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14. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

C’est, dis-je, l’amour sensuel, car les autres amours ne tuent pas. […] Le seul amour tragique est l’amour des sens. […] Et ainsi (car telle est la duperie des mots) ni dans son plus faible degré, ni dans son degré le plus fort, cet amour-là n’implique « l’amour ». Il est égoïste par définition ; il est amour au même titre que la soif ou la faim. […] Mais l’amour sensuel est fait de haine, d’égoïsme et de colère autant que d’amour.

15. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Fouquier aime l’amour. […] Car, songez-y, l’amour s’en va. […] Un amour de femme est au fond de presque toutes les vies humaines : à certains moments le conquérant même ou le grand poète donnerait tout son génie pour l’amour d’une femme. […] Partout où il voit l’amour, même un petit semblant d’amour, M.  […] Il est vraiment chez nous le dernier prêtre de l’amour.

16. (1842) Essai sur Adolphe

Courbée sous le poids de l’ingratitude, elle n’a plus qu’à s’endormir du sommeil éternel, si elle ne se réveille pas pour un nouvel amour. […] Quand ces douleurs et ces larmes sont venues, l’amour s’éteint et se réduit en cendres. […] Ellénore verra dans Adolphe un amour jeune et confiant. […] Mais dans l’intimité sans amour, rien de pareil n’est possible ; il n’y a pas une heure d’abandon et de rêverie. […] combien, s’acharnant à leur amour, bâtissent des haines implacables sur des intimités obstinées !

17. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

Elles se consultoient sur leurs ouvrages, sur les vers que l’amour ou l’amitié leur inspiroit. […] Ma seule passion est l’amour. […] C’est la Folie & l’Amour qui prennent querelle au sujet du pas de préséance. L’Amour, désespérant de l’obtenir, décoche une flèche à la Folie. […] Apollon est l’avocat de l’Amour, & Mercure celui de la Folie.

18. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Guillaume de Lorris fait un art d’aimer, selon la doctrine de l’amour courtois. — 3. […] Hors de l’amant, pareillement, se réalise dame Oiseuse, conseillère d’amour. […] Au-dessus de ces simulacres d’humanité planent les dieux, Amour, Vénus, qui semble émanée de l’âme de la daine comme Amour de l’âme du galant, enfin Raison, autre dédoublement de la personne morale du héros, qui lui déconseille la douloureuse carrière de l’amour. […] Renversant la doctrine de son prédécesseur, il se moque de l’amour courtois. […] Les moines font vœu de célibat : la loi de nature, c’est l’amour.

19. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Mais aujourd’hui c’est l’Amour, et il n’y a plus ici ni de Bernardin, ni d’innocence ! […] Voilà comme il entend l’amour !  […] Savez-vous ce qu’il a cru faire avec son livre de l’Amour ? […] ne peut pas même nommer ; car ce nom de l’Amour est une imposture. […] toujours la femme et l’amour !)

20. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Qu’on blâme Amour : c’est lui seul qui l’a fait. […] Les diverses sortes d’amour et d’amitié, l’amour conjugal, fraternel, y sont célébrés ; Apollon cite Oreste et Pylade, et n’oublie pas David et Jonathas ; Mercure à son tour citera Salomon. […] En un mot, dans toute sa plaidoirie, Apollon s’attache à représenter Amour dans son excellence et sa clairvoyance, Amour en son âge d’or et avant la chute pour ainsi dire, Amour avant Folie. […] L’Amour ! […] Et tu chantas l’Amour !

21. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

L’amour s’est raffiné, nuancé, compliqué à l’infini. Amour chevaleresque et héroïque, amour platonique et éthéré, amour léger et à fleur d’âme, amour passionné et fort comme la mort, amour sensuel et libertin, amour ingénu et délicat, amour fougueux et volage, à la hussarde, amour dégénérant en un duel entre les deux sexes, amour coupable et perverti, amour avant, pendant et hors le mariage…, que de variétés voisines, mais distinctes ! […] ― L’amour doit-il et peut-il exister entre époux ? […] Il a trois grands ennemis qu’il aime trop : le vin, le jeu, l’amour. […] Le jeu de l’amour et du hasard.

22. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

se croyait le siècle de l’Amour. […] » Phrase charmante, que l’amitié pourrait écrire comme l’amour. […] pour n’avoir pas à reconnaître, en Madame Geoffrin, de l’amour, M. de Mouy aime mieux l’accuser d’amour-propre. […] Le voile de maternité dont elle voulut cacher son autre amour était comme tous les voiles, ces traîtres ! […] Il aurait glissé sur son âme, et il se trouverait que M. de Mouy aurait eu raison, en la défendant de l’amour !

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