/ 1962
1912. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Ces premiers signes se compliqueront, deviendront moins grossiers ; ce progrès est affaire de temps. […] La vie qu’il recommandait était sévère et assez élevée, mais égoïste dans ses principes comme dans ses conséquences : l’épicurien devait se désintéresser de la société des autres hommes, fuir les affaires publiques ainsi que les charges de la famille ou de l’amitié.

1913. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Au milieu de ses travaux d’historien, des plus grandes affaires publiques et des soucis privés, tout à coup, et parfois sous un choc très léger, remontait de son coeur la source de poésie. […] Les vraies « Feuilles d’automne », ce sont les Recueillements : le soleil de l’avenir humain y brille, pour le poète, à travers les feuillages jaunis de son automne, au bout des sentiers jonchés de ses illusions et de ses deuils… L’éternelle mélancolie et l’éternel espoir… Mais pourquoi un critique impérieux et inventif, dialecticien de la même façon que d’autres sont poètes, et qui produit des théories comme un rosier porte des roses, a-t-il dit  et même démontré  que la poésie romantique et la poésie personnelle, c’est tout un ; que ce qui distingue, en gros, les romantiques des parnassiens, c’est que les premiers, monstres de vanité, se jugeaient si intéressants et si particuliers qu’ils ne nous parlaient que d’eux-mêmes et de leurs petites affaires, au lieu que les seconds se sont appliqués à peindre ce qui leur était extérieur, et qu’ainsi « l’évolution de la poésie lyrique » en ce siècle, c’est, en somme, le passage de la poésie subjective à la poésie objective   Je crois pourtant n’avoir presque jamais rencontré, ni dans Chateaubriand, ni dans Lamartine, Hugo ou Vigny, ni même dans Musset, rien de personnel qui ne soit en même temps général ; et je le pourrais prouver très facilement, si c’était ici le lieu.

1914. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Toutes les fois qu’il s’agit de faits qui ont pu ou qui auraient pu être observés, c’est affaire au savant de travailler à les découvrir. […] Grâce à cette délimitation arbitraire, on a affaire à un objet qui comporte sensiblement la détermination mathématique.

1915. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Si de bonne heure il se fût mêlé aux intrigues amoureuses, il aurait lu au fond des cœurs, il aurait deviné le rôle que joue la vanité dans ces sortes d’affaires, il aurait vu comme les cœurs les plus passionnés en apparence cherchent dans le changement une preuve de leur puissance ; il saurait que l’oisiveté ingénieuse à mal faire n’est possible qu’aux esprits ignorants ; que les devoirs mal compris sont des chaînes pesantes, mais faciles à briser ; en un mot, il craindrait d’épouser une femme innocente : mais toutes ces vérités vulgaires sont pour lui lettres closes. […] Marivaux, dédaignant avec raison les bals de bouts de chandelle et le ministère en corset qui trônait à Versailles, a peint avec une souplesse merveilleuse toutes les galanteries sans cœur auxquelles il assistait ; il a très bien montré comment l’amour pouvait occuper sans passionner, comment la stratégie de boudoir pouvait devenir une affaire sérieuse et savante sans entamer la liberté des amants. […] Et quel rôle croyez-vous que joue le roi dans cette affaire ? […] D’Olivier-le-Dainf, qui, dieu merci, se mêlait d’intrigues et d’affaires, et qui, dans le Louis XI de M. 

1916. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

II Le roman, quoique son nom soit barbare et emprunté au langage vulgaire qui le distingue du poëme, a, comme toute forme littéraire, ses racines dans la pure antiquité ; néanmoins, j’aurais défiance d’une généalogie, si savante qu’elle pût être, partant de Daphnis et Chloë pour aboutir à L’Affaire Clémenceau. […] L’écrin valait presque les diamants qu’il contenait, et avertissait qu’on avait affaire à des choses précieuses. […] À côté du demi-monde féminin, il y a aussi un monde interlope de la politique et des affaires, une société véreuse et condamnée à se guinder sur l’insolence pour se tenir au-dessus du mépris : « les effrontés », ainsi les appelle l’auteur de La Ciguë, aventuriers que la justice a parfois touchés en les flétrissant et qu’elle retrouve un jour maîtres du crédit ou de la parole publique.

1917. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

parce que le poète a eu bien soin de ne nous intéresser à aucun des personnages de sa comédie, et que dans le monde purement idéal où ils sont placés, nous savons qu’ils ne manqueront jamais d’expédients pour se tirer d’affaire.

1918. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

XXV Bien que je fusse jeune au moment où Charles X s’écroulait, et bien que l’ardeur de mon sang fît fermenter puissamment en moi l’ambition patriotique de prendre une part platonique aux affaires de mon pays, je ne consultai pas cette ambition, très excusable à mon âge ; je consultai l’honneur, c’est-à-dire cette délicatesse de sentiment, peut-être plus chevaleresque que civique, qui semblait commander à un royaliste de naissance de tomber avec son roi qui tombe, de porter le deuil de sa cause vaincue, et de ne pas passer avec la fortune du camp du vaincu au camp du vainqueur.

1919. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Lundi 24 avril Dès huit heures du matin, je suis dans le bateau, pour aller prendre la description du pastel de La Tour, représentant la danseuse Sallé, et provenant de la récente vente de Mlle Denain, puis des courses d’affaires, arriérées par ma dernière maladie, puis des visites aux marchands de bibelots, et après un déjeuner composé d’une pauvre tasse de thé, jusqu’à quatre heures, à la bibliothèque de l’Opéra, à travailler à la Camargo.

1920. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

. — Mais que m’importe, dira-t-on, l’homme intérieur, si je n’ai affaire qu’à l’homme extérieur ?

/ 1962