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1889. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de convictions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, vénèrent encore un peu, estomaqués, quand ils entendent un penseur de la même famille proclamer que la religion de la patrie, à l’heure présente, est une religion aussi vieille que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie.

1890. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Quelles furent les vicissitudes de cet attachement contrarié par leur âge et par leur misère ; comment triompha-t-il de longs obstacles ; comment, sous le nom plébéien de Lisette, Béranger célébra-t-il constamment la même personne poétisée dans ses chansons ; comment Judith sembla-t-elle disparaître pendant quelques années, non de son cœur, mais de la vie de son poète ; comment la vit-on reparaître dans son âge mûr ; comment un mariage à demi secret, à demi avoué dans une lettre équivoque et transparente cependant de Béranger au public, laissa-t-il ses amis dans une ambiguïté d’affirmation ou de doute sur la nature de cette vieille amitié ; comment Judith et son poète finirent-ils pourtant par se réunir sous le même toit pour mourir ensemble ; c’est ce qu’il n’appartient qu’aux historiens de la vie de Béranger de savoir et de dire.

1891. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Or, ces caractères n’appartiennent pas à l’espèce originelle, le Pigeon Biset (C. livia) ; ce sont donc des variations analogues chez des races très distinctes.

1892. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Le pouvoir civil en est seul responsable, puisqu’à lui seul appartient la force. » L’argument est connu ; il tend à démontrer que, si, manquant de la force nécessaire, vous mettez le couteau aux mains d’un être robuste et dont vous avez fait votre chose, pour l’employer à vos desseins homicides, le meurtrier c’est lui, et c’est vous l’innocent ; que si vous prêchez le crime, laissant aux autres le soin de l’accomplir, vous demeurez sans reproche.

1893. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Ainsi toutes les découvertes des anciens Égyptiens appartiennent à un Hermès ; la première constitution de Rome, même dans cette partie morale qui semble le produit des habitudes, sort tout armée de la tête de Romulus ; tous les exploits, tous les travaux de la Grèce héroïque composent la vie d’Hercule ; Homère enfin nous apparaît seul sur le passage des temps héroïques à ceux de l’histoire, comme le représentant d’une civilisation tout entière.

1894. (1900) La culture des idées

Peut-être même appartiennent-elles à tout le monde ; peut-être toutes les idées sont-elles communes à tous ? […] Cette sensibilité appartient encore en grande partie au domaine du subconscient ; il y a, selon l’expression de Leibnitz, « les pensées dont ne s’aperçoivent pas notre âme », il y a aussi les sensations dont ne s’aperçoivent pas nos sens, et ce sont peut-être celles-ci qui, de même qu’elles sont entrées, sortent subconsciemment. […] Quiconque, homme ou peuple, n’a pas dissocié ces deux idées n’a pas rendu la liberté dans son esprit aux éléments de cette vérité ; qu’en dehors de l’acte proprement générateur accompli sous la protection des lois religieuses ou civiles (les secondes ne sont que la parodie des premières, dans nos civilisations essentiellement chrétiennes), les relations sexuelles sont des péchés, des erreurs, des fautes, des défaillances ; quiconque adopte en sa conscience cette règle, sanctionnée par les codes, appartient évidemment à une civilisation encore rudimentaire.

1895. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il est, entre nos grands écrivains, le seul qui soit pleinement « à cheval » sur deux mondes, le seul qui ait appartenu à l’ancien régime et au nouveau, le seul qui ait presque autant vécu dans l’un que dans l’autre, le seul aussi qui ait tant voyagé et qui ait vu tant d’aspects de la terre. […] Et ainsi, de descriptions du monde invisible qui rappelaient le Paradis perdu et la Messiade et qui appartenaient au « genre sublime », nous passons à une sorte de conte philosophique et à quelque chose qui n’est pas extrêmement différent de l’Ingénu de Voltaire, — pour revenir ensuite à une manière d’épopée, qui n’est vraiment pas le contraire des Incas de Marmontel. […] Afin d’inspirer plus d’éloignement pour le cas de René, il a pensé, nous dit-il, qu’il devait prendre la punition de ce jeune homme « dans le cercle de ces malheurs épouvantables qui appartiennent moins à l’individu qu’à la famille de l’homme » ( ?) […] « Rien de certain parmi les anciens, rien de beau parmi les modernes. » Alors il invoque les bons sauvages, en disciple encore fidèle de Rousseau (et ce passage doit donc appartenir à la première rédaction de René) : « Heureux sauvages !

1896. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Le monde appartenait à d’autres, à ceux-là mêmes dont il s’était tant gaussé.

1897. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Sa mère, Rolland de son nom, appartenait à une famille qui a donné un peintre très distingué au pays messin, et qui promettait dans un des frères mêmes du peintre un lettré et un poète.

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