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942. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

Comment se fait-il donc (je parle ici pour moi et pour quelques-uns) que, l’admirant, nous ne parvenions pas à l’aimer, et qu’il y ait, dans les sentiments qu’il nous inspire, un peu d’incertitude, de malaise, presque de défiance ? […] Ce n’est peut-être pas sa faute, mais il y a dans son livre, au lieu des involontaires et simples effusions religieuses qu’on y aimerait, il y a comme des morceaux de prêche, très emphatiques et compassés, et qui, dans le récit d’une entreprise commandée par des intérêts si évidemment et si pleinement terrestres, étonnent et semblent plaqués. […] Et je ne vois pas pourquoi je le tairais, puisque, aussi bien, il ne nous aime pas.

943. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

On l’avait vu si fort, si superbement entêté, si crâne, que notre génération, malade presque tout entière de la volonté, l’avait aimé rien que pour cette force, cette persévérance, cette crânerie. […] On aimait se représenter Zola vivant parmi les paysans, amassant des documents personnels, intimes, analysant patiemment des tempéraments de ruraux, recommençant, enfin, le superbe travail de l’Assommoir. […] Il nous poigne de repousser l’homme que nous avons trop fervemment aimé.

944. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

L’un de ces pigeons se nommait l’Aimé, l’autre l’Aimant. Un jour l’Aimé eut envie de voyager, il communiqua son dessein à son compagnon. « Serons-nous toujours enfermés dans un trou ? […] Ne quittez donc point un lieu où vous êtes en repos, et l’objet que vous aimez. — Si ces peines me paraissent insupportables, reprit l’Aimé, dans peu de temps je serai de retour. Après cette conversation, ils s’embrassèrent, se dirent adieu et se séparèrent. »178 Le pigeon aime-t-il son ami ? […] Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre.

945. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Napoléon n’aimait pas les républicains : il remplaça M.  […] La nécessité rendit cette pauvre fille si avare que Grandet avait fini par l’aimer comme on aime un chien, et Nanon s’était laissé mettre au cou un collier garni de pointes dont les piqûres ne la piquaient plus. […] mauvaise graine, tu sais bien que je t’aime, et tu en abuses. […] Elle aime son cousin, elle l’épousera si elle veut, elle lui gardera le petit coffre. […] Elle se retirait en elle-même, aimant et se croyant aimée.

946. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Je n’aime pas mieux la politique de ses mémoires sur la guerre de la Succession. […] Quoi qu’il en soit, il demandait des remèdes à celui d’où lui venait le mal ; mal aimé, entretenu, selon le langage du temps. […] J’aimerais autant un moraliste qui se rangerait du côté de la complaisance mondaine contre le devoir. […] Il aime les lettres pour leur influence bienfaisante. […] Calypso s’entend moins à aimer que Didon abandonnée, et le fils d’Ulysse est plus tiède encore que le fils d’Anchise.

947. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Frédéric (1850-1946) »

Les enfants aimeront ces fables et les parents les comprendront. Or, comme comprendre est encore le meilleur moyen d’aimer, le livre a sa fortune faite.

948. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bois, Jules (1868-1943) »

. — La Douleur d’aimer (1893). — Le Satanisme et la Magie (1895). — Prières (1895). — L’Ève nouvelle (1896). — La Femme inquiète (1897). — Une Nouvelle Douleur (1899). […] Je n’en aime point la verve christolâtre, et on nous y entretient du Diable avec une crainte par trop puérile.

949. (1927) Approximations. Deuxième série

Le héros, comblé, aimé, est appelé par la solitude et tente de fuir le bonheur. […] Mais, comme nous ne pouvons aimer ce qui est hors de nous, il faut aimer un être qui soit en nous, et qui ne soit pas nous, et cela est vrai d’un chacun de tous les hommes. […] et combien davantage en ont besoin ceux qui nous aiment malgré tout ! […] Comment d’ailleurs eût-on pu ne point l’aimer ? […] Ce que j’aime c’est cette attitude de savant en face du règne mystique.

950. (1911) Études pp. 9-261

Mais il n’est là que pour les aimer. […] Tout de suite il l’aime, il la désire. […] Pouvais-je aimer vraiment Isabelle ? […] C’est là ce que j’aime en lui. […] Comme j’aimais son intelligence entièrement déroulée, j’aime encore en Gide cette immensité secrète du cœur.

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