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469. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Pour l’obtenir, il s’efforce de tout apprendre : il veut se mêler à tout, être le premier partout. […] Rien ne me plaît comme cette manière d’apprendre. […] Gœthe, pas plus que Dante, ne néglige de nous l’apprendre. […] Il paraît certain qu’elle avait l’intelligence vive et le désir d’apprendre. […] Auprès d’elles, les plus hauts esprits apprennent la simplicité.

470. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 457

C’est là qu’il faut apprendre à penser & à parler comme il convient sur la tolérance.

471. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 505

Pierre Petit fut enterré à Saint Etienne du Mont, où l’Abbé Nicaise fit dresser, à son honneur, une Epitaphe, qui nous apprend que cet Auteur fut un des Astres de la Pleïade du dix-septieme Siecle : Eximus Poëta, Pleïadis clarissimum sidus.

472. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Et voilà comment se perpétue ce bel art qui a besoin de traditions orales, et dont tous les secrets ne s’apprennent pas dans les livres. » Delille, en effet, se rattache, sans interruption ni secousse, à cette école qu’il fit dégénérer en la faisant refleurir. […] Ses strophes à Le Franc, insérées dans l’Année littéraire (1758), suivirent probablement cette visite à Louis Racine, de qui il avait appris que Le Franc traduisait Virgile comme lui. […] Le gouverneur du château de Meudon arrive en visite ; il connaît Diderot, il apprend son désir ; il lui assigne une chambre au château. […] A Bâle, fut-il en effet témoin du bombardement de Huningue et y apprit-il à décrire le jeu de la bombe : De son lit embrasé, tantôt l’affreuse bombe, etc. ? […] Dans une bonne édition complète de Delille, on aurait à profiter de ce manuscrit, qui nous apprend aussi quelque chose sur sa veuve.

473. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Sa fille aînée, Eugénie de Guérin, avait été naturellement sa première élève ; il lui avait appris tout ce qu’il savait : l’adoration de sa mère absente, le culte quotidien de sa mémoire à l’église et au cimetière d’Andillac, les soins assidus des pauvres, des vieillards, des enfants orphelins dans les maisons du voisinage. […] On voyait qu’elle l’avait appris devant la croix. […] « À neuf heures du matin ma mère fut mise au tombeau. » XXXII Et plus loin : « Je demande à mon âme ce qu’elle a vu aujourd’hui, ce qu’elle a appris, ce qu’elle a aimé, car chaque jour elle aime quelque chose. […] Tout chante ou va chanter. » Et quelques pages plus loin, à propos d’un enfant de deux ans, à qui la mort a enlevé sa mère : « Le cœur apprend à s’affliger comme il apprend à aimer, en grandissant. » XXXIII Les plus minutieux détails du ménage lui sont poésie et sentiment. […] « Je le veux faire aussi, à l’école de Jésus, pour apprendre à devenir sage, d’une sagesse chrétienne. » Le 30 juin.

474. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Gustave apprit là bien des choses dont il ne se doutait point, et, voyant qu’il fallait renoncer à l’espoir de ramener la comtesse, il conçut aussitôt le projet de faire prononcer la séparation légale des deux époux. […] J’interrogeais tout le monde, et partout j’apprenais qu’elle y était passée environ deux mois auparavant. […] Là nous apprîmes, par ceux de nos gens que nous avions laissés à Paris, que, ce même lundi 20 août fixé d’abord pour notre départ, que j’avais par bonheur avancé de deux jours, cette même section qui nous avait délivré nos passeports s’était présentée en corps (voyez un peu la démence et la stupidité de ces gens-là !) […] En 1796, il lui vint en idée d’apprendre le grec par des procédés solitaires que le dernier des hellénistes lui aurait épargnés ; mais il aurait été obligé d’avouer à quelqu’un son ignorance. […] Il plut à ces messieurs (je ne saurais les nommer, car mon ami Caluso s’était démis de sa place de secrétaire de l’académie), il leur plut, dis-je, de m’élire membre de cet institut et de me l’apprendre directement par une lettre.

475. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Goethe, à ses débuts, est un homme du dix-huitième siècle ; il a vu jouer dans son enfance le Père de famille de Diderot et les Philosophes de Palissot ; il a lu nos auteurs, il les goûte, et lorsqu’il a opéré son œuvre essentielle, qui était d’arracher l’Allemagne à une imitation stérile et de lui apprendre à se bâtir une maison à elle, une maison du Nord, sur ses propres fondements, il aime à revenir de temps en temps à cette littérature d’un siècle qui, après tout, est le sien. […] Vous avez pour ces deux genres des dispositions naturelles, c’est là votre métier ; vous devez vous y tenir, et il vous procurera bientôt une excellente existence ; mais il y a bien des choses qui, sans se rattacher spécialement à ce qui vous occupe, doivent cependant être apprises. Il s’agit de les apprendre vite. […] » Nous lui apprîmes que nous venions à l’instant même de faire connaissance. […] On vint à dire que je devrais apprendre l’anglais.

476. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Laissons ces derniers qui forment un groupe naturel et considérons ce que nous avons appris sur l’art du seul lyrique que nous avons été amené à connaître. […] Tourguénef même dont nous avons appris à connaître le bel équilibre mental et la calme gravité opère autant par le charme poétique que donnent à ses descriptions sa manière réticente et fragmentaire, par la complexité nuancée de ses psychologies, par son merveilleux don de rendre tout le sinueux de la vie, que par l’émotion de pitié et de tristesse qui pénètre tous ces écrits. […] Les poètes, après avoir ébauché dans l’antiquité la découverte de la nature, l’ont reprise à la Renaissance anglaise, poussée à la fin du siècle précédent, étendue jusqu’à nos jours, où la foule obtuse a appris d’eux qu’il existe de sublimes beautés dans le murmure des grands bois, l’ondulation des moissons, la rigidité des pics et le bondissement des flots. […] Cet auteur presque parfait mais moyen, a rencontré de vives amitiés parmi les écrivains de l’époque impériale ; il n’a guère influé sur aucun d’eux, sauf, peut-être Prosper Mérimée, auquel il put apprendre dans une certaine mesure à modifier la forme de sa nouvelle, à passer du récit compassé de ses premières œuvres à une ordonnance plus libre. […] Si les pauvres et les humbles s’y soumettent c’est qu’ils ne savent pas s’en plaindre et si l’élite s’y prête c’est qu’elle ignore le danger qu’elle court, qu’on ne lui a pas appris à sympathiser avec les maux des misérables, à y reconnaître les siens.

477. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Né dans ces massacres et grandi dans ces ruines, Audin eut pour premiers spectacles les malheurs de sa ville natale ; et les premières impressions, qui pétrissent et moulent si bien l’âme d’un homme, qu’elles en arrêtent la forme à jamais, affermirent dans l’enfant lyonnais le christianisme de sa mère, et apprirent à cet être doux, fin et candide qu’il était né et qu’il resta toujours, que la religion avait besoin, dans ce temps-là, pour se défendre, de ces doux auxquels elle a promis l’empire de la terre ! […] Or le livre d’Audin apprenait mal l’histoire la plus importante à connaître ; car 1572 est la clef de l’abîme de 1789. […] Plongé dans les livres et les manuscrits comme un Bénédictin et un Bollandiste, ayant appris l’allemand avec une ténacité enflammée, comme Alfieri avait appris le grec, à un âge où l’on ne vit plus que par les idées, il ajouta l’érudition des yeux, les voyages, les monuments, les antiquités, à l’érudition purement littéraire ; et, comme les assujettissements du commerce devenaient de plus en plus incompatibles avec l’étendue des travaux historiques qu’il méditait, il céda sa librairie en 1836 à l’éditeur actuel de ses Œuvres complètes, et partit pour faire le tour des bibliothèques de l’Europe. […] Il nous a appris lui-même qu’en terminant les dernières pages de son Luther, il préparait déjà son Calvin. […] Dès que madame Audin eut appris les progrès de ce mal plus fort que les médecins, elle alla rejoindre son mari, l’atteignit à Civita-Vecchia, où il était venu au-devant d’elle.

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