaient de tous les côtés ; nul n’était plus propre que lui à en retracer une histoire entière, et c’est ce qu’il a fait pendant l’étendue d’un in-folio et demi. […] Le moment où les âmes des deux côtés s’exaspèrent et où la guerre, à la voix des prédicants, se démoralise, est énergiquement, et je dirai, vertueusement rendu par Mézeray (1562) : il nous fait assister à cette suite de représailles et d’horreurs où, à part un bien petit nombre d’exceptions, les caractères les plus forts se souillent et se dégradent. […] Il est trop souvent de ces côtés bizarres et secrets dans le tempérament d’un chacun, de ces recoins de passion ou de vice qui se démasquent et se creusent en vieillissant : avec les années les goûts cachés se découvrent. […] Mézeray avait glissé du côté du cabaret et de la tonnelle. […] C’est trop nous arrêter à des faiblesses et à des travers : Mézeray s’est mieux peint, par le meilleur côté de lui-même, dans ses Histoires.

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