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420. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Le vrai de la couleur ou de la lumière est si puissant, si important, qu’à peine les plus grands peuvent y arriver. […] Il arrive au jour où on le reconnaît, où on le nomme. […] On arrive à la placer si haut, qu’il semble que la nature n’ait rien de mieux à faire qu’à s’avouer vaincue et à demander des leçons aux artistes. […] Nous verrons donc nos amis arriver au Corps législatif. […] Serres que quand le professeur en sera arrivé aux détails et à la théorie particulière.

421. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Un moment, j’entre au foyer, où mes petites actrices voient arriver avec ennui le jour, où elles ne vont plus jouer, et ne plus faire leur sabbat de tous les soirs, dans les combles du théâtre. […] Il revient de là-bas avec une espèce de griserie cérébrale, une furie de travail, aiguillonnée par la vue des originaux de Lamalou, me disant qu’il a eu cette année, des bonnes fortunes en ce genre, comme cela ne lui est jamais arrivé. […] Arrive le 15 mai. […] — Oui, me répond-il, la verdure ne me comble pas de joie… Nous les gens du Midi, nous aimons les grillades de toutes sortes, et c’est pour nous une stupeur, quand nous arrivons à tout ce vert qui est dans le Nord. […] Or, nous voilà, tout le monde de Jean-d’Heurs en route, dès neuf heures, pour être sur le terrain des manœuvres à onze heures, où nous arrivons aux premiers coups de canon.

422. (1925) Dissociations

» Cela arriva. […] Nous avons mis longtemps à comprendre le charme de la danse, mais il semble que nous y arrivons enfin. […] On arrive à chaque âge avec une expérience parfaite. […] Mais il arrive que le même honnête homme, quand il se réveille marié, se réveille Othello. […] Pourtant cela est arrivé, mais je crois qu’elles resteront lointaines.

423. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il lui arrive à elle-même de le comparer à La Rochefoucauld, et, faut-il s’en étonner ? […] Laissons M. de Meilhan nous le dire par la bouche d’un de ses personnages : Je me rendis dans une maison voisine où se rassemblait ordinairement l’élite de la société ; mon cœur était navré, mon esprit obscurci des plus sombres nuages, et je croyais trouver tout le monde affecté des mêmes sentiments ; mais écoutez les dialogues interrompus des personnes que j’y trouvai, ou qui arrivèrent successivement : « Avez-vous vu passer le roi ? […] Il appelle à son aide les différents faits analogues dans l’histoire ; il discute les divers cas, le possible et le vraisemblable ; il est bien résolu en ceci, qu’il pense que la contre-révolution ne peut se faire qu’en France : mais de quelle manière y arriver ? […] Quand il arrive, dans cette revue qu’il fait en idée de sa bibliothèque, aux auteurs dramatiques et aux tragédies, le président exprime des idées littéraires très libres, très dégagées, et qui, bien que justes au fond, ne sont pas vérifiées encoreao. […] Mais, en vivant de cette vie obscurément délicieuse et amollie, à la fois sentimentale et très sensuelle, il est arrivé au dégoût final, au néant ; en perdant les enchantements de la jeunesse, il a perdu ses illusions de tout genre qui, même dans l’ordre de l’esprit, avaient besoin d’elle pour se colorer.

424. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Les bontés de Sa Majesté, l’honneur de sa confiance me donnent du courage ; mais permettez-moi de vous parler avec liberté : ce qui est arrivé après Kehl, lorsqu’on m’a blâmé d’avoir ramené l’armée en France, a fait une impression sur mon esprit, laquelle se détruira ; mais on est homme, et une certaine activité qui m’a fait agir jusqu’à présent sans trop consulter, une fois désapprouvée, ne se rétablit pas tout d’un coup. […] Pour nous expliquer toute la vérité sur Villars, sans lui faire injure, et pour nous expliquer en même temps le jugement indigné de Saint-Simon sans faire à ce dernier trop de tort, nous n’avons qu’à nous figurer (ce qui arrivait en effet) Villars dans quelque retour à Versailles, Villars déjà comblé et se présentant comme à moitié délaissé et déçu, parlant avec ostentation de sa malheureuse petite fortune à peine commencée, et de son peu de faveur en Cour, disant tout haut qu’il voyait bien que c’était une des maximes favorites des rois qu’on retient plus les hommes par l’espérance que par la reconnaissance, qu’ils font espérer beaucoup et accordent peu, et donnant par là à entendre qu’à lui, on lui promettait plus qu’on ne tenait. […] Mais en évitant de faire la seule grande chose, on arrivait à n’en pas faire même de médiocres ; « À la guerre, Sire, écrivait Villars, il n’y a que de certains moments à prendre et la diligence, sans quoi, au lieu d’avantages, il faut craindre des revers. » Les premiers et faciles succès que l’électeur était allé chercher dans le Tyrol se perdaient six semaines après dans une insurrection générale des paysans. […] Si le prince de Bade joint Marlborough, comme tous les divers avis le portent, alors je ferai des ouvrages qui me donneront toujours le temps de prendre mon parti, si je ne m’en tiens pas à celui de les attendre où je suis… Mais quand nos troupes apprendront qu’il est arrivé quinze mille hommes de renfort aux ennemis, alors je leur dirai : « Faisons, puisqu’ainsi est, quelques redans de plus. » Si je les avais faits d’avance, et que les quinze mille hommes arrivassent ensuite, des bastions ne les rassureraient pas. […] J’ai hâte d’arriver aux grands faits des dernières guerres de Villars.

425. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Il arrive avec son bataillon à l’armée d’Italie, dont le quartier général était à Nice et où commandent successivement Kellermann et Schérer. […] Bonaparte, nommé général en chef en remplacement de Schérer, arrive au quartier général à Nice dans les derniers jours de mars 1796 : Il trouva tous les services dans un état déplorable : l’armée manquait de tout, et les magasins, les caisses étaient vides. […] Dans une revue que l’empereur passa au camp de Zeist, dans l’été de 1841. le 18e fut l’un des régiments inspectés : Arrivé devant le front de bataille de mon régiment, qui présentait 4000 hommes en ligne parfaitement équipés à neuf, grâce à des économies que j’avais réalisées sur la masse, et après avoir accordé quelques faveurs à mes officiers, l’empereur parut surpris de ce que je n’avais rien demandé pour moi ; se retournant de mon côté, il me dit : « Et vous, colonel, que demandez-vous ?  […] Dès les premiers jours, dans une abbaye où l’on s’arrête et où se trouvent entassés un grand nombre de blessés et de malades, il entre avec quelques officiers du 18e pour y chercher les siens : Je les fis mettre sur les voitures des cantinières : ils périrent tous avant d’arriver à Smolensk. […] Au moment où l’armée est forcée d’abandonner ses fourgons et voitures, le colonel du 18e, arrivé au bivouac, fait ouvrir les caissons du régiment et fait compter la caisse militaire : Elle renfermait 120000 francs en or.

426. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

À peine arrivé, il le vit, l’admira et l’aima de plus en plus, s’acquit d’emblée sa bienveillance, vit qu’il pourrait lui être agréable et utile, et, se fixant, près de lui à Weimar, il y demeura (sauf de courtes absences et un voyage de quelques mois en Italie) sans plus le quitter jusqu’à l’heure où cet esprit immortel s’en alla. […] Eckermann, arrivé à Weimar depuis quelques jours, se présente chez Gœthe pour la première fois le 10 juin (1823). […] Peu d’instants après, Gœthe prévenu arrive « en redingote bleue et en souliers. » — « Noble figure ! […] On n’a guère à s’inquiéter de savoir comment on se tiendra au niveau et au courant : pour peu que vous soyez en vue, tout vous arrive, vous envahit, force la consigne, entre par la porte, par la fenêtre. […] Moi-même il m’est arrivé de l’appeler en un endroit « le Talleyrand de l’art », voulant indiquer par là qu’il tirait à temps son épingle du jeu et qu’il était homme à tricher quelquefois avec les passions mêmes qu’il exprimait.

427. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Ce n’est plus une adresse, c’est un drame dont chacun veut voir le dénouement : on écoute encore, le secrétaire poursuit ; il arrive à l’effrayant tableau des désordres, des crimes, de la dissolution qui s’avance : le côté droit, qui avait d’abord été consterné de l’hommage, s’exalte sur la censure. […] « J’ai dû vous paraître bien jeune, me dit-il, mais je vous assure que j’ai beaucoup vieilli depuis quelques mois. » Je lui répondis qu’en effet je le croyais maintenant arrivé à la maturité de l’âge dont il lui restait la vigueur ; qu’il était temps d’en faire un bon usage, et qu’il en avait les moyens. […] Le roi, au contraire, aimait mes opinions politiques, il les partageait ; mais dans leur application il me trouvait trop tranchant, trop pressé de prendre un parti décisif ; il voulait user la démocratie ; il regardait le républicanisme comme une chimère qui ne pouvait durer ; la reine et Madame Élisabath pensaient de même ; tous les rapports qui leur arrivaient des provinces annonçaient une amélioration sensible dans l’opinion publique ! […] Au bout d’une quinzaine, il partit avec un passe-port sous un nom supposé ; il arriva sans accident à Boulogne100, où il s’embarqua pour l’Angleterre. […] Malouet. » Un capitaine de vaisseau, qui était son aide de camp, arriva une heure avant lui et vint me prévenir que je trouverais le ministre fort irrité. — « Fort bien, lui dis-je, monsieur, il se calmera ; je suis fort aise qu’il vienne voir par lui-même ce que nous avons fait. — Effectivement, ma première entrevue à son auberge fut très froide : il ne me parla de rien, ni moi non plus, il était huit heures du soir : il me donna rendez-vous pour le lendemain matin à sept heures ; il y arriva à cinq, je le laissai tout visiter sans paraître avant l’heure convenue ; j’allai le trouver à sept heures juste : il avait fait sa tournée.

428. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

C’est là tout Arthur, auquel il est temps d’arriver. […] La plupart se lèvent avant le jour, pour arriver à l’heure où commence le travail. […] En les regardant, en les écoutant, je suis arrivé à goûter une indicible joie, rien qu’à voir rayonner ce beau et doux soleil sur un arbre que j’ai planté, et à trouver le strict nécessaire proprement servi sur ma table ; rien qu’à jouir du silence, de la retraite, de la lecture, ou d’une innocente occupation ; et je m’écrie vingt fois le jour, comme les Pères des déserts : « Seigneur, c’est assez ! […] Un chant de reconnaissance arrive de mon cœur à mes lèvres. […] Toujours j’avais admiré la solitude du lieu, l’épaisseur du bois, et, plus d’un soir, descendant au pas le sentier couvert qui mène au vallon, respirant les parfums de seringat qui m’arrivaient par bouffées avec la brise, il m’était venu à l’idée sous ces ombrages un roman selon mon cœur.

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