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392. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Les ambassadeurs suisses firent alors un dernier et suprême effort de médiation ; dans une lettre des plus pressantes qui fut lue en chaire par toutes les paroisses vaudoises, ils disaient81 : « Nous avons vu que vous avez beaucoup de peine à vous résoudre de quitter votre patrie, qui vous est d’autant plus chère que vos ancêtres l’ont possédée par plusieurs siècles et défendue valeureusement avec la perte de leur sang ; que vous vous confiez que Dieu, qui les a soutenus plusieurs fois, vous assistera aussi et que vous appréhendez même qu’une déclaration pour la sortie ne soit qu’un piège pour vous surprendre et accabler : nous vous dirons pour réponse que nous convenons avec vous que la loi qui oblige à quitter une chère patrie est fort dure ; vous avouerez que celle qui oblige à quitter l’Éternel et son culte est encore plus rude, et que de pouvoir faire le choix de l’un avec l’autre est un bonheur qui, en France, est refusé à des personnes de haute naissance et d’un éminent mérite, et qui s’estimeraient heureuses si elles pouvaient préférer une retraite à l’idolâtrie. » Quelle tache et quelle honte pour la France de Louis le Grand qu’une atroce injustice comme celle-ci trouve presque à se glorifier et à s’absoudre par l’exemple d’une injustice plus abominable encore, dont elle offrait alors au monde l’odieux et parfait modèle ! […] Je sais que, toutes les fois qu’on parle de Catinat, il est de mode de dire beaucoup de mal de Feuquières ; Catinat n’eut pas à se louer de lui en deux circonstances, et il est plus que possible que Feuquières, en effet, par son caractère, et dans la pratique, ait eu quelques-uns des inconvénients qu’on lui a reprochés ; il faut bien croire, puisque tous l’ont dit, qu’il avait des vices de cœur : il n’en est pas moins vrai que, comme écrivain militaire, Feuquières est un esprit supérieur, et que la lecture de ses Mémoires ne soit un des livres qui donnent le plus à réfléchir. Formé à la grande école des Condé, des Turenne, des Créqui, des Luxembourg, il expose, analyse et critique avec beaucoup de précision les quatre premières campagnes de Catinat (1690, 91, 92 et 93) ; il discute les deux batailles de Staffarde et de La Marsaille, et fait sa part exacte à chacun des combattants.

393. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Et qu’est-ce, me diront beaucoup de lecteurs, qu’est-ce d’abord que M.  […] Décidément, il ne raconte pas les dîners, même les meilleurs : il n’y a pas de milieu ; il faut en être ou n’en être pas. — Beaucoup de correspondances qui eurent tant d’intérêt dans leur nouveauté éprouvent aussi leur déchet, mais un peu moindre. […] Coulmann, c’est d’être sur beaucoup de points dans l’entre-deux.

394. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Il y a dedans beaucoup de phrases, de bassesse et de fausseté ; malgré cela, j’ai cru devoir en paraître la dupe et croire à tout ce qu’il disait. […] Les sermons de Marie-Thérèse à sa fille, comme elle-même les appelle, renferment donc bien du vrai et dénotent beaucoup de prévoyance. […] A la longue vous ne pouvez être heureuse que par cette tendre et sincère union et amitié. (30 mai 1776.) » Ne croyez pas cependant que tout cela passe sans réponse ; Marie-Antoinette qui n’a pas seulement de la grâce, mais qui a un bon jugement quand son attention est appelée sur un point, se justifie assez bien en général ; elle coule sur de certains reproches, elle se défend mieux sur d’autres, et, en ce qui est de l’exemple de ses deux belles-sœurs qu’on lui oppose, elle répond ici en vraie femme et avec beaucoup de finesse : « Je n’ai rien à dire contre mes belles-sœurs avec qui je vis bien ; mais, si ma chère maman pouvait voir les choses de près, la comparaison ne me serait pas désavantageuse.

395. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Beaucoup de ce qui nous frappe dans le cadre et le vêtement ne sera pardonné que pour le génie qui rayonnera, pour l’âme qui palpitera derrière. […] Le Journal des Débats, dans son feuilleton du 25 ventôse an xiii (16 mars 1805), disait d’elle beaucoup de bien. […] Elle ne revint à Paris qu’en 1813, où elle débuta à l’Odéon, le 27 mars, dans le rôle de Claudine de la pièce de Pigault-Lebrun, la Claudine de Florian ; elle avait beaucoup de succès, notamment dans le rôle de Clary du Déserteur, drame de Mercier ; dans le rôle d’Eulalie, de Misanthropie et Repentir : elle faisait verser d’abondantes larmes.

396. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Bientôt après, Mirabeau la partagea avec lui ; mais celle de Mirabeau, comme celle de M. d’Orléans, fut toujours accompagnée de beaucoup de méfiance. […] Il entre beaucoup de hasard dans ses vues littéraires, et encore plus dans ses aperçus physiologiques ; il y a beaucoup de tâtonnements, même dans ses considérations politiques, lorsqu’il sort de ce qu’il sait le mieux, et qu’étendant son regard au-delà de l’horizon intérieur, il aborde, par exemple, les questions de relations étrangères.

397. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Pour le garçon, peut-être est-ce prévention, mais je le trouve aimable ; c’est une jolie figure, il a beaucoup de vivacité et, je crois, de l’esprit pour son âge. Il parle français parfaitement, il sait beaucoup de latin et de grec, et il a l’histoire ancienne et moderne au bout des doigts. […] À propos des femmes encore, s’il semble bien dédaigneux parfois, il leur fait ailleurs réparation, et surtout, quoi qu’il en pense, il ne permet pas à son fils d’en trop médire : Vous paraissez croire que, depuis Ève jusqu’à nos jours, elles ont fait beaucoup de mal ; pour ce qui est de cette dame-là, je vous l’abandonne ; mais, depuis son temps, l’histoire vous apprend que les hommes ont fait dans le monde beaucoup plus de mal que les femmes ; et à vrai dire, je vous conseillerais de ne vous fier ni aux uns ni aux autres qu’autant que cela est absolument nécessaire.

398. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Aux beaux jours du Consulat, Mme de Genlis, encore à la mode, un soir qu’elle devait recevoir beaucoup de monde, eut l’idée de jouer au coin de sa cheminée un proverbe improvisé, avec M.  […] Ce genre de tour plaît surtout aux gens d’esprit dans la conversation : mais, au théâtre, beaucoup de ces mots, qui sont comme des épigrammes, courraient risque de s’évanouir. […] Ce petit-fils, comme beaucoup de jeunes gens, s’irrite et se cabre d’indignation contre ce qu’il voit : il croit que jamais forme d’hypocrisie humaine n’a été plus odieuse que celle dont il est témoin, et qu’il n’y a plus, si on ne peut la vaincre, qu’à se sauver, comme Alceste, dans les bois : Non, lui répond la spirituelle grand-mère, il ne faut que faire le raisonnement que je me suis fait quand j’avais encore besoin de raisonner.

399. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Sa nature calme et peu passionnée ne paraît point avoir souffert d’ailleurs d’une telle union : En l’année 1639, ayant épousé M. de Motteville, dit-elle, qui n’avait point d’enfants et avait beaucoup de biens, j’y trouvai de la douceur avec une abondance de toutes choses ; et si j’avais voulu profiter de l’amitié qu’il avait pour moi, et recevoir tous les avantages qu’il pouvait et voulait me faire, je me serais trouvée riche après sa mort. […] Mme de Motteville a beaucoup de ces traits fins qui sont bien de son sexe. […] c’est sa maxime quand il ne se croit pas sûr des gens : Comme il ne connaissait pas mes intentions, et qu’il jugeait de moi sur l’opinion qu’il avait de la corruption universelle du monde, il ne pouvait s’empêcher de me soupçonner de me mêler de beaucoup de choses contraires à ses intérêts.

400. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Facile aux liaisons, camarade de bien des gens de lettres et de beaucoup de militaires, il dut à l’amitié du général Leclerc de faire son premier voyage d’Italie et d’être présenté à Bonaparte, général en chef, à Milan, au printemps de 1797. […] Zaïre, d’après son opinion, n’était qu’une comédie. — Un jour, à la suite d’une discussion sur la tragédie, il avait dit à Arnault : « Faisons une tragédie ensemble. » Le poète avait répondu avec plus de fierté et de malice que de curiosité et de confiance : « Volontiers, général, mais quand nous aurons fait ensemble un plan de campagne. » Revenu en France avant que Bonaparte fût de retour d’Égypte, Arnault avait fait représenter sa tragédie des Vénitiens qui eut beaucoup de succès (16 octobre 1799) ; il la dédia « à Bonaparte, membre de l’Institut », et reconnut dans la dédicace que l’idée du cinquième acte était due au général. […] Beaucoup de ses fables semblent être faites exprès pour ce trait qui les termine : elles sont données à l’auteur par le bon mot et pour le bon mot.

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