Paris l’appelait, et le Journal des Débats, qui avait besoin d’une plume finement aiguisée, recourait à lui. […] L’ouvrage qui appellerait sa critique n’obtient que ses éloges, et c’est assez qu’il devienne pour lui le prétexte d’un développement personnel, ingénieux et piquant, continu et mesuré. […] Prevost-Paradol est au premier rang des jeunes écrivains distingués qui se sont produits dans ces cinq ou six dernières années ; une fonction spéciale lui est dévolue : il est ce qu’on peut justement appeler le Secrétaire général des anciens partis, adopté et chéri d’eux en cette qualité. […] Le vieux Michaud de l’Académie, journaliste spirituel, celui que l’empereur Napoléon appelait un mauvais sujet, avait une maxime : « On ne dit bien que ce qui est difficile à dire. » 21.
L’auteur a de petites rencontres familières où il se tape sur la joue à lui-même ; il s’appelle le petit espiègle ; il se fait marcher devant soi. […] Delécluze, tout plein de ces souvenirs, décrit tout et appelle tout par son nom : voilà de la vérité. […] s’écrie Étienne tout saisi à l’idée du contraste ; ce tableau de Virginius, commencé en 1796, en présence du petit élève de Moreau, devait, quarante ans après (lisez trente, c’est bien assez), lorsque l’artiste le termina en 1827, passer à l’Exposition du Louvre sous les yeux du critique Étienne, appelé à écrire sur les arts dans le Journal des Débats ! » Ce sont là de ces étonnements que j’appelle naïfs, et les vicissitudes humaines, de 1796 à 1827 ont eu, on l’avouera, des coups de dés plus renversants.
Fouché ; il y a de ces instants de l’histoire qui appellent une peine morale et infamante. […] Sa philosophie, à lui, restait toute pratique, non critique, non ironique, nullement pessimiste, mais toute en vue de l’usage qu’on peut faire, du parti qu’on peut tirer de ce merveilleux instrument qui s’appelle l’homme, dans une société, dans une nation. […] J’ai vécu dans les assemblées, et j’ai été frappé d’une chose : c’est que dès qu’un orateur faisait ce qu’on appelle une phrase, l’auditoire souriait avec un indéfinissable dédain et cessait d’écouter. […] Ensuite, il y a dans ses tableaux ce que nous autres, amateurs des arts, appelons le clair-obscur, et ce clair-obscur consiste dans une profonde tristesse, tristesse d’un honnête homme vivant sous la plus basse et la plus exécrable des tyrannies.
« Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu ! […] Les Évangélistes, pas plus que le grand apôtre saint Paul, ne sont le moins du monde des écrivains parfaits, précis, observant la liaison des idées et soucieux de ce qu’on peut appeler la clarté littéraire ; prenons-les tels quels, comme Jésus les a pris ; je ne m’attache qu’au souffle général dans ces paroles plus ou moins complètement recueillies : qui pourrait, en les lisant, ne pas le sentir circuler à travers ? […] Sénèque, à son tour, et sans avoir connu saint Paul, appelait l’homme une chose sacrée à l’homme, homo sacra res homini : « Ayez donc toujours dans le cœur et dans la bouche, disait-il, ce vers de Térence : Je suis homme et rien de ce qui touche l’homme ne m’est indifférent. […] C’est une sorte de signalement qu’est censé envoyer au Sénat romain un Lentulus, gouverneur de la Judée, dans le temps où les prédications de Jésus commençaient à faire du bruit : « On voit à présent en Judée un homme d’une vertu singulière qu’on appelle Jésus-Christ.
— 1836 Depuis six ans environ, il s’est fait un assez bon nombre de tentatives poétiques pour sortir du genre qu’on pourrait appeler élégiaque, lyrique, individuel, du genre de l’art pour l’art, de ces deux cercles voisins l’un de l’autre et où se dessinent hautement Gœthe et Byron. […] On voit par là comment les pèlerins du moyen âge ont cru et fait croire au voyage de Charlemagne à Jérusalem, comment un chanoine espagnol a fabriqué naïvement la chronique dite de Turpin, et un moine du midi le livre appelé Philomela. […] Je n’y contredirai qu’un endroit : « L’harmonie entrecoupée qu’appellent d’elles-mêmes l’ode et l’élégie ne ferait, dit-il, qu’énerver le vers héroïque. […] Il a rendu à merveille son patriotique regret dans le beau chant d’invective appelé Aiguillon.
Jean-Baptiste Rousseau Louis XIV vieillissait au milieu de toutes sortes de disgrâces et survivait à ce qu’on a bien voulu appeler son siècle. […] Il avait vu à Londres Saint-Évremond ; à Paris, il était des familiers du Temple, des habitués du café Laurens ; il s’essayait au théâtre par de froides comédies ; il paraphrasait les psaumes que le maréchal de Noailles lui commandait pour la cour, et composait pour la ville d’obscènes épigrammes, qu’il appelait les Gloria Patri de ses psaumes. […] Il appelle Gresset un génie supérieur, et ne le chicane que sur ses rimes : Des Fontaines se croit obligé de l’avertir que c’est aller un peu trop loin. […] Gacon, de nos jours, se fût réconcilié avec lui, et l’eût appelé notre grand lyrique.
En effet, une gloire véritable ne peut être acquise par une célébrité relative, on en appelle toujours à l’univers et à la postérité pour confirmer le don d’une si auguste couronne ; elle ne doit donc rester qu’au génie ou à la vertu. […] La première des difficultés, dans tous les gouvernements où les distinctions héréditaires sont établies, c’est la réunion des circonstances qui donnent de l’éclat à la vie ; les efforts que l’on fait pour sortir d’une situation obscure, pour jouer un rôle sans y être appelé, déplaisent à la plupart des hommes. […] Les individus de la même classe que soi, qui se sont résignés à n’en pas sortir, attribuant bien plutôt cette résolution à leur sagesse, qu’à leur médiocrité, appellent folie une conduite différente, et sans juger la diversité des talents, se croient faits pour les mêmes circonstances. […] Enfin, l’on pouvait être étonné, par conséquent entraîné ; et des hommes croyaient qu’un d’entre eux était nécessaire à tous ; de là les grands dangers que courait la liberté, de là les factions toujours renaissantes, car les guerres d’opinions, finissent avec les événements qui les décident, avec les discussions qui les éclairent ; mais la puissance des hommes supérieurs se renouvelle avec chaque génération, et déchire, ou asservit la nation qui se livre sans mesure à cet enthousiasme ; mais lorsque la liberté de la presse, et ce qui est plus encore, la multiplicité des journaux rend publiques chaque jour les pensées de la veille, il est presque impossible qu’il existe dans un tel pays ce qu’on appelle de la gloire ; il y a de l’estime, parce que l’estime ne détruit pas l’égalité, et que celui qui l’accorde, juge au lieu de s’abandonner ; mais l’enthousiasme pour les hommes en est banni.
Et ce n’est point un lapsus, car ailleurs il appelle Parny « l’un des poètes les plus absolument poètes de la littérature européenne…, Parny, ce délice ! […] Il n’avait pas seulement ce qu’on peut appeler la dureté de l’âme générale et l’inhumanité, défaut commun chez les écrivains et les personnages célèbres de son temps, seul défaut saillant d’un siècle où bien décidément le caractère et l’esprit français ont atteint leur point de perfection et d’équilibre. […] Weiss l’appelle « un des plus vigoureux en sa suavité qui existent » L’usage est de mettre Athalie au-dessus d’Esther ; « J’ai, dit M. […] Le Verre d’eau lui semble inspiré par « une vue supérieure des choses humaines » ; et il appelle enfin la « mixture Auber-Scribe » un « ferment divin où Scribe fournissait la magie des situations et Auber la magie de l’expression ».
Chez eux on appelait proprement classici, non tous les citoyens des diverses classes, mais ceux de la première seulement, et qui possédaient au moins un revenu d’un certain chiffre déterminé. […] Cette définition du classique a été faite évidemment par les respectables académiciens nos devanciers en présence et en vue de ce qu’on appelait alors le romantique, c’est-à-dire en vue de l’ennemi. […] Goethe, que j’aime à citer en pareille matière, a dit : J’appelle le classique le sain, et le romantique le malade. […] Ces âges, qu’on les appelle du nom de Louis XIV ou de celui de la reine Anne, sont les seuls âges véritablement classiques dans le sens modéré du mot, les seuls qui offrent au talent perfectionné le climat propice et l’abri.