Pour cela, l’enfant fait au hasard une multitude de mouvements ; parmi ces mouvements, il en est qui le soulagent et qui, par la, se détachant de l’ensemble, fixent son attention, arrêtent sa volonté. […] Arrêtez ce balancement de l’horloge intellectuelle, sur la pensée détruite le temps dort immobile. […] Le sentiment de l’habituel a quelque chose d’analogue à celui du mouvement acquis, de la vitesse acquise, comme celle du coureur qui ne peut s’arrêter court.
L’horloge était arrêtée. […] Nous rentrons, nous lisons ces pages qui nous touchent en plein cœur de notre fraternité, et des larmes dans la gorge arrêtent notre lecture. […] Il nous dit que c’est son fils, arrêté par des migraines dans une vocation de peintre en bâtiment, tourné au théâtre, jouant dans les localité riveraines de la Seine, et peut-être appelé prochainement aux Variétés.
De cette science des crises psychologiques, de l’effet formateur des incidents sur l’homme, on trouvera d’autres exemples dans Anna Karénine, dans les passes morales de Lévine, à l’intrigue amoureuse si futilement arrêtée entre Serge et Mlle Varinka. […] Dans ce monde récrié, incolore et mugissant des pages de jeunesse mais arrêté en ses lignes menues, vivent des hommes et des femmes à l’âme exquise, ardente ou grosse, mais montrés face à face et connus soudain en un geste, un mot, un accent, comme on connaît son propre cœur. […] Mais pour des esprits comme celui de Tolstoï, que cette vie scandalise et qui tout à coup en viennent à songer que, mauvaise et absurde, elle est courte, sans espoir de rachat, sans le temps de changer ; la pensée qu’après une soixantaine d’années de péchés et de souffrances, il viendra inévitablement pour tout homme un mystérieux moment où, misérablement, il cessera d’être sans que ce globe s’arrête de fuir dans l’espace et les jours de se suivre, est intolérablement amère.
Ces vers suffit pour arrêter toute contestation. […] Valincour le sage, Valincour l’ami des arts, des artistes & de la paix, arrêta toutes ces plaisanteries. […] Ne faudroit-il pas arrêter le cours de ces productions, les empêcher de se répandre dans l’état, avec plus de soin encore qu’on n’empêche l’entrée des marchandises de contrebande ?
Je m’arrête à quelque distance, sans être aperçu même du chien, attentif à l’instrument de son jeune maître. […] « Telles que les brebis enfermées sortent de l’étable, d’abord une, puis deux, puis trois, pendant que les autres s’arrêtent tout intimidées sur le seuil, baissant l’œil et le museau à terre, — et ce que fait la première les autres le font, s’adossant à celle-ci si elle s’arrête, naïves et soumises, et ne sachant pas elles-mêmes le pourquoi ; telles, etc. » L’expression des choses métaphysiques, les définitions et les distinctions de la philosophie transcendante ne sont pas rendues par le poète avec moins de vigueur et de clarté que les scènes de la nature visible.
Si l’on admet par analogie que les nations sont les organes d’un vaste corps qui est l’humanité, il faudra concevoir que certains de ces organes sont à peine à la première phase de leur croissance, que d’autres se sont arrêtés dans leur évolution, que d’autres encore rétrogradent, que ceux-ci sont dans l’adolescence, ceux-là dans l’âge mûr, quelques-uns enfin tout près de la vieillesse. — Singulier animal en vérité ! […] Y marcher, voilà sa loi ; mais nulle nécessité ne l’y pousse : elle est toujours libre de s’arrêter ou de retourner en arrière. […] Lorsqu’il voit que le jour et la nuit s’égalisent, c’est-à-dire que les peuples qui s’agitaient dans les ténèbres se convertissent à la pure lumière, il fait retentir sa voix d’heure en heure, nuit et jour, cherchant la proie qui lui échappe. » Ainsi encore à propos du castor, dont on croyait qu’il s’arrachait lui-même les organes de la génération pour arrêter la poursuite des chasseurs : « De même tous ceux qui veulent vivre chastes en Jésus-Christ doivent arracher les vices de leur âme et de leur corps pour les jeter à la face du démon. » Et ne trouvons-nous pas comme un dernier écho de ce symbolisme dans Bossuet lui-même quand il dit : « Il semble que Dieu ait voulu nous donner, dans les animaux, une image de raisonnement, une image de finesse ; bien plus, une image de vertu et une image de vice ; une image de piété dans le soin qu’ils montrent tous pour leurs petits et quelques-uns pour leurs pères ; une image de prévoyance, une image de fidélité, une image de flatterie, une image de jalousie et d’orgueil, une image de cruauté, une image de fierté et de courage.
Imaginez un aigle qui cherche à s’élever dans les airs, et qui est arrêté dans son essor par un soliveau. […] Je crains la bastille, et je m’arrêterai là tout court. […] Et d’arrêter aux barrières les productions des arts, au lieu d’engendrer des artistes.
Même si l’on ne s’arrête pas à cette ingénieuse hypothèse, il est impossible de ne pas voir dans le sommeil un relâchement, au moins fonctionnel, de la tension du système nerveux, toujours prêt pendant la veille à prolonger l’excitation reçue en réaction appropriée. […] Arrêtons-nous sur ce dernier point. […] D’ailleurs, une fois le souvenir relié à la perception, une multitude d’événements contigus au souvenir se rattacheraient du même coup à la perception, — multitude indéfinie, qui ne se limiterait qu’au point où l’on choisirait de l’arrêter.
C’est ainsi que par instinct ou par raison, du premier coup ou bien après quelques tâtonnements, il s’arrêtera à cette loi, que toute œuvre doit être d’autant plus conventionnelle d’exécution qu’elle est plus symbolique. […] On sait ce qu’il en coûte d’efforts, de tâtonnements, de combinaisons de toute sorte pour arrêter le scénario d’une pièce ou le plan d’un roman. […] C’est alors seulement qu’il songera à consulter le modèle pour arrêter son dessin et lui donner un accent plus véridique. […] Parmi tous ces types possibles, il en est un certain nombre auxquels la nature semble vouloir s’arrêter un instant comme à une position d’équilibre stable, et qui présentent une réelle valeur esthétique. […] Là est l’extrême limite, où il faut bien s’arrêter.