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464. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

, et il a la force dans le style, qui, de fort sous sa plume, devient immanquablement de mauvais goût, s’il ajoute quelque chose au jeu naturel de ses muscles et à sa robuste maigreur. […] Mérimée nous fait mieux comprendre que tout ce que nous pourrions ajouter, le caractère de Stendhal et la solidité du métal qu’il avait sous la peau. […] Plus que personne, Stendhal avait besoin qu’une grande et généreuse doctrine ajoutât à ses facultés et les étoffât.

465. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Il parvint d’abord à en imiter parfaitement le style ; mais dans la suite, il y ajouta ces grâces piquantes que donne la cour, et ces beautés mâles que donne la philosophie. […] On dira peut-être que ce sont là plutôt des vertus d’un cénobite que d’un prince ; on se trompe ; on ne pense point assez combien, dans celui qui gouverne, cette vie austère retranche de passions, de besoins, combien elle ajoute au temps, combien elle laisse au peuple, combien elle diminue les moyens de corruption et de faiblesse, combien, par l’habitude de se vaincre, elle élève l’âme. Ce qui ajoute à son mérite, c’est que, dur pour lui-même, il n’en fut pas moins compatissant pour les autres ; en rendant la justice, il tempéra, par l’indulgence d’un prince, l’équité d’un juge.

466. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il ajoute à l’éclat de cette forme majestueuse du grand siècle ; il n’en est ni marqué, ni particularisé, ni rétréci ; il s’y proportionne, il ne s’y enferme pas. […] Riccoboni a donné une liste assez complète, et parfois même gonflée, des imitations que Molière a faites des Italiens, des Espagnols et des Latins ; Cailhava et d’autres y ont ajouté. […] Ajoutez, pour compliquer les ennuis de Molière, la présence de l’ancienne Béjart, femme impérieuse, peu débonnaire, à ce qui semble. […] Mais, ajouta-t-il en réfléchissant, qu’un homme souffre avant que de mourir ! […] Cependant, ajouta-t-il, allez dire à ma femme qu’elle monte.

467. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Mais tous les deux sont des constructions ajoutées et que le sol primitif ne portait pas. […] La seconde assise de l’édifice n’est pas construite ; il faut maintenant ajouter peu à peu, aux sensations rétiniennes pures, des sensations auxiliaires et de surcroît. […] Mais, par bonheur, nous avons un second aide, l’atlas visuel qui chez nous s’ajoute à l’atlas musculaire et tactile. […] Sur chaque support nouveau, les images ajoutées construisent un nouveau simulacre, et l’esprit se remplit d’hôtes innombrables, population passagère à laquelle, pièce à pièce, correspond la population fixe du dehors. […] À la fin, le volet disparut, et il vit et reconnut tous les objets dans leurs justes proportions. » (Franz, On the Eye, p. 34, 36.) — Le docteur Franz ajoute : « Puisque les idées sont produites par la réflexion appliquée aux sensations, pour qu’un individu se fasse par la vue une idée exacte des objets, il est nécessaire, dans tous les cas, que les facultés de son esprit soient complètes et aient leur jeu libre.

468. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Tout polygone convexe renferme une somme, d’angles qui, si l’on y ajoute quatre angles droits, est égale à deux fois autant d’angles droits qu’il a de côtés. […] Mais ces angles des bases sont justement les angles du polygone ; de sorte que les angles du polygone, si on leur ajoute les angles du sommet, sont égaux à deux fois autant d’angles droits que le polygone a de côtés. […] N’ayant pas construit les secondes, je ne sais pas tout ce qu’elles contiennent, et, au fragment que j’en possède, il me faut ajouter, par des découvertes ultérieures, tous les fragments que je ne possède pas. — Qu’est-ce que ce refroidissement de la vapeur d’eau ? […] Plus notre expérience étendue recule notre horizon dans le temps et dans l’espace, plus nous ajoutons à notre trésor de raisons explicatives. […] Nous avons donc tout droit de croira que, si comme lui nous pouvions employer le remède, et si à l’expérience inductive on pouvait chez nous comme chez lui ajouter par surcroît l’analyse déductive, l’intermédiaire atteint manifesterait sa présence chez nous comme chez lui.

469. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

On prévoit aujourd’hui le moment où la connaissance de cette vieille langue, et de la littérature qu’elle porte avec elle, sera pleinement constituée ; où les grands faits seront mis en lumière, et où il n’y aura plus que des détails à ajouter dans des cadres fixes et selon des directions tracées ; on prévoit, dis-je, ce moment, on y touche. […] Quelles que soient les erreurs auxquelles son système l’a en traîné, l’œuvre de Raynouard n’en est pas moins celle d’un homme d’un éminent talent, si l'on ne veut pas lui concéder le génie. » Nous n’avons rien à ajouter après de tels suffrages. […] Je me range à sa manière de voir, et j’ajoute avec lui que les limites des trois dialectes picard, normand et bourguignon, ne correspondaient point avec exactitude aux limites politiques des provinces dans lesquelles on les parlait. » C’est là, après quinze ans d’intervalle et dans des études encore si mobiles, une confirmation remarquable, et qui montre que Fallot avait eu le coup d’œil supérieur. […] Aussi Chapelain lui répondit-il, non sans esprit, qu’il était un ingrat et que l’envie ne lui avait pris à lui-même de jeter les yeux sur ce bouquin que pour y observer un peu le langage et le style de nos ancêtres : « Et je m’y déterminai principalement, ajouta-t-il, par l’espérance que j’eus d’y rencontrer un fonds d’importance pour le traité des Origines de notre langue que ce dédaigneux a entrepris. » (De la Lecture des vieux romans, par Chapelain, dans la Continuatum des Mémoires de Sallengre, t.  […] Journal des Savants, 1856, p. 232. — C’est la vue la plus opposée à celles d’autres érudits, qui cherchent la source du roman dans la seule corruption du latin et qui disent : « L’origine du roman remonte donc au premier barbarisme que les Gaulois ajoutèrent à la langue latine. » (Edélestand Du Méril, Essai philosophique sur la formation de la langue française, 1852, p. 135.)

470. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

« La Révolution, ajoute-t-il, mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. » Quelle admirable intuition ! […] « Votre Mirabeau, ajoute-t-il, n’est au fond que le roi des halles. […] « Je n’ai demandé, ajoute-t-il, qu’une simple conversation avec Napoléon comme simple particulier. […] Cette autorisation lui est accordée ; le roi y ajoute une pension de quatre-mille francs pour ce jeune homme. […] « Faites encore, ajoute-t-il, une autre réflexion.

471. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

— « Je suis un homme, disait-il, je puis avoir un jour autre chose que l’illustration littéraire : ajouter au titre de grand écrivain celui de grand citoyen, est une ambition qui peut tenter aussi ! […] ajoutait-il en souriant. […] « — À votre place, ajouta cet ami, je n’hésiterais pas à mettre Honoré dans quelque administration où, avec votre protection, il arriverait promptement à se suffire. […] « Si je suis un gaillard (c’est ce que nous ne savons pas encore, il est vrai), je puis avoir un jour autre chose que l’illustration littéraire ; et ajouter au titre de grand écrivain celui de grand citoyen, est une ambition qui peut tenter aussi ! […] Ces lois de Dieu, c’est moi qui les sais, ajoutait Balzac ; sous un régime ou sous un autre, vous reviendrez à la loi des lois, l’unité de volonté ! 

472. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

« J’ai maisons diverses, dit Faux-Semblant ; mais, ajoute-t-il, je n’ose m’ouvrir, à cause des moines mes confrères. » Le dieu insiste : « Eh bien ! […] « Du reste, ajoute Faux-Semblant, ce ne sont pas les pénitents pauvres que je dispute aux prélats. […] Sans doute les censures ajoutent au succès d’un livre et c’est une sage maxime qu’il faut se bien garder de censurer : les écrits qu’on ne veut pas faire lire. […] Ajoutez un dernier trait tout français à la part de Jean de Meung : c’est l’amour du mot propre. […] A toutes ces personnifications imitées du Roman de la Rose, Charles d’Orléans en a ajouté d’autres, plus froides encore.

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