L’humilité des moyens qu’elle emploie pour atteindre son but ne saurait être un reproche. […] De pareilles recherches, si elles avaient leur but en elles-mêmes, ne seraient sans doute que des fantaisies d’amateurs plus ou moins intéressantes ; mais elles deviennent scientifiques, et en un sens sacrées, si on les rapporte à la connaissance de l’antiquité, qui n’est possible que par la connaissance des monuments. Il est une foule d’études qui n’ont ainsi de valeur qu’en vue d’un but ultérieur.
Il s’agit, pour l’artiste, de faire plaisir à la nature humaine, « d’accroître la somme de son bonheur. » Le premier but de l’artiste doit être de satisfaire le goût. […] Bain, la doctrine courante qui veut que la nature soit son critérium et la vérité (réalité) son but. Le critère de l’artiste est le sentiment, son but un plaisir délicat.
Après avoir accepté avec confiance ce mode d’interprétation par les choses extérieures et la démonstration de Dieu par la nature, Fénelon, dans la seconde partie de son Traité, aborde un autre ordre de preuves ; il admet le doute philosophique sur les choses du dehors et s’enferme en soi, pour arriver au même but par un autre chemin et pour démontrer Dieu par la seule nature de nos idées. […] Sans être évêque ni prêtre, il est lui-même sûr de son fait, il sait à l’avance son but, et laisse assez voir sa certitude, ses dédains, son impatience ; il gourmande, il raille, il malmène celui qui résiste et qui n’entend pas : mais tout d’un coup la charité ou le franc naturel l’emportent ; ses airs despotiques ont cessé ; il parle en son nom et au nom de tous, et il s’associe à l’âme en peine qui n’est plus que sa vive image et la nôtre aussi. […] Havet, m’a traité avec tant d’indulgence en une page de son introduction, que j’ai quelque embarras, en finissant, à venir le louer à mon tour ; il me paraît, toutefois, s’être proposée et avoir atteint le but principal que j’indique, et son édition savante est un service rendu à tous.
C’est seulement par le passage à un degré de conscience plus élevé que l’impulsion primitive, qui tendait à s’exercer pour s’exercer, à se décharger pour se décharger, comme fait la force accumulée, devient un désir conscient de sa direction et de son but. […] Un animal, sous l’influence des forces de tension accumulées dans son système nerveux, fait des mouvements en tous sens, sans aucune espèce de but : il éprouve un sentiment d’aise, de plaisir même : le résultat sera la continuation de mouvements semblables, généraux et mêlés ensemble, non intentionnels. […] Nous pouvons admettre cette loi de Bain et de James Ward : « Un mouvement pénible tend, par l’intermédiaire de la peine, à sa propre suppression. » C’est là le premier germe de la finalité appétitive, le premier but distinct qu’un animal a poursuivi avec une conscience plus ou moins vague.
Par là l’être acquiert, dans la lutte pour la vie, une force nouvelle : au lieu de demeurer dispersées, ses tendances s’organisent vers un but conscient. […] Le second problème, c’est d’unifier le plus possible ces activités en leur donnant une convergence vers un but unique, qui est encore le moi conçu plus ou moins largement, tantôt plus ouvert, tantôt plus fermé, selon que l’être est plus ou moins développé. […] L’être qui se prolongera par la représentation dans le passé et dans l’avenir sera donc mieux armé dans la lutte pour l’existence : par cela même qu’il concevra sa conservation, il la réalisera dans la même mesure : il aura sa ligne tracée, sa direction, son but ; il saura d’où il vient, où il est, où il va.
Celui qui, sans s’écarter, et en remplissant toujours son but, saura donc le plus semer d’idées accessoires sur sa route, sera celui qui attachera l’esprit plus fortement. […] Si on se passionne pour ce qui ne le mérite pas, on est froid ; si on passe le but, on est ridicule. […] Mais soit que vous soyez éloquent, ou que vous ne le soyez point, soit qu’en célébrant les grands hommes vous preniez pour modèle ou la gravité de Plutarque, ou la vigueur de Tacite, ou la sagesse piquante de Fontenelle, ou de temps en temps l’impétuosité et la grandeur de Bossuet, n’oubliez pas que votre but est d’être utile.
Tout ce qui sert à ce but rentre dans notre sujet, sous une face ou sous une autre. […] Leur but est le salut et la régénération de l’homme. […] Le cœur va au but bien plus sûrement que l’esprit. […] L’esprit humain poursuit le même but, mais il y tend par une voie différente. […] Mais généralement on était loin de comprendre le but de la philosophie.
Tous les arts qui, comme l’éloquence, ont pour but dernier de produire la conviction, n’ont pas en somme de moyen plus simple pour cela que d’être véridiques ; l’éloquence la plus sincère a toujours et partout chance d’être la plus haute. […] Seulement, ne confondons pas un moyen avec un but, et ne donnons pas pour but à l’art un idéal quantitatif. […] Le but de tout écrivain est de produire chez le lecteur la totalité de l’émotion qu’il décrit, et cela, en décrivant le plus petit nombre possible des symptômes extérieurs ou intérieurs de cette, émotion. […] L’art doit imiter le souvenir ; son but doit être d’exercer comme lui l’imagination et la sensibilité, en économisant, le plus possible leurs forces. […] Prêter la vie consciente et une volonté aux choses est toujours délicat, prolonger cette conception devient périlleux ; le sublime est le but visé, mais le mauvais goût, l’absurde même risquent d’être le but atteint ; et cela pour bien des raisons.
S’entendre, se rendre compte, bien savoir ce qu’on dit et ce qu’on pense, voilà quel était le but de Socrate : but négatif, au moins en apparence ; mais si ce n’était pas là la fin de la philosophie, c’en était le commencement. […] Quel est ce but ? Quel est le but de l’humanité et de la vie ? […] Mais où le but manque, qui peut mesurer la route ? […] Un but donné, l’histoire d’un peuple est un progrès continuel.