C’est un sentiment fort parce qu’il est irréductible au calcul, profond parce qu’il n’est pas susceptible d’analyse, et inébranlable justement parce qu’il est irrationnel. […] Il est même profond, à preuve qu’il n’est pas autre chose, on l’a vu dix fois au cours de notre analyse, que du Pascal à outrance. […] Mais dès qu’on l’a faite, c’est l’analyse complète de l’état d’esprit et de l’état de civilisation qu’une telle révolution intellectuelle a produits qu’il faut tenter, si l’on ne veut pas, « en 1804 », être un simple théoricien in abstracto, c’est-à-dire rien autre qu’un brillant causeur. […] Elle avait, dit Mme de Necker de Saussure, et toutes ses œuvres le montrent assez, de fortes facultés d’analyse mêlées à tout son enthousiasme. […] Il n’est point philosophe, point homme d’analyse, de réflexion, d’examen.
Une analyse rigoureuse n’en laisserait subsister qu’un bien petit nombre. […] Il y a des choses qui sont jugées par leur effet, adoptées ou rejetées d’acclamation, et où l’analyse ne doit pas toucher. […] Après tout cela, il faut bien convenir que la parole, même celle du poète, est une analyse de la pensée ; qu’elle doit méthodiquement décomposer le sentiment qui se forme dans l’âme de l’écrivain, et qui va, soutenu par elle, se reformer dans l’âme du lecteur. Il y a synthèse au point de départ, et synthèse au terme final, l’analyse remplit l’intervalle. Et cette analyse est logique ; elle est bien différente de cette espèce de manipulation qui combine entre elles plusieurs substances pour en tirer une nouvelle, mais qui ne crée rien d’organique.
On dit volontiers que le génie, étant essentiellement personnel, ne saurait donner, à l’analyse, de formes générales, ou que tout au moins, le génie d’un peintre, par exemple, ne saurait avoir rien de commun, ou presque rien, avec le génie d’un poète ou d’un philosophe. […] Toujours une synthèse nouvelle se produit, qui élimine certaines parties des éléments en présence pour unir les autres et se trouve presque nécessairement précédée ou accompagnée d’un travail d’analyse. […] Son développement présente aussi comme celui de l’œuvre d’art, une série de synthèses successives et d’analyses, s’ordonnant en un système de plus en plus complexe. […] L’analyse seule m’a prouvé que cette forme de rêverie était souhaitable. […] Dans les analyses qu’elle nécessite, dans la synthèse qu’elle produit, presque toujours quelque élément disparaît qui devrait rester, quelque autre s’impose qui devrait disparaître.
Pris en soi, il n’a qu’une existence verbale ; il s’évanouit à l’analyse. […] Ses livres contiennent, me semble-t-il, précisément celle qu’il y faut, l’analyse très simple d’être primitifs, sauvages comme Rarahu ou frustes comme Yann Gaos. […] La critique y trouve peu son compte ; c’est là quelque chose qui résiste à l’analyse, comme les corps simples. […] Une époque de réflexion et d’analyse devait creuser un tel problème. […] Et en même temps se poursuit sans s’achever l’étude subtile de ce moi infécond qui finit par s’échapper à lui-même, se dissoudre, à force d’analyse.
Une femme qui a soutenu avec honneur un nom illustre, Mme de Condorcet, de quinze ans environ l’aînée de Mlle de Meulan, et qui se rattachait plus directement au monde de la Décade, tentait vers cette époque, dans ses Lettres à Cabanis sur la Sympathie, une analyse, à proprement parler philosophique, sur les divers sentiments humains. […] Une certaine passion, comme chez Helvétius, du bonheur universel, une croyance animée au vrai et un zèle de le produire (qui n’était pas encore venu à Mlle de Meulan), émeuvent cette lente analyse, circulent en ces pages abstraites, y mêlent en maint endroit la sensibilité et une sorte d’éloquence qui touche d’autant mieux qu’elle est plus contenue.
« Le cygne : Ma vie tranquille se passe dans les ondes, elle n’y trace que de légers sillons qui se perdent au loin, et les flots à peine agités répètent comme un miroir pur mon image sans l’altérer. » « L’aigle : Les rochers escarpés sont ma demeure, je plane dans les airs au milieu de l’orage ; à la chasse, dans les combats, dans les dangers, je me fie à mon vol audacieux. » « Le cygne : L’azur du ciel serein me réjouit, le parfum des plantes m’attire doucement vers le rivage, quand, au coucher du soleil, je balance mes ailes blanches sur les vagues pourprées. » « L’aigle : Je triomphe dans la tempête quand elle déracine les chênes des forêts, et je demande au tonnerre si c’est avec plaisir qu’il anéantit. » « Le cygne : Invité par le regard d’Apollon, j’ose me baigner dans les flots de l’harmonie ; et reposant à ses pieds, j’écoute les chants qui retentissent dans la vallée de Tempé. » « L’aigle : Je réside sur le trône même de Jupiter : il me fait signe et je vais lui chercher la foudre ; et pendant mon sommeil, mes ailes appesanties couvrent le sceptre du souverain de l’univers. » « Le cygne : Mes regards prophétiques contemplent souvent les étoiles et la voûte azurée qui se réfléchit dans les flots, et le regret le plus intime m’appelle vers ma patrie, dans le pays des cieux. » « L’aigle : Dès mes jeunes années, c’est avec délices que dans mon vol j’ai fixé le soleil immortel ; je ne puis m’abaisser à la poussière terrestre, je me sens l’allié des dieux. » « Le cygne : Une douce vie cède volontiers à la mort : quand elle viendra me dégager de mes liens et rendre à ma voix sa mélodie, mes chants jusqu’à mon dernier souffle célébreront l’instant solennel. » « L’aigle : L’âme, comme un phénix brillant, s’élève du bûcher, libre et dévoilée ; elle salue sa destinée future, le flambeau de la mort la rajeunit en la consumant. » XLVIII Mais rien ne surpasse son analyse et sa traduction du drame de Faust, par Gœthe, et cette scène à laquelle ni l’antiquité ni Shakespeare n’ont de scène tragique à opposer. […] Elle plane en philosophe, en moraliste, en citoyen, en homme d’État, sur tous les ouvrages qu’elle analyse ; et comme un créateur, elle complète tout ce qu’elle touche.
Il a une puissance d’analyse et de raisonnement, qui y découvre toutes sortes de caractères et de liaisons qu’on ne soupçonnait pas. […] J’aurais à parler maintenant du style de Pascal : il faut être, a-t-il dit quelque part, « pyrrhonien, géomètre, chrétien » ; et son style, comme son génie, est tout cela, et tire ses qualités de cette triple essence : une analyse aiguë, un raisonnement puissant, une dévotion passionnée, voilà les éléments qui s’amalgament étrangement et font le style le plus fort, le plus suggestif, et le plus séduisant qu’il y ait.
Brifaut, Chéron, Laya et Sauvo Quelque étendue que j’ai donnée à cette analyse (d’Hernani), elle ne peut donner qu’une idée imparfaite de la bizarrerie de cette conception et des vices de son exécution. […] Ferdinand Brunetière Dans la traduction comme dans l’analyse des sentiments un peu particuliers, délicats et subtils, il échouera presque toujours, faute précisément de délicatesse et de subtilité.
Analyse du mouvement artistique actuel, littéraire et pictural ; place de Wagner. […] Cinq pages d’analyse.