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537. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Il sacrifie l’avenir au présent, et c’est pourquoi son œuvre ne peut être durable. […] Par la force des choses, ayant besoin, pour être grand, de l’assentiment des hommes, même dans l’avenir, il lui était presque interdit d’être égoïste de la façon dont peut l’être un marchand ou un voleur. […] Tandis qu’il essayait de réaliser son rêve gigantesque de domination universelle, apparemment il songeait au passé et à l’avenir, il se comparait, il se « situait » dans l’histoire, il se considérait comme l’un des grands ouvriers du drame humain, et sa destinée était pour lui-même un mystère dont il frissonnait… Rien d’humain ne battait sous son épaisse armure.

538. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

L’avenir a démontré que ces craintes étaient chimériques. […] Dans le monde antique une harmonie existait, inconsciente, entre l’homme et la nature environnante ; l’humanité, de l’avenir devra rétablir, consciemment, cette harmonie. […] Ennemi de Berlioz, Verdi et Wagner, il aimait s’attaquer à la musique de l’avenir.

539. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Même, avant de partir, elle prend le soin de rassurer ses bons amis sur son avenir : en renvoyant ses trois cent mille francs à M. de Thonnerins, il se trouve qu’elle a oublié la moitié de la somme, — qui sait ? […] Au premier acte, il parle, à son ami Hippolyte Richond, de sa liaison avec la baronne comme d’une charmante bonne fortune qui ne lui donne que des joies, fleur sans épines de l’amour facile. « Elle est libre, elle se prétend veuve, elle n’a plus vingt ans, elle se met à merveille, elle a de l’esprit, elle sait conserver les apparences : pas de danger dans le présent, pas de chagrins dans l’avenir, car elle est de celles qui prévoient toutes les éventualités d’une liaison, et qui mènent, en souriant, avec des phrases toutes faites, leur amour de convention jusqu’au relais où il changera de chevaux. […] Ne pouvait-il s’en tenir à sa première réponse, si spécieuse et si décisive : « Je puis mourir et je suis responsable de votre avenir. » Quel intérêt peut-il avoir à se poser en fripon devant une jeune fille tirée à quatre épingles dans sa vertu rigide et chagrine ?

540. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Je trouverois aussi raisonnable de croire que la nature s’est épuisée sur la différence des visages, et qu’il ne peut plus naître d’homme à l’avenir qui ne ressemble précisément à quelqu’autre qui ait été. […] Il avoit sur l’avenir les mêmes principes qu’Anacréon, qu’il a peut-être un peu trop rebattus dans ses odes : mais il avoit en même tems un naturel heureux, soutenu de la meilleure éducation ; et à la réserve de certains penchans qui à la honte de son pays et de son siécle n’y étoient pas aussi odieux qu’ils auroient dû l’être, on peut regarder Horace comme un des plus honnêtes hommes de l’antiquité. […] Mais je reconnois de bonne foi ma faute ; et je tâcherai à l’avenir de faire mieux, et de m’en piquer moins. à en juger de sens froid, je ne sçaurois croire que l’orgueil soit une bienséance de la poësie.

541. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Attristé de toutes ces idées, et comme je vous l’ai dit, prévoyant tous les orages de l’avenir, j’ai brisé ma plume… Quoique fatigué d’avoir écrit plus de cinquante ouvrages, je sentais pourtant encore le désir d’offrir au public les derniers fruits de mon expérience… Mais dans ces temps de folie et de dévergondage littéraire, quel aurait été le prix de mes efforts ? […] C’est ce que l’avenir nous apprendra. […] Cette lueur de raison décida de son sort pour l’avenir.

542. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

J’ai pris des images quelconques, ou mieux des pellicules sans images, pour figurer votre avenir, que je ne connais pas. […] Mais je ne suis nullement sûr que votre avenir coexiste ainsi avec votre présent. […] c’est l’action même ; et l’obligation où je suis de le vivre, l’impossibilité de jamais enjamber l’intervalle de temps à venir, suffiraient à me démontrer — si je n’en avais pas le sentiment immédiat — que l’avenir est réellement ouvert, imprévisible, indéterminé.

543. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Géruzez, et que nous-même mentionnons avec éloge, ait rien prédit du jugement de l’avenir. […] Elle ne se perd jamais dans l’avenir et a encore moins besoin du passé. […] Peut-être, voyant la Révolution, sinon close, du moins sur le retour, songeait-il, en émigrant (bien qu’un peu tard), à se mettre en règle avec l’avenir. […] Géruzez, et que nous-même mentionnons avec éloge, ait rien prédit du jugement de l’avenir.

544. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

La Révolution avait une mission qu’elle ignorait elle-même ; mais cette mission n’était pas tant de renverser le passé que de courir vers un avenir nouveau de la pensée et des choses. […] Tout à coup Bonaparte s’assied sur un trône de victoires ; les puissances européennes le reconnaissent, l’usurpation se fait dynastie, l’avenir paraît s’aplanir et s’étendre sans limites devant la fortune d’un soldat heureux. […] Quelquefois, dans mes moments de solitude, que je multiplie autant qu’il est possible, je jette ma tête sur le dossier de mon fauteuil, et là, seul au milieu de mes quatre murs, loin de tout ce qui m’est cher, en face d’un avenir sombre et impénétrable, je me rappelle ces temps où, dans une petite ville de ta connaissance (Chambéry), la tête appuyée sur un autre dossier, et ne voyant autour de notre cercle étroit (quelle impertinence, juste ciel !) […] Alors vous aurez délivré la première race d’hommes de la terre pour attester à l’avenir la reconnaissance du monde envers l’Italie, alma parens , et votre œuvre subsistera, parce que l’Italie entière aura sa place dans cette nouvelle ligue des Achéens.

545. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

On conçoit quelle mélancolie incurable devait être le fond des pensées de ces quatre ou cinq solitaires, riches de passé, dénués d’avenir ; condamnés à languir dans ce petit domaine, ou à être submergés par la loi de la société en sortant. […] Enfin ton avenir commence à poindre ; je te vois un état, une position sociale, un point d’appui à la vie matérielle. […] c’est ce que je désirais le plus en ce monde et pour toi et pour moi, car mon avenir s’attache au tien, ils sont frères. […] Dieu le sait, et je suis là à la porte de l’avenir, me résignant à tout ce qui peut en sortir.

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