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29. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Pauvre et misérable siècle que ce xve  siècle, sans grandeur complète et immaculée dans les hommes, excepté en ces deux inutiles héros : Huniade et Scanderbeg, auxquels il faut ajouter ce Constantin Paléologue qui eut une minute sublime, — sa minute de mourir ! […] « Ce fut encore le clergé français, — dit très bien Rohrbacher, qui ne bronche pas, lui, quand il s’agit de marcher sur le corps des mauvaises doctrines et qui ne bégaie pas quand il faut être net, — ce fut encore le clergé de cette France à laquelle on fait honneur en l’appelant chrétienne, qui y ajouta un troisième schisme, celui du conciliabule de Pise, et dans ces deux siècles (le xive et le xve ) ne produisit ni un saint, ni un docteur d’une doctrine entièrement approuvée par l’Église. […] À l’optimisme de sa nature s’ajoute, du moins pour l’expression de sa pensée, la modération d’un tempérament plus équilibré qu’énergique. […] à ce parlementarisme politique dont les nations sont actuellement excédées, ne fait pas illusion à son bon sens éclairé par la foi ; mais, au moment où il écrit, j’aurais voulu qu’il en eût marqué davantage la radicale erreur, tombée de si haut dans le monde, ne fût-ce que pour ajouter à la force d’opinion qui doit un jour l’emporter ! […] L’abbé Christophe n’a point ajouté à la défense et aux justifications commencées par des historiens et des critiques qui vont plus loin que lui dans leurs investigations.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

à mes yeux, ils ne sont pas moins remarquables que Louis XIV dans l’histoire des mœurs, et n’ont pas moins ajouté à son influence par leur concours, qu’il n’a ajoute à leur gloire par sa protection. […] Chapelle est admis parmi eux comme homme d’esprit, comme bon convive, pour ajouter à leur attrait mutuel la joie et la gaîté qu’il portait partout avec lui.

31. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

On me permettra de les citer, car je les crois inédites, et elles ajoutent au portrait ; on y verra de plus, par l’exemple d’un des oracles académiques du jour, que la langue avait encore passablement à faire pour se polir. […] Et je vous proteste qu’il ne s’y peut rien ajouter, et que si l’ouvrage réussit un peu long, ce n’est pas par la négligence des ouvriers, mais par la nature de la matière qui, comme vous le savez par expérience, est épineuse et de grande discussion pour la bien traiter. […] Mais, pour ajouter une foi entière à la citation et à l’anecdote, il nous faudrait une autre autorité que Fréron, le premier, à ma connaissance, qui en ait parlé, et dont le témoignage est insuffisant. […] Ce n’est pas un grammairien rectiligne ; il est pur et nullement précieux ; il est pour les irrégularités naïves, pour quantité de ces petits mots qui se disent en parlant et qui ajoutent de la grâce quand on écrit ; le commun des grammairiens les retranche : lui, il les goûte et tient à les conserver ; il est, en un mot, pour les gallicismes et les atticismes. […] « Ce sont des maximes, ajoute-t-il en parlant des siennes, à ne jamais changer, et qui pourront servir à la postérité, de même qu’à ceux qui vivent aujourd’hui ; et quand on changera quelque chose de l’usage que j’ai remarqué, ce sera encore selon ces mêmes Remarques que l’on parlera et que l’on écrira autrement que ces Remarques ne portent.

32. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Il ne suffit pas d’ajouter à l’estimation l’inconscience pour la changer en une conscience de plaisir ou de douleur. […] Sans doute la mémoire, en ajoutant l’attente de l’avenir et le souvenir du passé à l’horreur du présent, ajoute la douleur morale à la douleur physique ; mais celle-ci est entière sans celle-là44. […] La perception peut être indifférente, le plaisir et la douleur s’y ajoutent. […] On pourrait appliquer aux couleurs le raisonnement de Hartmann : nous comparons ensemble diverses couleurs, donc il n’y a au fond qu’une couleur plus ou moins intense à laquelle s’ajoutent des modifications étrangères à la couleur même. […] Ajoutons que la peine et le plaisir apparaissent sous des formes de plus en plus nettes chez les animaux, à mesure que leur organisation même se perfectionne.

33. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Ajoutez la nature humaine à la nature universelle, vous avez l’art : ars homo additus natures. — D’autre part, qu’est-ce que la réalité même, pour le poète, sinon une vision, d’un autre genre que celle où le cerveau seul enfante, mais pourtant encore une vision ? […] En outre, le propre du génie est d’ajouter au fond même, à l’ensemble d’idées, s’il s’agit du penseur, à l’ensemble de sentiments et d’images, s’il s’agit de l’artiste ; et l’artiste est un penseur à sa manière30. […] Il dit qu’il y a un « homme intérieur » souvent très différent de « l’homme social » ; or, ajoute-t-il, on ne peut connaître cet homme intérieur que par les actes libres et non intéressés de l’individu, par le choix de ses plaisirs, par le jeu de ses facultés inutiles. […] Taine sur les rapports du milieu social avec le génie artistique et sur les déductions possibles de l’un des termes à l’autre, il faut ajouter une théorie fondée sur le principe opposé. […] Il serait facile, ajoute-t-il, de « multiplier ces exemples à un tel point que le cas d’artistes en opposition avec leur milieu social parut être plus fréquent que le contraire ».

34. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

« Je me suis occupé d’un logement, ajouta-t-il, et j’ai pris tous les soins nécessaires pour que vous ayez là toutes vos aises. […] Aujourd’hui, je n’ajoute pas un mot. […] — C’est aussi comme toi, Ottilie, un ami du théâtre », ajouta-t-il, et nous nous félicitâmes mutuellement de notre penchant commun. […] Il ajouta que j’avais fait des traductions du français, et entre autres que j’avais traduit Mahomet de Voltaire. […] « “— De nos jours, ajouta-t-il, que nous veut-on avec la fatalité ?

35. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

Avoir reçu du Ciel une imagination vive & féconde, un jugement aussi exquis que solide ; allier à l’étendue du savoir une profonde sagesse ; aux charmes de l’éloquence l’empire de la vertu ; à l’élévation des dignités un amour aussi éclairé qu’intrépide pour le bien ; avoir ajouté à ces qualités une application infatigable à cultiver ses talens, une modestie sincere, la véritable parure du mérite : tel est le privilége heureux qui distingue ce Grand Homme, à qui les hommages ne peuvent être trop prodigués. […] Nous n’ajoutons pas ici le détail de ses vertus ; la Postérité en chérira toujours le souvenir, autant que la Magistrature en fera sa gloire. Qu’il nous soit seulement permis d’ajouter, que, si la Religion avoit besoin de suffrages pour triompher des efforts de l’impiété, un tel homme seroit bien propre, par ses lumieres & par ses mœurs, à confondre la présomption qui l’attaque, & à faire rougir les vices qui la déshonorent.

36. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

J’ai ajouté que la méthode inverse me paraissait préférable. […] Il est important d’ajouter que les anatomistes les plus versés dans les études microscopiques n’ont pas été plus heureux. […] De même si nous ajoutions préalablement dans le liquide du carbonate de potasse ou du carbonate de soude, il se formait un précipité blanchâtre par l’addition du chlore sans aucune apparence de coloration rouge ; ce n’était pas évidemment l’alcali seul qui empêchait cette réaction ; car si, au lieu d’ajouter du carbonate de potasse, on ajoutait de la potasse caustique, alors, malgré la réaction alcaline très intense du mélange, dans lequel il ne se formait pas de précipite blanchâtre, le chlore développait la coloration rouge. […] Cette matière grasse est sans action sur la teinture aqueuse de tournesol, mais, si l’on y ajoute un peu d’alcool tiède, la teinture rougit aussitôt. […] On avait, afin de rendre ce symptôme plus évident, ajouté une assez forte proportion de graisse à leurs aliments.

37. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Ici le bargello se pencha vers moi, baissa la voix, et me dit en me montrant la dernière loge grillée, sous le cloître, au fond de la cour : — Il n’y a qu’un grand criminel ici, qui n’inspire ni pitié ni intérêt à personne, c’est celui-là, ajouta-t-il en me montrant du doigt et de loin la loge de Hyeronimo. […] … Elle ne le sera pas longtemps, ajouta-t-il à voix basse et en se parlant à lui-même. […] — Pauvre enfant, dit-elle, on voit bien que tu as bon cœur, car tu as pâli à l’idée du supplice d’un misérable qui ne t’est rien, pas plus qu’à moi, ajouta-t-elle, et pourtant je n’ai pas pu m’empêcher de pâlir, de trembler et de pleurer moi-même, tout à l’heure, quand j’ai entendu l’officier accusateur du conseil de guerre conclure son long discours par ce mot terrible : « la mort !  […] Et puis, ajouta-t-il, voilà l’aumône de l’esprit. […] vous me croirez si vous voulez, pauvres gens, ajouta-t-il, mais avant que l’Ave Maria eût sonné dans les cloches de Lucques, un air de zampogne est descendu, comme un concert des anges, d’une lucarne grillée tout au haut de la tour du bargello.

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