Ce qui me fâche le plus, c’est que je crois que c’est par air. […] Est-ce un air ? […] Ceci a bien l’air d’une épigramme échappée par la force de l’habitude. […] Ils ont tous l’air de ne pas s’aimer beaucoup. […] On peut dire que jusque-là l’air et le stimulant lui manquaient.
La maison, pendant tout le temps que dure cette visite, prend un air propre, agréable, confortable, joyeux, un air de fête qu’elle n’a point en d’autres saisons. […] — Pincott, votre air misérable et vos façons serviles me donnent vraiment la migraine. […] Elle jouait Clytemnestre dans une charade, et son mari, Agamemnon ; elle court au lit les yeux enflammés, l’épée prête, d’un tel air que chacun frémit […] vous y trouverez les recors ; cela me dispensera de prêter à vos parents et de voir vos airs tragiques. […] Elle a besoin d’élégance comme on a besoin d’air.
Je crois bien qu’on s’occupe d’idées plus larges, de théories plus radicales et plus absolues ; mais il en est peut-être à ce sujet des littératures qui se décomposent, comme des corps organiques en dissolution, lesquels donnent alors accès en eux par tous les pores aux éléments généraux, l’air, la lumière, la chaleur : ces corps humains et vivants étaient mieux portants, à coup sûr, quand ils avaient assez de loisir et de discernement pour songer surtout à la décence de la démarche, aux parfums des cheveux, aux nuances du teint et à la beauté des ongles. […] Cette image piquante nous offre le critique respectueux et minutieux dans ses proportions vraies, et le doux air d’espièglerie qui s’y mêle n’y messied pas.
Il faut que l’air y circule et que les ombres adoucissent et accusent à la fois la lumière. […] Mais comme l’abus de ces termes de liaison donne au discours un air pesant et pédant, et comme d’autre part il paraît facile de s’en passer, on ne se donne pas la peine d’en connaître l’énergie et les propriétés.
Cependant que de choses créées par l’homme ; depuis, depuis… jusqu’au céleste d’un air d’orgue. […] Comme l’aveu faisait rire autour d’elle, elle reprit : « J’ai toujours été un peu portée vers les gens d’âge, je n’ai jamais apprécié les tout jeunes gens ; ils sont d’un creux, d’un vide… Puis les jeunes gens, ça remue, il faut toujours que ça soit en l’air, que ça danse, que ça soit à cheval. […] Mais la peinture n’est pas le dessin, la peinture est avant tout de la couleur, et je ne la vois que dans les pays de brouillards froids ou chauds, dans les pays où un certain prismatique monte de l’eau dans l’air, en Hollande ou à Venise. […] On dresse la table dans le jardin : ce qui donne toujours à un dîner l’air d’un dîner de théâtre. […] Et le voilà, à table, prenant ses aises d’homme mal élevé, et s’épanouissant en vieilles histoires marseillaises usées jusqu’à la corde, et faisant un gros bruit bête de troun de l’air, en habit noir.
C’est ainsi que dans sa pièce latine la plus considérable, qu’il a consacrée à célébrer le Carrousel royal de 1662, et à décrire les divers groupes de cavaliers qui y figuraient, il n’a eu garde d’oublier ce qui fait le principal attrait des tournois, les dames qui regardent et qui s’y enflamment, et Cupidon dans les airs qui se réjouit. […] Rien n’échappe à M. de Caumartin des ridicules et de la morgue de ses dignes collègues, de même que rien n’échappe à Mme de Caumartin la jeune des différents travers et des airs guindés ou évaporés de ces dames, de celles même venues de Paris, et qui ne sont pas tout à fait de son monde. Fléchier touchera tout cela dans le goût de ses patrons, qui est aussi le sien, avec finesse, d’un air d’indulgence et d’une griffe légère. […] Le trait, tel qu’il est rapporté par M. de Novion, a un air de fierté qui ne déplaît pas et qui pourrait faire illusion ; il y faut un correctif. […] Après lui avoir reproché d’être glorieux, d’avoir sous son manteau les grands airs que le maréchal de Villeroy étalait sous son baudrier, et d’avoir été le premier homme de robe qui ait hasardé à la Cour (ô scandale !)
Comme une espèce favorisée par le sol et le climat, elle envahit tous les terrains, elle accapare l’air et le jour pour elle seule, et souffre à peine sous son ombre quelques avortons d’une espèce ennemie, un survivant d’une flore ancienne comme Rollin, un spécimen d’une flore excentrique comme Saint-Martin. […] Souvent même le résumé a un air d’énigme, et l’agrément est double, puisque, avec le plaisir de comprendre, nous avons la satisfaction de deviner. […] Toute la philosophie nouvelle éclôt sous sa main avec un air d’innocence, dans un roman pastoral, dans une prière naïve, dans une lettre ingénue467. […] Créature d’air et de flamme, la plus excitable qui fut jamais, composée d’atomes plus éthérés et plus vibrants que ceux des autres hommes, il n’y en a point dont la structure mentale soit plus fine ni dont l’équilibre soit à la fois plus instable et plus juste. […] Dans une société tout artificielle, où les gens sont des pantins de salon et où la vie consiste à parader avec grâce d’après un modèle convenu, il prêche le retour à la nature, l’indépendance, le sérieux, la passion, les effusions, la vie mâle, active, ardente, heureuse et libre en plein soleil et au grand air.
Vers trois mois et demi, à la campagne, on la mettait au grand air sur un tapis dans le jardin ; là, couchée sur le dos ou sur le ventre, pendant des heures entières elle s’agitait des quatre membres et poussait une quantité de cris et d’exclamations variés, mais rien que des voyelles, pas de consonnes ; cela dura, ainsi plusieurs mois. […] De très bonne heure, on l’avait promené au grand air ; dans les premiers temps, sitôt qu’il était dehors, il dormait ; puis il a moins dormi, et il a regardé. Probablement, le grand air et le kaléidoscope mouvant de la rue lui ont plu ; car, vers le quatrième mois, il devenait pleurard et méchant quand le mauvais temps l’empêchait de sortir. […] C’est au quatrième mois qu’il a fait cette remarque : pendant un quart d’heure, il tâtait ses mains l’une par l’autre, lorsqu’on les avait mises au contact, et continuait ainsi d’un air aussi étonné qu’occupé. […] Plusieurs fois par jour et chaque fois pendant une demi-heure ou même une heure, entière, on le voyait toucher la cuiller, l’empoigner par un bout, par un autre, par le milieu, la lever en l’air pour la regarder à plusieurs distances et à plusieurs hauteurs, la frapper sur le plancher, éprouver ses diverses sonorités, ses rebonds, imprimer dans son esprit les diverses apparences qu’elle prenait selon ses diverses positions.
De bonne heure évêque, il porta dans son diocèse un zèle de missionnaire en même temps que des airs de souverain. […] L’orateur ne montrait pas seulement la maison d’Autriche abaissée et réduite aux abois, mais encore les éléments soumis et assujettis par ce génie supérieur des quatre éléments, toutefois, un seul était pris au propre, l’eau de la mer retenue par la digue de La Rochelle ; les autres éléments ne figuraient qu’à l’état métaphorique : c’était le feu de la rébellion éteint avec celui de l’hérésie ; c’était l’air devenu plus serein, et la terre étonnée de tant de prodiges. […] s’écriait-il aussitôt ; son air charmant et majestueux se répand sur toutes ses actions ; sa maison royale emprunte quelques rayons de sa gloire ; son âge est mûr et parfait ; le travail infatigable lui est devenu naturel… Son amour extrême pour nous sacrifie toutes ses veilles à notre repos, et s’il abrège et méprise le temps du sommeil, c’est parce qu’il le passe sans nous… Ne vous étonnez pas, messieurs, du zèle de ce discours : chaque mot est un trait de flamme… Cela paraissait ridicule, dit de ce ton, même alors, — surtout alors62. […] Mettez-y les airs et les accents, et vous avez le morceau le plus nettement français ; tout y pétille d’esprit et d’impertinence.