Il y a quelques années, on aurait hésité à prendre pour texte sérieux ces Mémoires qui passaient pour un assez mauvais livre et des plus amusants. […] Mme Du Deffand a peint cette même gracieuse personne quelques années plus tard (20 février 1767) : La petite Lauzun arriva… La petite femme est un petit oiseau qui n’a encore appris aucun des airs qu’on lui siffle ; elle fait de petits sons qui n’aboutissent à rien ; mais, comme son plumage est joli, on l’admire, on la loue sans cesse ; sa timidité plaît, son petit air effarouché intéresse. […] Mais, on le sait très bien aujourd’hui par l’accord de tous les témoignages, Marie-Antoinette n’était pas femme à s’occuper volontiers de politique ; elle n’y vint que tard dans les années de la Révolution, et quand il le fallut absolument. […] Deux réflexions me retinrent : je n’ai jamais voulu devoir une femme à un instant dont elle peut se repentir, et je n’eusse pu supporter l’idée que Mme Czartoryska se crût sacrifiée à l’ambition. » Quoi qu’il en soit de cette réserve dont il se donne avantageusement tout l’honneur, Lauzun continua, durant dix-huit mois ou deux années environ (1775-1777), de courir les chances de la faveur la plus périlleuse et la plus enviée. […] Dans les premières années de la Restauration, la haute société fut avertie de l’existence de ces Mémoires et en ressentit une véritable épouvante.
Fréron, dans L’Année littéraire, ne manqua pas cette occasion de critique ; il y raillait l’enthousiasme lyrique du jeune poète, méconnaissait les beautés réelles de son ode, et disait en propres termes : « Il m’est passé bien des odes par les mains ; je n’en ai point encore lu d’aussi mauvaise que celle de M. […] Les troubadours du Midi sortaient chaque année avec le printemps, et faisaient leur tournée dans les châteaux, accompagnés de quelques jongleurs ou musiciens qui les aidaient à mettre en action leur gai savoir. […] Dans l’ode où on lit cette belle strophe, Le Brun déplore la maladie de Buffon, qui avait perdu Mme de Buffon l’année précédente, et qui avait été lui-même en danger de la suivre. […] Mais une année à peine s’était écoulée, que les procédés de Le Brun envers sa femme dénotèrent des défauts et même des vices de nature, dont toute sa destinée s’est ressentie. […] [NdA] Il parut, à la fin de 1762 et l’année suivante, une feuille littéraire qui s’annonçait pour vouloir faire concurrence et guerre à Fréron, La Renommée littéraire.
Courier, en ces années 1814-1815, jouissait de la meilleure réputation dans le monde royaliste de son pays ; on lui savait gré de n’avoir jamais donné dans l’Empire. […] Clavier, l’occupèrent durant l’année 1817. […] Le colonel Bugeaud, pendant ces années, pratiquait sincèrement l’agriculture ; vaillant soldat pour qui le nom d’Austerlitz n’était en rien une métaphore, il tenait la charrue tout de bon, et il en devait sortir ce qu’on l’a vu, rude, plus aguerri encore et endurci, mais avec ces qualités supérieures qui ont forcé la destinée, et qui ont valu la gloire à sa vigoureuse vieillesse. […] Mais, cinq années après, comme elle passait à cheval près du lieu funeste qu’elle évitait d’ordinaire et où un monument avait été élevé, le cheval eut peur, fit un écart et faillit la renverser. […] Il avait vieilli en peu d’années ; il avait remords d’avoir tué son maître qui avait plus de confiance en lui qu’en tout autre, et d’avoir cédé à des suggestions, peut-être à des menaces, dans l’exécution du meurtre.
Le fameux Dialogue de Sylla et d’Eucrate, qui parut quelques années après les Considérations sur les Romains (1745), ne s’en sépare guère : il fut composé pour l’espèce d’Académie des sciences morales et politiques en germe, qui s’assemblait dans un entresol de la place Vendôme, chez l’abbé Alary. […] Dans les années qui précédèrent, et quand il n’était pas à son château de La Brède, il vivait à Paris, fort répandu dans le grand monde, particulièrement dans le cercle de la duchesse d’Aiguillon, de Mme Du Deffand, et fort désiré partout, fort souhaité ; simple, bonhomme même, payant de sa personne sans chercher à briller. […] Il avait passé en dernier lieu presque trois années de suite dans ses terres (1743-1746), travaillant sans relâche. […] « J’entends, disait l’illustre auteur, quelques frelons qui bourdonnent autour de moi ; mais, si les abeilles y cueillent un peu de miel, cela me suffit. » Montesquieu vécut six années encore : il était vieilli avant le temps. […] On a ajouté que Montesquieu, dès qu’il en eut connaissance, fut au désespoir, qu’il alla trouver Mme de Pompadour et qu’il obtint qu’on arrêtât l’édition : « Elle fût hachée tout entière, dit Chamfort, et on n’en sauva que cinq exemplaires. » Cette anecdote, qui ferait tort au caractère de Montesquieu, et dont Fréron avait déjà touché quelque chose dans L’Année littéraire, me paraît suspecte.
Bien des années après, le grand Frédéric, à Potsdam, lui faisait la galanterie de lui en réciter par cœur le début. […] Le meilleur et le mieux informé de ses biographes, Meister de Zurich, qui avait été pendant des années son secrétaire, et qui l’a peint au naturel avec reconnaissance, nous indique de lui dans sa jeunesse un amour profond et mystérieux pour une princesse allemande qui se trouvait alors à Paris : cette passion silencieuse faillit faire de Grimm un Werther. […] En qualité de solitaire, nous confesse Rousseau, je suis plus sensible qu’un autre ; si j’ai quelque tort avec un ami qui vive dans le monde, il y songe un moment, et mille distractions le lui font oublier le reste de la journée ; mais rien ne me distrait sur les siens ; privé du sommeil, je m’en occupe durant la nuit entière ; seul à la promenade, je m’en occupe depuis que le soleil se lève jusqu’à ce qu’il se couche : mon cœur n’a pas un instant de relâche, et les duretés d’un ami me donnent dans un seul jour des années de douleurs. […] À cette époque où nous le voyons et où il est aux dernières années de sa jeunesse, sa froideur apparente cachait mal un reste d’ardeur intérieure, et sa fermeté n’ôtait rien à la délicatesse de ses sentiments. […] En homme prévoyant, il résolut, tout en cultivant l’amitié, de s’amasser des occupations pour les années toutes sérieuses et sévères ; il voulait se rendre le témoignage de n’être plus un être oisif et inutile au milieu de la société.
Je recommande comme un très beau chapitre moral à opposer aux assertions de Rousseau, le chapitre qui commence l’année 1756 en ces mots : « J’ai souvent été étonné du vain orgueil de l’homme… » Grimm commence quelquefois l’année par des réflexions générales qui sont belles dans leur sévérité. […] Il y avait des années qu’écrivant à Mlle Volland, l’amie de Diderot, et lui parlant de la vérité et de la vertu comme de deux grandes statues que Diderot se plaisait à voir élevées sur la surface de la terre et immobiles au milieu des ravages et des ruines : « Et moi je les vois aussi, s’écriait-il ; … mais qu’importe que ces deux statues soient éternelles et immobiles s’il n’existe personne pour les contempler, ou si le sort de celui qui les aperçoit ne diffère point du sort de l’aveugle qui marche dans les ténèbres ! […] Ces tristes idées qu’il avait de tout temps nourries, et où il faisait bon marché de la majorité de l’espèce, durent lui revenir plus habituelles et plus présentes dans les années de sa chagrine vieillesse, après qu’il eut perdu tous ses amis, et quand le monde, bouleversé en apparence, se renouvelait autour de lui d’une façon si étrange. […] [NdA] La Correspondance littéraire de Grimm parut pour la première fois en 1812, et acheva de se publier l’année suivante.
Necker composa dans les années qui suivirent (1781-1788), portent la marque de cette sensibilité tendre et vive qu’il ne prend pas le soin de dissimuler. […] Ce qu’on peut répondre à Rivarol, c’est que lui-même, quelques années après, éclairé par l’esprit encore plus que par le cœur, il prenait soin de se réfuter en rendant hommage à son tour aux doctrines religieuses et conservatrices. […] Necker, on le voit, est un des précurseurs les plus honorables du grand mouvement qui éclata au commencement du xixe siècle, et son recueil de discours ne précéda que de deux années le Génie du christianisme. […] Necker par lui-même nous montre encore quelques-unes de ces qualités, mais jointes à une personnalité excessive, non amère, plutôt naïve, surabondante dans l’expression de ses sentiments, et donnant jour, quand elle s’épanche, à toutes les sensibilités de l’homme privé, à toutes les faiblesses de l’homme public, Les infortunes des autres, celles surtout de son vertueux roi, vinrent un peu calmer les siennes, et, dans les années suivantes, il a retrouvé la mesure de sa pensée et la possession de sa plume quand il écrit. […] Necker mourut le 30 mars 1804, dans sa soixante-douzième année.
De ces années de collège il ne me reste aucun souvenir agréable et je ne voudrais pas les revivre. […] Pour lui, la vie semblait devoir s’arrêter à la vingtième année. […] Plus avancé dans la vie, nous serons partis depuis bien des années ! […] L’année suivante il mit au salon le Médecin à la campagne. […] Ses dessins originaux, faits à la plume, sont exquis de finesse, de verve et de bien rendu, et gagneront de valeur, d’année en année.
Je l’avais vu naître quelques années avant, dans un petit entresol de la rue Gaillon. […] Rentré en France quelques années après, j’en jouissais par une vive et sincère amitié pour le mari et pour la femme. […] Notre sœur cadette mourut jeune, après cinq années de mariage. […] « On le voit, les seules paroles qu’on a retenues des premières années d’Honoré révélaient plutôt la bonté que l’esprit. […] La liste de ses livres pendant ces fécondes années est longue.