Plus d’un lecteur hésitera sans doute à admettre la rigoureuse vérité ; et moi-même qui viens éclairer sur de tels résultats, moi-même je recule devant l’incroyable entraînement de mes propres méditations.
Ils ont cru légitime la prétention de la femme en matière d’égalité cérébrale avec l’homme ; et, si philosophiquement, ils ont reculé devant la thèse elle-même et l’absolu des termes sur lesquels elle s’appuie, la plupart, dans la pratique, ont parlé comme s’ils l’admettaient, même ceux qui devaient s’y connaître, les brasseurs de choses intellectuelles, les gens qui, par métier, font observation d’esprit humain.
Admettez un moment que Laure eût aimé Pétrarque, — et qui sait si elle ne l’aima pas ?
… L’auteur de la biographie de Léon XIII, de celui-là que les Romains appellent le Cunctator, est trop chrétien, lui, pour admettre la mort, même historique, de l’Église, dans l’écroulement de ces misérables monarchies qui n’ont plus ni rois ni peuples, et il n’hésite pas devant l’hypothèse de la Papauté acceptant, en ces derniers temps, la fatalité des républiques.
Mais cela pouvait s’admettre encore, cela pouvait naturellement s’expliquer.
Ces têtes romaines, organisées pour la politique, comme les têtes grecques l’étaient pour l’art, admettaient que le droit du magistrat fût absolu ; et il l’était à tous les degrés de la magistrature, pour le censeur comme pour le tribun, pour le préteur comme pour le consul.
Boissier l’a reportée amoureusement sur cette société monstrueuse de débordements et d’infection, et, quand il s’agit d’elle, il croit à Pline et ne croit pas à Juvénal, et sans raison pourtant pour admettre l’un et repousser l’autre, puisqu’il pense (nous dit-il) que l’homme ne voit les choses qu’à travers ses passions et son humeur.
Il a raffiné sur ce qui n’admet pas de raffinement, c’est-à-dire sur la vérité du catholicisme qui est la vérité absolue, et il a été dans l’ordre des choses religieuses ce que furent les Précieuses dans l’ordre des choses littéraires.
Nous avons tant de pente à croire un prêtre, à admettre que nous nous trompons quand il affirme le contraire de notre pensée, qu’il faut nous y reprendre à deux fois lorsqu’il s’agit de repousser les preuves qu’il nous donne dans son histoire à l’appui de son opinion.