Sa science ne l’éloigne ni du monde ni des affaires. […] La religion en somme était pour elle affaire de haute culture et d’active spontanéité. […] Au début de 1535, après l’affaire des placards, Marot est mis sur la liste des 73 suspects ajournés à comparaître ; de la Touraine où il est, il fuit en Navarre, de là à Ferrare, près de la duchesse Renée de France, enfin à Venise.
Plus heureux encore que l’auteur des Maximes, qui n’avait eu affaire qu’à de grandes passions et à de grands vices, La Bruyère avait surtout affaire aux travers qui sont ou le commencement ou la fin des vices ; et, le plaisir du ridicule tempérant chez lui l’indignation du mal, il devait être plus modéré et plus agréable, en même temps qu’il était plus varié. […] Au lieu de nous accabler, comme Pascal, et de nous désarmer au moment du combat, il excite notre activité ; il nous fortifie par cet art de montrer à la fois à qui nous avons affaire, et qu’il y a presque toujours pire que nous.
L’antinomie économique Après avoir étudié l’antinomie en psychologie, en esthétique et en pédagogie, où nous avions affaire à des idées et à des sentiments, étudions-la en économie où nous aurons à considérer plutôt des besoins et des intérêts. […] « Les savants, les fonctionnaires, les intellectuels de toute sorte s’ils sont les représentants de la culture moderne, se trouvent en revanche, par suite du mécanisme de la vie contemporaine, presque privés de tout contact avec la sphère d’activité des politiciens et des hommes d’affaires. […] C’est l’individualisme du sauvage qui abat l’arbre pour avoir ses fruits ; c’est l’individualisme anarchiste du système de la « prise au tas » ; c’est, dans notre anarchie économique bourgeoise, l’individualisme de l’escroc, du vendeur à faux poids, du lanceur d’affaires véreuses, de tous ceux enfin qui cherchent, par n’importe quels moyens, à se tailler la part du lion ou du renard dans la richesse produite.
j’aurais déjà fait plus d’une banqueroute. » Et le trait final va servir comme de transition à la prochaine comédie de Lesage, lorsque Oronte dit aux deux valets : « Vous avez de l’esprit, mais il en faut faire un meilleur usage, et, pour vous rendre honnêtes gens, je veux vous mettre tous deux dans les affaires. » Lesage eut son à-propos heureux ; il devina et devança de peu le moment où, à la mort de Louis XIV, allait se faire l’orgie des parvenus et des traitants. […] On comptait que la lecture se ferait avant le dîner ; quelques affaires le retinrent, et il arriva tard. […] Quand il est passé à la Cour, et qu’il se voit secrétaire et favori du duc de Lerme, on croit un moment que Gil Blas va s’élever et devenir honnête homme à certains égards ; mais non, il a affaire à des dangers d’une autre sorte, et il y succombe.
On pourrait se demander peut-être à quelle lanterne on a affaire avec Camille : ne serait-ce pas à la simple lanterne de Sosie ou de Diogène, à celle dont lui-même, à la fin de sa Réclamation en faveur du marquis de Saint-Huruge (1789), il a dit : Pour moi, messieurs, rien ne pourra m’empêcher de vous suivre avec ma lanterne et d’éclairer tous vos pas. […] J’étais bien convaincu de la trahison et des méfaits de ces deux coquins : mais le menuisier mettait trop de précipitation dans l’affaire. […] Marat est beaucoup mieux traité en apparence dans le Vieux Cordelier ; mais on comprend pourquoi, et ce n’est qu’affaire de précaution oratoire et de tactique.
Aussitôt que l’aurore de votre grâce commencera à poindre, je commencerai d’agir et de travailler à l’œuvre de mon salut… en me contentant d’avancer et de croître dans votre amour comme l’aurore, doucement et imperceptiblement… Il est naturel de rapprocher ces paroles de celles mêmes que Bossuet écrivait au sujet de Mme de La Vallière, à la veille de son entière conversion : « Il me semble, disait-il, qu’elle avance un peu ses affaires à sa manière, doucement et lentement. » Ainsi sa démarche habituelle, même dans le chemin du salut, était une douce lenteur, et comme un air de molle nonchalance, jusqu’à ce que l’amour lui eût donné les ailes qui enlèvent. […] On ne trouve pas, dans les lettres de Mme de La Vallière, un seul mot qui ne soit naturel, humble et doux, d’une reconnaissance vive pour ceux qui lui veulent du bien, d’une parfaite indulgence pour les autres : « Mes affaires n’avancent point, écrit-elle (11 janvier 1671), et je ne trouve nul secours dans les personnes dont j’en pouvais attendre : il faut que j’aie la mortification d’importuner le maître, et vous savez ce que c’est pour moi… » Et ailleurs : « Quitter la Cour pour le cloître, ce n’est point là ce qui me coûte ; mais parler au roi, oh ! […] Bossuet suivait cette alternative de retards et de progrès avec une sollicitude paternelle : « Il me semble, disait-il de l’humble convertie, que, sans qu’elle fasse aucun mouvement, ses affaires avancent.
Mademoiselle n’y verra d’abord qu’un sujet de curiosité et de divertissement : « Toutes les nouveautés me réjouissaient… De quelque importance que pût être une affaire, pourvu qu’elle pût servir à mon divertissement, je ne songeais qu’à cela tout le soir. » Telle Mademoiselle était à dix ans, telle à vingt, telle à trente, telle elle sera toute sa vie, jusqu’à ce qu’une passion tardive lui eût appris à souffrir. […] » Quand elle alla trouver ce lâche père pour savoir s’il avait ordre en effet de quitter le Luxembourg, et ce qu’elle avait à faire elle-même, il lui dit qu’il ne se mêlait point de ce qui la regardait, et il désavoua tout ce qu’elle avait fait en son nom : Ne croyez-vous pas, Mademoiselle, reprit-il avec cette ironie méprisante et couarde qui lui était familière, que l’affaire de Saint-Antoine ne vous ait pas nui à la Cour ? […] Pourtant, par des raisons qui sont demeurées obscures, mais qui tenaient à cette grande affaire, il fut arrêté environ un an après (25 novembre 1671), et enfermé au château de Pignerol.
Dans ses Mémoires, où l’homme d’esprit, l’homme de tenue et de bon ton a recouvert les fautes du personnage politique, il est convenu lui-même de quelques-uns de ces torts : « La Fayette, dit-il, eut des torts avec Mirabeau, dont l’immoralité le choquait ; quelque plaisir qu’il trouvât à sa conversation, et malgré beaucoup d’admiration pour de sublimes talents, il ne pouvait s’empêcher de lui témoigner une mésestime qui le blessait. » Il est bon que ceux qui mettent la main aux affaires publiques et aux choses qui concernent le salut des peuples le sachent bien, les hommes en face de qui ils se rencontrent, et qui souvent sont le plus faits pour être pris en considération, ne sont pas précisément des vierges, et il n’est pas de plus grande étroitesse d’esprit que de l’être soi-même à leur égard plus qu’il ne convient. […] Comment croirait-on, si on n’en avait pas sous les yeux les preuves, que les jours même où il semblait le plus ardent et le plus provocateur à l’Assemblée, soit sur l’affaire du pavillon tricolore à arborer sur la flotte, soit sur le pillage de l’hôtel de Castries par le peuple, soit sur d’autres questions brûlantes, ces jours-là même, la veille ou le lendemain, il écrivait pour la Cour des conseils sages, mesurés, tout politiques ? […] Accoutumez-vous donc à les voir ce qu’ils sont. » Et le même M. de La Marck écrivait au comte de Mercy-Argenteau : « Le roi est sans la moindre énergie : M. de Montmorin me disait l’autre jour tristement que, lorsqu’il lui parlait de ses affaires et de sa position, il semblait qu’on lui parlât de choses relatives à l’empereur de la Chine. » Mirabeau ne vit la reine qu’une seule fois à Saint-Cloud, le 3 juillet 1790.
Et en effet, qu’on veuille y réfléchir un peu, à part l’honnête Thomas, avec qui elle fit connaissance tout d’abord, et qui répondait aux parties sérieuses et un peu solennelles de son âme ; à part Marmontel encore, qui eut le mérite de la bien sentir, et plus tard Buffon, qui sut apprécier son hommage et qui lui rendait la pareille en admiration30, quels étaient les gens de lettres à qui elle avait affaire, et qu’elle avait à cœur de traiter habituellement et de grouper autour d’elle ? […] Quand on ouvre les Mélanges de Mme Necker au sortir d’un ouvrage du xviie siècle, il semble qu’on entre dans un monde tout nouveau, et qu’on n’ait plus affaire à la même langue. […] Necker, dans les intervalles de ses graves affaires, s’égayait de ces saillies de sa fille, et se plaisait à les exciter.