Et puis l’opinion de M.de Loménie est une autorité en matière de biographie ; ses notices, si modestement comme ncées il y a quelques années, ont fait leur chemin ; elles sont lues partout, et elles le méritent. […] Durant les années de séjour à Brunswick, et vers le mois de janvier 1793, Benjamin Constant avait fait la connaissance d’une femme dès lors mariée, et qu’il devait retrouver plus tard dans la vie. […] J’ai pensé qu’on en saisirait la cause profonde dans le tableau de cette singulière jeunesse et de ces premières années qui se dévoilaient soudainement à nous : de là mon analyse91. […] Après les orages terribles qui avaient rempli les premières années de son mariage, et dont il a noté les accidents les plus singuliers dans son projet de mémoires, il quitte Lausanne et part pour l’Allemagne. […] J’espère finir cet hiver l’ouvrage qui m’a occupé tant d’années.
Duruy était nommé maître de conférences à l’École normale et inspecteur de l’Académie de Paris ; en février 1862, inspecteur général ; la même année, professeur d’histoire à l’École polytechnique. […] Chaque année, il se faisait un devoir d’accompagner, dans les lycées où ce prélat donnait la confirmation, Mgr Darboy, qui était, d’ailleurs, un homme doux et triste et, dit-on, d’une foi très peu agressive. […] Mais agir pour les autres, durant de longues années, durant toute une vie, cela ne se conçoit guère sans un peu de confiance en la future victoire de la raison. […] Il disait, dans l’avant-propos de celle-ci, quelques années avant sa mort : « Il y a plus d’un demi-siècle, élève de troisième année à l’École normale, j’avais, avec l’ambition ordinaire à cet âge, formé le projet de consacrer ma vie scientifique à écrire une Histoire de France en huit ou dix volumes. […] Les dernières années de M.
C’est en 1843, c’est-à-dire cinquante années juste après la mort de Barnave, qu’ont paru ses Œuvres très authentiques recueillies par la piété d’une de ses sœurs, Mme de Saint-Germain, aidée des soins de M. […] Le vent du midi soufflait ; toute la journée il agita les arbres sous les fenêtres et abattit les dernières feuilles de l’année. […] Dès l’année 1783, à l’âge de vingt-deux ans, il prononça, à la clôture des audiences du Parlement, un Discours sur la nécessité de la division des pouvoirs dans le corps politique. […] Quel espace immense franchi dans ces trois années, et sans que nous puissions nous flatter d’être arrivés au terme ! […] Détenu durant plus d’une année en Dauphiné, les nombreux écrits par lesquels il remplissait les longues heures de réflexion et de solitude sont empreints du même caractère : maturité, sagesse, élévation, aucun sentiment irrité ni haineux, rien de personnel.
Les six ou sept premières années qui s’écoulèrent depuis la mort du cardinal Mazarin, et qui constituent la première époque du règne de Louis XIV (1661-1668), y sont exposées et racontées dans une suite et un détail continu. Les années suivantes, jusqu’en 1694, y sont représentées par une série de lettres qui concernent plus spécialement les campagnes et opérations militaires. […] Il y a bien peu d’années, il en était encore ainsi des neuf tomes des Mémoires authentiques de Napoléon. […] Mazarin, qui l’avait démêlé dans les dernières années, lui avait donné en conversant des conseils d’homme d’État, que le jeune homme avait saisis aussitôt mieux que n’auraient fait bien des esprits réputés plus cultivés et plus fins. […] Mais au début, et dans les sept ou huit premières années de sa jeunesse, il me semble que Louis XIV échappe à ce reproche.
Ce malheur, noblement porté durant les vingt et une années d’exil qu’il passa à l’étranger, donnait à sa physionomie une expression à part entre toutes celles de ses compagnons d’armes, dont plusieurs avaient été si durs pour lui. […] Il pensait jusqu’en ses dernières années qu’un homme, pour rester tout à fait comme il faut, doit passer, chaque jour, quelques heures d’entretien avec les femmes : cela maintient l’esprit et la délicatesse. […] Dans les années qui suivirent, il réforma les différentes parties de cette arme, il simplifia les calibres de campagne, rendit le matériel léger, d’un facile transport, et établit le système qui a fait le tour de l’Europe pendant toutes les guerres de l’Empire. […] Le premier commandement en chef de Marmont fut, en mars 1804, au camp d’Utrecht ou de Zeist ; c’est là qu’il apprit ce qu’il avait eu jusque-là peu d’occasions personnellement d’étudier et d’appliquer, la science et l’habitude des manœuvres, de la tactique proprement dite : Si j’ai eu quelque réputation à cet égard, je la dois à mon long séjour au camp de Zeist, où, pendant plus d’une année, j’ai constamment été occupé à instruire d’excellentes troupes et à m’instruire moi-même, avec cette émulation et cette ferveur que donne un premier commandement en chef dans les belles années de la jeunesse. […] Appelé en avril 1811 au commandement de l’armée de Portugal, Marmont entra dès lors dans cette carrière de lutte, de succès chèrement achetés, et de revers, qui occupe les dernières années de l’Empire.
L’histoire de ce dernier tableau, avec toutes ses vicissitudes et ses bulletins successifs, serait celle des trois dernières années de Léopold Robert et de la maladie morale même à laquelle il a succombé. […] Je suis toujours étonné de la singulière direction que l’on adopte pour devenir peintre : il me semble qu’elle est absurde ; car je ne peux pas me représenter un homme qui a quelque chose dans la tête, qui passe des années à copier. […] On trouverait dans ses lettres écrites durant les deux ou trois années qui précédèrent sa fin, des paroles qui sont comme des pronostics : Hélas ! […] Mais ce qui est touchant, c’est que, dans les années précédentes, un ami délicat et attentif, M. […] Un soir, le dernier jour de l’année 1832, Léopold Robert était sorti avec son frère pour remettre des cartes chez le gouverneur et chez le comte de Cicognara : Nous sommes entrés ensuite, raconte-t-il dans l’église Saint-Marc, où il y avait une cérémonie : nous avons reçu la bénédiction.
Il faut se souvenir avant tout que, le 15 mai 1840, la Revue des deux mondes publia, avec une notice de George Sand qui y servait de préface, un magnifique fragment d’un poète mort l’année précédente à vingt-neuf ans, Georges-Maurice de Guérin. […] Quelques années s’écoulèrent : Maurice, dit encore sa sœur, était enfant imaginatif et rêveur : il passait de longs temps à considérer l’horizon, à se tenir sous les arbres. […] Il se sentit bientôt atteint de ce mal d’ennui qui fut celui des individus distingués dans les jeunes générations des trente premières années du siècle. […] Huit mois avant de mourir, il avait épousé une jeune personne indienne, élevée à Calcutta, et venue à Paris depuis peu d’années : « C’est en effet, dit Mlle de Guérin, une ravissante créature en beauté, en qualités et vertu, Ève charmante, venue d’Orient pour un paradis de quelques jours. » Le mariage se célébra à l’Abbaye-aux-Bois. […] Cette personne rare, cette sœur de génie, comparable par l’élévation et l’ardeur de la pensée à tout ce qu’il y a de plus distingué parmi les sœurs fidèles, Mlle Eugénie de Guérin mourut vers le milieu de l’année 1848.
C’est aux approches de la soixantaine qu’il se mit décidément à rajeunir ; il atteignait à soixante-dix ans sa fleur, il s’y maintenait durant une douzaine d’années, et jusqu’à quatre-vingt-deux ans et même au-delà il fut dans tout son vif. […] Rossi, qui savait si bien son Bonstetten, et qui jeune, et dans ses années de séjour à Genève, avait été si bien apprécié par lui, racontait à merveille l’anecdote suivante. […] Après les premières années passées à Berne, dans un état de contrainte et de souffrance due à la rudesse des mœurs domestiques, et à la grossièreté des mœurs scolaires, le jeune Bonstetten, vers l’âge de quatorze ans, fut placé à la campagne près d’Yverdun, dans une famille composée de trois sœurs et de deux frères, « tous aimables, bons, tous le chérissant comme leur enfant ». […] Ces années d’heureuse adolescence à Yverdun, où il était « roi de son temps et seigneur de ses heures », où il déchiffrait ses auteurs sans dictionnaire et lisait tant bien que mal Horace en parcourant la campagne ou perché entre les branches d’un vieux cognassier, lui laissèrent dans l’imagination un tableau d’âge d’or ineffaçable. […] En regard du Bonstetten de vingt-quatre ans que Gray vient de nous montrer dans toute sa fougue et sa gentillesse, et dont il a peur en même temps qu’il en est charmé, représentons-nous celui que Zschokke a dépeint à bien des années de là, « d’une taille un peu au-dessous de la moyenne, mais fortement constitué, trahissant par la grâce et la noblesse de ses manières l’habitude d’une société choisie, le visage plein d’expression, d’un coloris frais et presque féminin, le front élevé et d’un philosophe, les yeux pleins d’une souriante douceur, tout à fait propre à captiver, et tel, en un mot, qu’après l’avoir vu une fois, on ne l’oubliait plus ».
Souvenirs de soixante années, par M. […] Delécluze, connu des gens de lettres et des artistes ne l’est guère du public ; car, bien qu’il écrive depuis tant d’années, il n’est pas, je le répète, un de ces écrivains qu’il suffit de nommer ; il n’a jamais eu de ces rencontres brillantes de plume qui éclatent aux yeux de tous sous forme de talent. […] Delécluze, né vers 1781, a aujourd’hui quatre-vingts ans passés, et habite depuis quelques années Versailles. […] « Au mois de mai 1789, nous dira t-il en commençant, Étienne, âgé de huit ans, était confié aux soins de Savouré, dont la pension relevait du collège de Lizieux, où le jeune enfant devait achever ses études… Pendant l’année 1793, Étienne, rentré dans sa famille, abandonna presque entièrement les études classiques, pour se livrer au goût naturel qui le dominait (le goût du dessin). » Et ainsi dans tout le cours du récit. […] voilà des années que je ne rature plus. » — Tout le monde sourit.