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23. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Introduction des genres anciens. […] Voilà comment, dans quel esprit, sur les traces des anciens et des Italiens, la Pléiade a jeté brusquement la poésie hors des voies anciennes et populaires ; avec un mélange unique de noblesse aristocratique et de superbe érudition, elle a tenté de prodigieuses nouveautés : elle a voulu tout d’un coup renouveler les thèmes poétiques, changer les genres, refaire la langue. […] Au reste, c’est une substitution générale des genres anciens et italiens aux genres du xve  siècle que la Pléiade a tentée et opérée en effet. […] Mais les anciens leur apprirent du moins la valeur de la technique, et leur inspirèrent la passion de perfectionner l’instrument que la langue et l’usage mettaient à leur disposition. […] Il proscrit l’inversion, l’hiatus, exige le repos à l’hémistiche, et ne pardonne à l’enjambement qu’en faveur des anciens qui usaient des rejets.

24. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Les anciens ajouterent dans la suite tant de cordes à la lyre, qu’ils n’eurent pas besoin de cet artifice. […] Mais je crois que les anciens n’ont pas connu les instrumens de musique à corde et à manche. […] Cependant les anciens ne laissoient pas d’emploïer quelquefois leurs instrumens à corde pour accompagner ceux qui recitoient des tragedies. […] On se servoit des deux especes de flutes que les anciens appelloient flutes gauches et flutes tyriennes ou serranae pour accompagner les endroits de plaisanterie. […] Mais, me dira-t-on, vous semblez louer les acteurs des anciens, d’une chose qui passe pour un défaut.

25. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Par exemple, ceux des livres des anciens qui sont écrits sur des sciences dont le mérite consiste dans la multitude des connoissances, ne l’emportent pas sur ceux que les modernes ont écrit touchant ces mêmes sciences. Je serai même aussi peu surpris qu’un homme qui auroit pris son idée du mérite des anciens sur leurs ouvrages de physique, de botanique, de geographie et d’astronomie, parce que sa profession l’auroit obligé à faire sa principale étude de ces sciences, n’admire point l’étendue des connoissances des anciens, que je suis peu surpris de voir l’homme qui a formé son idée du mérite des anciens, sur leurs ouvrages d’histoire, d’éloquence et de poesie, rempli de véneration pour eux. […] Enfin, dit ailleurs l’auteur anglois que nous venons de citer, nous pouvons être plus exacts que les anciens, mais nous ne sçaurions être aussi sublimes. Je ne sçai par quelle fatalité tous les grands poëtes des nations modernes s’accordent à mettre ce que les anciens ont composé si fort au-dessus de ce qu’ils composent eux-mêmes. C’est même avoüer qu’on est incapable d’écrire dans le goût des anciens, que de tâcher de les rabaisser.

26. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

La troisième classe fut celle d’Histoire et de Littérature anciennes. […] On avait beau dire, on revenait très sensiblement à l’ancien régime. Derrière ces dénominations de classes, en effet, se dessinaient de nouveau et reparaissaient assez reconnaissables l’ancienne Académie des Sciences, l’ancienne Académie française, l’ancienne Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, les anciennes Académies de Peinture, de Sculpture ; on rentrait, sauf les noms, dans les mêmes cadres. […] Suard a eu tout le tact d’un homme de l’ancien monde, influent avec politesse et non sans dignité. […] C’est ainsi qu’au moment où l’Académie reprenait avec son ancienne dénomination ses anciennes prérogatives, M. 

27. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

les adversaires des Anciens peuvent s’en emparer demain pour vous dire : « Quoi ! […] J’en pourrais citer ici à l’appui ; je les ai lus, et j’ai compris votre sentiment sur les Anciens. […] C’est dans la jeunesse qu’il faut apprendre à lire les Anciens. […] Thèses supplémentaires de Métrique et de Musique anciennes, de Grammaire et de Littérature, par M.  […] Mémoires de littérature ancienne, par M. 

28. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

M. de Bonald, par exemple, que je viens de nommer, était un esprit éminent et ingénieux, mais absolu, qui, vivement frappé de tout ce que la Révolution avait supprimé de fondamental et de vital en détruisant l’ancien régime, désirait un retour en arrière, et qui, la Restauration venue, aurait voulu voir rétablir purement et simplement, et par des moyens d’autorité directe, tout ce qu’on pouvait ramener de cet ancien régime à moitié ressuscité. […] Il faisait remonter très-haut la déchéance et la dégradation de l’ancien ordre social ; il voyait déjà Louis XI rendant des édits contre les droits de primogéniture ou de substitution. […] Lui aussi, il rend justice au passé, à l’ancien ordre social disparu : il croit que ce sont les derniers règnes seulement et les vices de Cour, avant tout, qui ont tué l’ancienne monarchie ; il regrette que les passions, excitées et portées au dernier paroxysme par les abus et les scandales dont la tête de l’ancien régime donnait l’exemple, aient amené l’explosion finale et rendu la rupture aussi complète avec l’ancienne tradition, avec l’ancienne nationalité française. […] Afin de mieux se rendre compte des restes de l’esprit ancien, subsistant au cœur d’anciennes provinces, il est allé jusqu’à acheter successivement de grandes propriétés rurales dans des contrées où il savait ne point devoir résider longtemps, à cette seule fin de se mettre en commerce plus intime avec l’esprit des populations. […] S’il se rapproche des publicistes de l’ancienne école et des admirateurs de la vieille société par son désir de voir se fonder des maisons durables, M. 

29. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Comment, dira-t-on, les anciens avoient-ils pû venir à bout de rediger ces méthodes par écrit, et de trouver des notes et des caracteres qui exprimassent toutes les attitudes et tous les mouvemens du corps. […] Nos acteurs guidez par l’instinct, nous font sentir les principes sur lesquels les anciens avoient fondé la division de l’art du geste théatral, et l’avoient partagé en trois méthodes. […] Pour en revenir à l’art du geste, on ne sçauroit gueres douter que les comediens des anciens n’excellassent dans cette partie de la déclamation. […] Je m’étonne que cette imitation des anciens, qu’on me permette un jeu de mots, n’ait point eu d’imitateurs. […] Il étoit facile en voïant executer ces danses de comprendre comment la mesure pouvoit regler le geste sur les théatres des anciens.

30. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Les partisans des anciens outrèrent surtout les choses. […] L’élite des écrivains du siècle de Louis-le Grand fut pour les anciens. […] Homère fut le plus maltraité de tous les anciens. […] Il prit vivement le parti des anciens, auxquels il étoit si redevable. […] Le plus ancien poëme connu n’est pas aussi le plus beau.

31. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Si le Moyen Âge, par exemple, a si mal compris la philosophie ancienne, est-ce faute de l’avoir suffisamment étudiée ? […] Par la minutie des détails et la patience des rapprochements, les anciens ont égalé les plus absorbés des philologues modernes. […] Les anciens en effet ne savaient guère que leur propre langue, et de cette langue que la forme classique et arrêtée. […] Les anciens sous ce rapport étaient exactement au niveau de notre XVIIe siècle. […] Pour bien comprendre le caractère de la critique ancienne, voir l’excellent article de M. 

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