L’amour de la patrie, l’amour paternel ou maternel, l’amour proprement dit, la piété filiale, la tendresse des frères et des sœurs, la tendresse conjugale, l’ambition, la fidélité, l’honneur ; les voilà tous, ou peu s’en faut. […] L’amour et l’honneur, les plus personnelles des passions, à peine touchées par l’art antique, font dans notre monde chrétien l’intérêt fondamental de la plupart des tragédies. […] Dans cette jeune fille, la douce voix de l’amour couvre celle de l’honneur personnel. Dans ce fier héros, la loi sévère du devoir, du sang à verser pour laver un affront, parle plus haut que l’amour. […] Retranché dam sa sagesse intolérante, fort et confiant dam la vérité de ses principes et dam son amour pour la vertu, l’on se met en opposition violente avec la corruption du temps.
Soum) ; Chant d’amour (chanté par M. […] tous deux aussitôt sentent couler dans leurs veines un amour que rien ne pourra vaincre pendant trois ans. […] — Sire chevalier, lui dit-elle, puisque les hommes n’entrent pas dans la tour, où gémit la reine pour l’amour de vous, faites-vous damoiselle et vous entrerez. […] — Mon vaillant chevalier, dit-elle, je croyais ne plus vous revoir. — Je m’en allais mourir, madame, dit Tristan ; sans votre amour je ne puis vivre. […] Iseult court où elle voit le corps ; elle se tourne vers l’orient, elle prie pour lui, en sanglotant : — Ami Tristan, quand je vous vois mort, je ne puis vivre plus longtemps : vous êtes mort d’amour pour moi ; je meurs aussi d’amour, ami, quand je n’ai pu venir à temps.
Il y a cela, d’une part, et, d’autre part, il y a le portrait d’un nouveau « vieillard du Galèse », et vous savez ce que c’est que le vieillard de Virgile, c’est le type même de l’amour de la médiocrité, de l’amour du labeur et de l’amour de la tranquillité dans la contemplation de la nature. […] Souviens-toi bien de Clymène, Et de l’Amour, c’est mon nom. » « — Ah ! […] La Fontaine montrera encore un grand amour pour les jardins qui sont des parcs et pour les parcs qui sont de véritables forêts, où l’on trouve l’ombre et le frais, comme il dit, et où l’on trouve une solitude peuplée de véritables ténèbres ; il montrera encore cet amour, lorsqu’il parlera des jardins qui entourent le château de Richelieu. […] Jamais celui d’amour ne s’y fasse sentir…. […] Ce seraient quatre anges, et ce pourraient être quatre Amours, si on ne leur avait point arraché les ailes.
Des professeurs vous diront que les anciens, qui ont tout connu, ont connu aussi bien que nous l’amour de la nature. […] » Mais que sont ces impressions fugitives, ces brèves effusions éparses, auprès de l’enthousiasme continu et de l’immense amour qui possède l’âme entière de quelques-uns de nos contemporains C’est, dit-on, le même sentiment ; ce n’est qu’une différence de degré. […] Une curiosité assez nouvelle est encore venue fortifier cet amour, l’a nourri, entretenu, l’a préservé de l’ennui et des défaillances. […] Car cet amour suscite une sorte de rêverie qui nous apaise et nous rend plus doux, étant faite d’une vague et flottante sympathie pour toutes les formes innocentes de la vie universelle. […] Bientôt l’élève s’ennuie, recommence sa vie folle ; d’Artannes continue de veiller sur elle : elle l’envoie promener… jusqu’au jour où ils reconnaissent qu’ils s’aiment d’amour.
Saint-Évremond avait rencontré de ces femmes rares, et on devine bien à qui il pensait lorsqu’il écrivait : On en trouve, à la vérité, qui peuvent avoir de l’estime et de la tendresse, même sans amour ; on en trouve qui sont aussi capables de secret et de confiance que les plus fidèles de nos amis. […] Somaize, dans Le Grand Dictionnaire des précieuses, ne dit pas autre chose : « Pour de la beauté, quoique l’on soit assez instruit qu’elle en a ce qu’il en faut pour donner de l’amour, il faut pourtant avouer que son esprit est plus charmant que son visage, et que beaucoup échapperaient de ses fers s’ils ne faisaient que la voir. » Mais, dès qu’elle parlait, on était pris et ravi : c’était son esprit qui achevait sa beauté et qui lui donnait toute son expression et sa puissance. […] De tous les tourments, vous n’avez senti que ceux de l’amour, et vous savez mieux que personne qu’en amour Tous les autres plaisirs ne valent pas ses peines. […] Au milieu de tout ce qu’il avait dans le bon sens et dans le jugement de si bien fait pour les comprendre, Saint-Évremond manquait de cet amour de la louange et des grandes choses, de cet esprit d’élévation qui inspirait en tout le peuple-roi et qui animait les épicuriens même de la belle époque, tels que César, lesquels pouvaient penser comme il leur plaisait, mais qui, dans l’action, démentaient si hautement leur doctrine. Or, Montesquieu avait cet amour et ce ressort généreux en lui, et c’est par là, autant que par son talent, qu’il lui a été donné de faire un ouvrage admirable, un monument, tandis que Saint-Évremond n’a laissé qu’une ébauche supérieure.
L’auteur des Horizons prochains a en effet, dans le talent, la parenté la plus extraordinaire avec le talent de l’auteur de l’Amour. […] L’âme d’une femme, inférieure à la sienne par ce qu’on appelle le génie, peut bien avoir sur l’âme du Dante la supériorité de la douleur et de l’amour. […] X Je l’ai déjà dit une première, fois, à propos des Horizons prochains, la femme qui écrivait ces choses où l’amour de Dieu s’élevait déjà à une passion inconnue, à tant d’âmes qui croient l’aimer pourtant, appartient de toute éternité, à nous autres catholiques, qui avons la vraie religion de l’amour ! Mais, je le dis bien plus haut après la lecture de ces Horizons célestes où l’amour déborde et submerge tout, la femme, la religieuse femme qui a écrit ceci, qu’a-t-elle qui la sépare de nous ? […] … Elle qui sait aimer Jésus-Christ, ne sera-t-elle pas tentée par ce qui doit ravir les âmes comme la sienne, qui comprend tous les plus violents miracles de l’amour ?
Quelques mois plus tard, cette statue de l’antique Pylade était déjà détrônée chez lui par l’amour : le sentiment qui avait inspiré au poëte sa nouvelle dut lui sembler arriéré, et par trop adolescent ; il ne jugea pas à propos d’accorder à celle-ci une publicité à part. […] Puis, lorsque plus tard encore il vit sans doute qu’illusions pour illusions il ne fallait pas être trop dédaigneux des premières, il revint à Bug, le remania, conserva le cadre, mais le redora en mille manières, enrichit le paysage de ces couleurs où la Muse lui avait récemment appris à puiser, compliqua les événements, introduisit entre ses personnages le seul sentiment qui ait un attrait souverain pour la jeunesse, et d’où sortent les rivalités, les perfidies, les sacrifices, les incurables blessures ; il mit l’amour, il montra la douce Marie. […] L’amour d’Éthel et d’Ordener, l’invincible union du noble couple, le dévouement fabuleux du héros, composent le fond essentiel, l’âme de l’action : le chapitre xxiie, qui est le point central et culminant du livre, ne nous montre pas autre chose ; on y trouve le canevas exactement tracé, le motif d’un des plus touchants souvenirs d’amour des Feuilles d’Automne ; mais la crudité du dessin, l’impitoyable précision que l’auteur a mise à décrire les portions hideuses, cruelles, et à faire saillir le nain, le bourreau, le mauvais conseiller Musmédon, a donné le change aux autres sur son intention, et par moments l’en a dérouté lui-même. […] Dans Notre-Dame l’idée première, vitale, l’inspiration génératrice de l’œuvre est sans contredit l’art, l’architecture, la cathédrale, l’amour de cette cathédrale et de son architecture. […] Le poëte songeait à sa Notre-Dame lorsqu’il disait dans le prologue des Feuilles d’Automne : S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur.
Quel que soit le jugement définitif qu’on porte à ce propos, il faut rendre hommage à tant de conscience et d’étude dans un homme qui est, du reste, évidemment poëte, qui a un sentiment profond des choses, l’amour de la gloire, et le foyer des fortes passions. […] Il y a dans cet excès autre chose encore que de la colère d’amour : il y a du désespoir de poëte. […] Le plomb ne se fera pas prier. » En parlant des entretiens d’amour où peut survenir un tiers importun : « Quand un tiers est continuellement suspendu sur la tête d’un aveu, etc. » Ce sont, comme dans ses vers, des hypotyposes, des analectes épistolaires. […] L’objet de cet amour désespéré, qui a marqué toute sa jeunesse, était, assure-t-on, la très-spirituelle sœur de Mme de Girardin, la comtesse O’Donnell. On ajoute que ce fut cet amour malheureux qui le poussa à son aventure guerrière en Pologne pendant l’insurrection de 1831.
Le jeune marquis Wolfgang de Cadolles, fils d’émigré, s’enrôle dans l’armée de l’empereur par besoin d’action, patriotisme, amour de la gloire. […] Exemple : « L’amour, c’est le goût de la prostitution. […] Prostitution… L’être le plus prostitué, c’est l’être par excellence, Dieu. » Ou bien : « L’amour peut dériver d’un sentiment généreux. […] Je ne parle pas de ces maximes d’une perversité si aisée qu’il semble qu’on en fabriquerait comme cela à la douzaine : « Moi, je dis ; la volupté unique et suprême de l’amour gît dans la certitude de faire le mal. […] Comme rien n’égale en intensité et en profondeur les sentiments religieux (à cause de ce qu’ils peuvent contenir de terreur et d’amour), on les reprend, on les ravive en soi et cela, en pleine recherche des sensations les plus directement condamnées par les croyances d’où dérivent ces sentiments.