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2186. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Si la qualité magnifique de sa nature l’a maintenu dans une atmosphère de hauteur et de sérénité incomparable, c’est à la manière d’un chêne qui pousse en vigueur et en beauté parce que son germe le portait ainsi. […] Faure, « peuvent concourir à donner à une opération un caractère de véritable beauté. » Il nous les énumère, et sa conviction communicative nous force à sentir qu’il a raison. […] De cette beauté presque inaccessible, sinon aux seuls initiés, il a donné une définition bien éloquente dans la leçon par laquelle il inaugurait, en novembre 1919, la chaire de clinique gynécologique à la Faculté. […] » s’écriait-il, « qu’est-ce que la beauté dans cette action brutale qu’est une opération ? […] Encore ici reconnaissez que ce sont des beautés irréductibles les unes aux autres.

2187. (1886) Le roman russe pp. -351

Certes, moralité et beauté sont synonymes en art ; un chant de Virgile vaut un chapitre de Tacite. Mais il ne faut pas confondre cette beauté spirituelle, qui naît d’une certaine illumination du regard chez l’artiste, avec l’habileté de main du prestidigitateur. […] Mais d’autres écrivains dégageaient le réalisme de ces excès, et, comme les Anglais, ils lui communiquaient une beauté supérieure, due à la même inspiration morale : la compassion, filtrée de tout élément impur et sublimée par l’esprit évangélique. […] Voilà pourtant une grande injustice et un exemple frappant de cette vérité, qu’en littérature la priorité des titres n’est rien, leur beauté est tout. […] Le poète avait épousé en 1830 une personne aussi célèbre par sa beauté qu’il l’était par son génie : femme de simple race humaine, elle comprit mal ce génie et la passion du dieu qui l’avait ravie.

2188. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Cette femme avait de l’esprit, de la beauté, et ne devait son crédit ni à Messaline, ni aux affranchis, dont il fallait être ou les instruments ou les victimes. […] , dont César a loué la beauté sans dessein, subit le même sort. […] Il y avait entre elle et Agrippine peu d’inégalité d’âge, de beauté et de richesses : ; elles étaient toutes deux sans pudeur, toutes deux violentes, et se le disputaient autant par les vices que par les avantages de la fortune et de la naissance. […] Il accorde sa confiance à deux jeunes infâmes d’une rare beauté (TACIT. […] Ses imitateurs ne s’élèveront jamais à la hauteur de ses beautés originales ; et il serait à craindre que les jeunes gens, captivés par les défauts séduisants de ce modèle, n’en devinssent que d’insipides et ridicules copistes.

2189. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

On a publié, dans ces derniers temps81, des vers et des lettres de Piron datant de sa première jeunesse ; il était amoureux d’une sienne cousine et soupirait pour elle sous le nom de Lysis ; il chantait les beautés d’Amaryllis et se plaignait de ses rigueurs. […] Les poëtes ne réussissent que par les beautés de détail.

2190. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Presque sans art, l’esprit clairvoyant que j’imagine n’a qu’à céder à ce besoin de conter qui souvent s’empare de nous et nous entraîne à rapporter aux autres les événements qui nous ont touché et il pourra enfanter des chefs-d’œuvre… « L’intelligence complète des choses en fait sentir la beauté naturelle, et les fait aimer au point de n’y vouloir rien ajouter, rien retrancher, et de chercher exclusivement la perfection de l’art dans leur exacte reproduction… » « L’histoire, ajoute-t-il, c’est le portrait… Pour les rendre que faut-il ? […] Bonne, prodigue et frivole, point belle, mais parfaitement élégante, douée d’un charme infini, elle savait plaire beaucoup plus que les femmes qui lui étaient supérieures en esprit et en beauté.

2191. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Ou l’œil bleu de la beauté blonde Luisait-il d’un si tendre azur ? […] Si je vous pardonne ce lambeau de culte jeté sur votre foi de déiste, c’est qu’il me semble que c’est à quelque beauté, tendrement superstitieuse, que vous l’avez emprunté par condescendance amoureuse.

2192. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Peu de temps après, Pigrès et Mantyès, deux Péoniens qui méditaient de se faire proclamer tyrans de leur patrie, et qui avaient suivi Darius pour obtenir son appui, avaient amené, à Sardes, leur sœur, femme d’une grande taille et d’une remarquable beauté. […] À la vue de ces femmes, les députés, frappés de leur beauté, reprenant la parole, dirent à Amyntas : « Ce n’est pas en user convenablement ; il eût mieux valu ne pas faire venir vos femmes, que de les empêcher, après les avoir appelées, de s’asseoir à nos côtés, et les tenir en face de nous pour le tourment seul de nos yeux. » Amyntas, forcé à ce nouvel acte de complaisance, ordonna aux femmes de se mettre près de ses hôtes : elles obéirent ; mais, à peine y étaient-elles, que les Perses, pour la plupart pris de vin, portèrent leurs mains sur le sein de ces femmes, et essayèrent même de leur prendre des baisers.

2193. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Les rideaux de cette pièce sont des applications de chasubles, la cheminée est garnie de dentelles italiennes d’une grande beauté ; on remarque encore, au-dessus d’une porte, en guise de lambrequin, un devant d’autel italien du XVIIe siècle, brodé de perles vénitiennes. […] N’est-ce pas un rayon, que la beauté unie à la force de Goujet, que la noblesse d’âme de sa mère ?

2194. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Les théories de la Pléiade, condensées dans la Défense et Illustration de Du Bellay, parue en 1549, ont pour fin de substituer les beautés virginales de l’antiquité grecque retrouvées aux décrépitudes du moyen âge. […] Le symbole m’apparaît en effet le chemin le plus aisé et, probablement même, le seul praticable, pour arriver à l’expression parfaite de l’Être, au séjour lumineux de la Beauté.

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